1858, sud des États-Unis. Le Dr King Schultz, ancien dentiste devenu chasseur de primes, fait l’acquisition de Django, un esclave à qui il propose un marché : l’aider à capturer les frères Brittle en échange de sa liberté. Tandis que les deux hommes entament leur traque, Django ne perd pas pour autant de vue sa principale préoccupation. Dès qu’il sera libre, il partira à la recherche de sa femme, vendue comme esclave à un riche propriétaire terrien du Mississippi.
Quand j’ai vu ce titre dans le planning de sorties d’Urban comics, j’ai d’abord redouté d’avoir à faire à une pauvre adaptation en bd d’un auteur majeur du cinéma américain. J’ai vite été rassuré en voyant le nom de Tarantino sur la couverture, non pas comme faire valoir, mais comme auteur.
Autant le dire tout de suite, Quentin Tarantino est pour moi un des plus grand, sinon le plus grand réalisateur américain.
Grand amateur de comics et de cinéma populaire, il a absorbé tout ce qu’il a lu et vu dans sa jeunesse pour le resservir à sa sauce dans ses réalisations, créant cet univers complètement barré qui lui est si particulier.
Cet album donc, n’est pas une adaptation, mais plutôt l’aboutissement du script intégral écrit pour le film. Ici, pas de scènes coupées au montage, tout ce qu’a imaginé l’auteur y figure. Comme il le dit dans la préface « … si mes scripts n’étaient pas coupés, mes films dureraient 4 heures !« . Django Unchained dure déjà 2h45, ce qui est largement au dessus de la moyenne.
Pour ceux qui ont vu le film, vous retrouverez donc exactement la même ambiance, les mêmes scènes et quasiment les mêmes dialogues. Seule la fin diffère un peu non pas dans l’esprit (le côté vengeance et massacre est bien là) mais plutôt dans le style.
A moins de bien connaître le film, les scènes qui ont été coupées ne sont pas toujours facilement détectables, ce qui montre à mon sens la qualité scénaristique de l’œuvre. A la lecture, aucune séquence ne parait superflue et l’on se régale de bout en bout du souffle épique de ce western violent non dénué d’humour.
La différence avec le film vient évidemment du dessin. Si le cadrage et la construction des images sont identiques en BD et en film parce qu’ils découlent d’un story board dessiné, le dessin apportera une nouvelle dimension à l’œuvre.
Il est confié ici à plusieurs auteurs comme c’est souvent le cas en comics. RM Guera (scalped), Jason LaTour (scalped, Wolverine), Denys Cowan (scalped, Wolverine) et Danijel Zezelj (scalped, DMZ …) ont la lourde tâche de faire vivre sur le papier des personnages que la plupart des lecteurs auront vu bouger et entendu parler dans le film.
Difficile en effet de dissocier les personnages des acteurs qui les ont incarnés, tant ces derniers l’ont bien fait. Sans jamais tomber dans la caricature ni dans le portrait photographique, chacun réussit dans son style à évoquer clairement les acteurs qui ont interprété les rôles, ce qui évite de se perdre en comparaisons inutiles du genre ‘ah oui, mais dans le film il est pas comme ça …’ et de rester dans la fluidité de la lecture.
Les différences de style entre les auteurs ne m’ont pas gênées, mais il est possible que cela en perturbe certains. J’ai particulièrement apprécié les planches de Zezelj et Cowan, plus épurées que celles de Guéra et Latour. S’il n’y a pas d’unité graphique, le tout reste cependant parfaitement cohérent.
L’ensemble est vraiment réussi, a tel point que j’ai eu l’impression de revoir le film…
Un Comics que je recommande aussi bien aux amoureux de Tarantino qu’aux fans de western qui y trouveront tous les bons ingrédients du genre, et même plus.
Ma note : 8,5/10
Loubrun
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