

TOME 1 AU REVOIR PHNOM PENH
TOME 2 NE VOUS INQUIETEZ PAS
Scénario, couleurs, dessin : Tian
Dépôt légal : 04/2011 (T1) et 06/2013 (T2)
Editeur : Gallimard
Collection : Bayou
Planches : 118
En Avril 1975, les troupes Khmers Rouges prennent Phnom Penh. Sous prétexte d’un risque de bombardement Américain, tous les habitants des villes sont évacués « de façon provisoire », chassés de leurs maisons et jetés sur les routes. Un monde s’écroule. Khim, jeune médecin, doute « du bonheur, de l’égalité, de la justice, de la démocratie sans riche, ni pauvre, sans classe exploitante » annoncé. Entre les nouveaux dictats de vie communiste et la peur omniprésente, il va falloir survivre dans ce nouveau monde…
Selon Wikipédia, « les Khmers rouges ont pris le pouvoir au terme de plusieurs années de guerre civile, établissant le régime politique connu sous le nom de Kampuchéa démocratique. Entre 1975 et 1979, période durant laquelle ils dirigèrent le Cambodge, leur organisation a mis en place une dictature d’une extrême violence chargée, dans un cadre autarcique, de créer une société communiste sans classes, purgée de l’influence capitaliste et coloniale occidentale ainsi que de la religion. »

L’auteur raconte le vécu de ses parents et ses grands-parents avec une grande simplicité. Il décompose la tragédie cambodgienne. Non pas du côté des grands faits historiques mais bien du côté du quotidien des gens ordinaires. L’histoire fourmille de détails sur les faits et gestes pour survivre. Car tout manque et la débrouille et l’entraide sont les maitres mots. Par-dessus tout la peur plane sur tout à chacun. Le système vire paranoïaque et chacun se méfie de son prochain. L’endoctrinement des enfants fait partie du programme de « rééducation », les couples sont séparés, les intellectuels pourchassés et abattu comme des chiens. La tension est palpable dans chaque case.

On lira avec beaucoup de plaisir la préface de Rithy Panh, cinéaste connu pour le film documentaire S21. Il donne le ton de la bande dessinée sur la machine de mort khmère rouge. Il parle de « succession de petits miracles » qui ont permis de fuir, de survivre, de recevoir l’hospitalité malgré le danger. C’est ce que se propose de raconter Tian.

Sur un sujet aussi grave, le lecteur s’attend à un trait dur et des couleurs agressives. Mais Tian opte pour un trait naïf et un style semi réaliste. Il utilise des couleurs pastel délavées contrastant sans doute volontairement avec la dureté du thème abordé. La lecture ne s’en trouve que facilitée, même s’il est parfois difficile de faire le distinguo entre les différents personnages.
Ces deux premiers tomes d’une trilogie plongent le lecteur dans le drame de 1975 où 1,7 millions de personnes (20% de la population) vont mourir au nom d’une idéologie totalement irréaliste. La folie des hommes n’a pas fini de nous attrister ! L’année du lièvre poursuit avec efficacité son travail pédagogique de mémoire.
Note : 8.5 / 10
Tigrevolant
Quelques références :
– Le génocide au Cambodge (1975-1979). Race, idéologie et pouvoir [1998], trad. de l’anglais par Marie-France de Paloméra, 736 pages, Collection NRF Essais, Gallimard de Ben Kiernan
– http://lanneedulievre.blogspot.fr/
– Film « la déchirure » de Roland Joffé inspiré de la véritable histoire de Sydney Schanberg (Prix Pulitzer en 1976)
– Film « apocalypse now » de Francis Ford Coppola, adaptation libre du roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres (Heart of Darkness).
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