Scénario : Laurent-Frédéric Bollée
Dessin et couleurs : Christian Rossi
Editeur : Glénat
date de sortie : septembre 2013
82 pages
genre : western dramatique
La petite bourgade tranquille de Hartsville voit sa quiétude troublée en ce jour de décembre 1901. John C. Lester, ancien officier de l’armée sudiste et co-fondateur du Ku Klux Klan se fait assassiner par un homme arrivé le matin même. C’est Louis Paugham l’assassin.
Petit flash-back de 48 ans. Louis n’est encore qu’un gamin lorsque ses parents se font massacrer sur une route de Louisiane par des esclaves en fuite. Il est recueilli par Philip Paugham, imprimeur de son état et militant abolitionniste actif. Philip éduquera Louis dans le respect des différences, dans la tolérance, et lui enseignera les valeurs abolitionnistes. Pas facile, quand on a vu ses parents se faire massacrer par des Noirs ! Il grandira tiraillé entre la soif de vengeance et les idées abolitionnistes inculquées par son père adoptif. Jusqu’à ce que le destin le fasse basculer dans le bon camp. Il a alors 17 ans et se retrouve enrôlé dans l’armée des confédérés, affecté dans une gigantesque prison à ciel ouvert. Pour son baptême du feu, il fait partie d’un détachement chargé de transférer quelques prisonniers. Son rôle : tirer sur quiconque franchira cette ligne tracée au sol, la deadline. Il est alors fortement impressionné et troublé par un prisonnier Noir qui tient fièrement tête aux soldats. Les sentiments qu’il éprouve à son encontre changeront radicalement sa vie.
Laurent Frédéric Bollée signe là un western étonnant et captivant. Sans en renouveler tout à fait le genre, il nous emmène dans un récit intimiste, violent et tendre à la fois. Dans cette Amérique déchirée par la guerre civile, il aborde avec subtilité et sans prosélytisme les thèmes du rejet de l’autre dans une époque où il ne faisait pas bon être différent. Les personnages sont admirablement bien campés et criant de vérité. Sentiments opposés dont la frontière est ici bien ténue – comme la deadline – l’amour et la haine animent tour à tour 40 années de la vie de Louis Paugham.
Ce scénario nous prend littéralement aux tripes ! Le fond historique tout à fait véridique (John C. Lester est vraiment mort à Hartsville en décembre 1901) donne un caractère authentique à cette histoire. La narration parsemée de sauts dans le temps habilement dosés, permet de parcourir quasiment 50 années sans jamais être perdu dans le fil de l’histoire et sans jamais s’ennuyer.
Il faut dire que ce récit, en plus d’être bien écrit, est magistralement illustré. Dès la première planche, on en prend plein les yeux ! Contrastant entre ombres et lumières, toutes les pages sont flamboyantes et restituent à merveille les ambiances du scénario. Christian Rossi atteint ici des sommets et sa mise en couleurs directe est une vraie réussite. Que les scènes se déroulent de nuit, de jour, dans les sous-bois, en plaine ou en ville, qu’elles soient rythmées ou posées, les tons sont toujours justes et appropriés. Du grand art !
Deadline est un western intimiste somptueux !
Ma note : 9/10 – coup de cœur
Loubrun
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