ABADDON

Abaddon Tome 1
Scénario : Shadmi, Koren
Dessin : Shadmi, Koren
Couleurs : Shadmi, Koren
Dépôt légal : 04/2013
Editeur : Ici Même Editions
Planches : 124

Un jeune homme, Ter de son prénom, cherche une chambre à louer et visite un appartement déjà habité par quatre colocataires. Mais, une fois entré dans ce lieu, il se retrouve dans l’incapacité d’en sortir : les fenêtres débouchent sur des murs, et la porte d’entrée – sans serrure – est comme scellée, infranchissable. Ter est piégé. Comment sortir quand toute tentative de fuite tourne en boucle, reviens au point de départ avec la complicité des autres ?

Le nom Abaddon provient du mot hébreu אבדון, signifiant « destruction » ou « abîme ». Le nom grec correspondant est Apollyon (le destructeur). Ce nom est utilisé comme nom propre pour désigner l’ange exterminateur de l’abîme dans l’Apocalypse de saint Jean : « À leur tête, comme roi, elles ont l’Ange de l’Abîme ; il s’appelle en hébreu « Abaddôn », et en grec « Appolyôn ». »

 

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A la base Abaddon est une BD créée pour le web et publiée pour la première fois en France (mais pas aux States !?). Premiers abord, la couverture : avec un format à l’italienne, elle est splendide, sobre. Un mur percé de fenêtres identiques. Elle donne le ton avec une sensation paradoxale de chaud et froid, d’anonymisation de l’individu. L’ouverture (fermeture) de la porte sur le héros est le préambule (mais aussi le fil directeur) de l’histoire. Koren Shadmi, illustrateur new-yorkais d’origine israélienne, ne donne aucune piste, pas d’indice au lecteur pour comprendre la situation. Il plonge son héros dans une ambiance kafkaïenne des plus glauques et par la même, toi lecteur, dans un abime de questions.

Ainsi, si les colocataires sont tous aussi barrés les uns que les autres, Ter n’est pas en reste car hanté par des souvenirs violents. C’est surtout leur acceptation de l’enfermement qui dérange. Personne ne cherche à fuir. L’appartement est un huis-clos « normal » sans repère (pas d’horloge, lumières allumées perpétuellement, les sculptures fondantes…). Les seules limites sont celles de l’appartement et celle des tentatives d’évasions de Ter qui tournent …en boucle !

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Cette intemporalité est frappante. L’oppression est renforcée par les notes désabusées de Ter jalonnant (tiens un repère !) la lecture : Exemple Note 1 : « J’ai décidé de commencer un journal. C’est le seul moyen de pouvoir à peu près mesurer le temps qui passe, vu qu’il n’y a pas d’horloges dans l’appartement, et aucun moyen de distinguer le jour de la nuit. »
Le délitement du réel et de l’espace est (encore) accentué par l’aspect « vivant » de l’appartement. Une matière visqueuse s’échappe des murs ou  des bruits terrifiants envahissent les pièces !

Les dessins sont blêmes à la limite du crayonné avec une association de couleur chaude (rouge) et de couleur froide (vert). C’est une vrai bonne idée : ce vert fantomatique renforce l’aspect irréel et le côté impalpable de l’histoire et le rouge (la vie ?) donne une sensation d’espoir dans cet univers dément.

 

Abaddon, Shadmi Koren, ici meme, enfermement, perte de repere, boucle temporellePour tout dire, Karen Shadmi « entretient la tension de ce perturbant thriller immobile, par la seule accumulation des questions non résolues ». Cette BD atypique est une performance graphique et scénaristique. L’absence de temps nous poursuit jusqu’à la…non fin ….avec un tome 2 prévu pour fin 2013 en format papier mais présent ici : http://abaddoncomic.com/
Un must-have pour les uns mais très loin des canons de la franco-belge ou des comics pour les autres!

Note : 9/10

Tigrevolant

Un commentaire sur “ABADDON

  1. Un huis clos qui m’a l’air bien oppressant, quand même. j’ai plutôt besoin de grands espaces en ce moment.

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