
Scénario et dessin : Min-ho Choi
éditeur : Editions Akata
date de sortie : 27 mars 2014
208 pages
manwha (sens de lecture occidental)
genre : autobiographie, société, écologie
Résumé (éditeur)
Cela fait maintenant plusieurs mois que Min-ho CHOI a déménagé en banlieue de Séoul. Au fil des mois, grâce aux bons conseils de ses voisins, il a appris à s’occuper de ses légumes, à les observer grandir, avec amour… Et puisqu’on parle d’amour ! C’est avec joie et impatience qu’il attend la naissance de son fils. Pour lui, voilà d’ailleurs une raison de plus pour cultiver des légumes sains et de qualité. Peu à peu, son enthousiasme fait des émules, et tandis que notre héros revendique l’importance de préserver les semences locales et la biodiversité, c’est tout son quartier qui commence à bouger… Et si la solution au marasme général se trouvait dans la solidarité locale ?

Deux mois seulement après la sortie du tome 1, voici le second volet de cette mini saga potagère. On y retrouve toute la candeur du premier opus agrémentée de bons conseils pour jardiniers en herbe et de superbes planches de fleurs et plantes diverses.
Grâce aux conseils avisés de ses voisins et à des coup de main providentiels, le jardinier novice a réussi son coup. C’est non sans fierté qu’il offre à son entourage le fruit de sa production. Tous ceux qui cultivent un bout de potager se retrouveront dans ce geste altruiste, mêlé d’une petite pointe d’orgueil à avoir fait pousser soi-même des légumes meilleurs que ceux du supermarché. Et sans produits chimiques en plus !
La culture potagère prend une autre dimension, l’abondance des récoltes invitant naturellement au partage. S’instaure alors une micro économie solidaire basée sur le troc et l’échange de services. Voilà qui renforce la fraicheur du propos en mettant un bon coup de pied à l’individualisme grandissant dans nos sociétés.
Préserver les ressources et la terre en cultivant bio, c’est bien joli, mais ça demande beaucoup de travail et d’efforts. Un potager bio ne supporte pas l’abandon et demande une surveillance de tous les instants. Heureusement, mère nature met tout à disposition pour assister le jardinier : des insectes, des plantes, tout peut servir à combattre les ravageurs qu’ils soient à pattes ou à racines. Saviez-vous par exemple que les coccinelles à 28 ou 10 points sont des nuisibles, alors que celles à 7 ou 2 points sont bénéfiques ? Saviez-vous que l’on peut fabriquer des insecticides avec des plantes ? Min Ho Choi nous fait part d’un tas d’autres astuces qui à coup sûr, raviront les jardiniers amateurs.

Toutefois, Moi, jardinier citadin, ne se contente pas de donner des trucs et astuces sur le jardinage de manière candide et amusante. Min Ho Choi se sert de son expérience pour diffuser un message en alertant le public sur la dégradation de la biodiversité. Dans l’histoire, il découvre à un moment qu’aucune des graines qu’il a fait pousser ne viennent de son pays, et qu’il est vain de semer les graines issues de sa production, car elles ne donneront rien.
Aujourd’hui, 5 compagnies contrôlent 75% des semences potagères au niveau mondial, et il est impossible de récupérer les graines de sa propre production pour les utiliser l’année suivante. En effet, quasiment toutes les semences sont le fruit d’hybridations, c’est à dire de croisement de variétés depuis des décennies, pour obtenir des variétés plus résistantes. Le revers de la médaille, c’est que les plantes produisent des graines quasiment stériles. Ceci oblige bien évidement les cultivateurs à racheter des semences tous les ans, devenant ainsi dépendant des semenciers.
Les semenciers cherchent donc à faire des variétés hybrides de chaque espèces. Quand ils parviennent à mettre au point une variété hybride, ils abandonnent les recherches visant à améliorer les variétés non hybrides correspondantes, les excluant d’office du catalogue officiel pour cause de non conformité. De fait, les hybrides deviennent alors « naturellement » plus performantes et résistantes …
C’est ainsi que son menacées des variétés anciennes, ou des variétés naturelles, qui ne répondent pas aux critères du catalogue des semences.

L’industrialisation de l’agriculture permet de meilleurs rendement, mais tue la biodiversité. Or, au même titre que dans le règne animal, la biodiversité dans le règne végétal est absolument vitale. On s’inquiète à juste titre de la disparition de certaines espèces animales, mais qu’en est-il de la disparition d’espèces végétales et en particulier de graines et semences millénaires ? Qui s’en inquiète ?
Le livre se termine par un dossier très intéressant sur le sujet, où Eva Wissenz, membre des « journalistes pour la nature et l’environnement », nous révèle ce qui se trame avec le brevetage du vivant et la main mise d’une poignée de multinationales, parfois plus puissantes que des États, sur ce qui constitue la base de notre alimentation : les graines.
Si ce dernier document fout un peu le bourdon, il a le mérite de nous ouvrir les yeux sur les ravages d’un capitalisme ultra libéral sans scrupules, dont les armes de destructions massive que sont des entreprises comme Monsanto n’ont qu’un but : faire toujours plus de profit en asservissant les gens, tout en leur faisant croire que ce sont des bienfaiteurs de l’humanité.
Moi, jardinier citadin, une belle BD verte, où l’écologie du bon sens prend le pas sur l’écologie dogmatique.
Ma note : 8/10
Loubrun
voir la chronique du tome 1

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