Dessin et couleurs : Didier Cassegrain
Editeur : Ankama
Collection : Les univers de Stefan Wul
date de sortie : janvier 2013
46 planches
genre : Science Fiction
Résumé (Editeur)
La jungle luxuriante et menaçante de la planète Zarkass réserve bien des surprises aux deux agents spéciaux que l’ambassadeur de la colonie terrienne de New Pondichery a
contraint à collaborer pour une mission ultra-secrète : Louis, dite “Loulou” et Marcel dite “casse-burnes”. Leur couverture officielle ? Etudier la faune, la flore et les singulières et extravagantes coutumes du peuple autochtone zarkassien. Escortées d’un groupe d’indigènes, nos deux vaillantes exploratrices vont pénétrer dans une zone interdite, afin d’examiner de près l’épave mystérieuse d’un vaisseau alien qui semble fortement préoccuper les instances dirigeantes… Mais les deux jeunes femmes ne tardent pas à soupçonner que chacune d’elle a dissimulé à l’autre les véritables motifs de sa présence sur Zarkass et cache d’autres raisons de se trouver là, bien plus personnelles…
Piège sur Zarkass est la troisième adaptation très libre des univers de Stefan Wul. En effet, Yann a inventé une histoire en préambule à ce récit. Il imagine que les terriens sont passés sous domination féminine et qu’à présent la vie sur la planète bleue y est beaucoup plus douce que du temps de la domination masculine.
Cette nouvelle population terrienne rebaptisée Gaïa veut apporter ses bienfaits sur la planète Zarkass, colonie peuplée d’autochtones assez primitifs.
Les agents en charge de la mission sont donc des femmes et non des hommes comme dans le roman. Si la trame principale du roman est respectée (la recherche de mystérieux engins aliens s’échouant sur la planète), je ne vois pas trop l’intérêt d’avoir changé les personnages créés par Wul, d’autant que toute la faune et la flore y sont plutôt bien restitués.
Mais là n’est pas le défaut principal de cet album. La narration est d’un ennui mortel. A aucun moment je n’ai pu entrer dans l’histoire et m’attacher à un personnage. On assiste dans la première partie à une succession de petits faits et mésaventures sans grand intérêt où le duo mal assorti se livre à des joutes verbales qui auraient leur place dans la cour de récré d’un collège, pour arriver à 10 pages de la fin sur un brin d’explication à propos des deux agents et de leur mission. Ce passage tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et l’utilisation du flashback parait superflue tant on avait perdu espoir de trouver un intérêt à cette lecture. Une présentation plus classique des personnages en début d’album aurait mieux fonctionné.
Autre point noir et pas des moindres : les dialogues. Vouloir moderniser les dialogues d’une œuvre écrite dans les années 50 peut sembler légitime, mais parfois, à trop en faire on risque de tomber dans la caricature. C’est le cas ici. Le ton complètement décalé est parfois vulgaire et scabreux et ne colle pas du tout avec ce genre d’histoire.
Le choix d’une adaptation décalée s’est fait au détriment des thèmes chers aux univers de Stefan Wul et qui – comme dans quasiment tous les romans d’anticipation – aparaissent toujours en arrière plan, menant à des réflexions sur les civilisations, l’humanité, la colonisation, l’écologie … Là, c’est à peine suggéré, et c’est la pantalonade qui prédomine.
Cassegrain se démène avec crayons et pinceaux pour tenter de relever un peu cette histoire, mais la mission est délicate. Ce dessin me laisse un sentiment mitigé. Sans être repoussant il est difficile de s’y arrêter tant la mise en scène est surchargée, donnant une sensation de « dessin fouilli ». C’est sans doute voulu pour restituer l’épaisseur de la jungle Zarkassienne.
Certains se consolerons avec la dose d’humour distillée à travers quelques jeux de mots. S’ils font de temps en temps sourire (« par le pavé sacré de Bohn-Cendit ») ils n’en rehaussent pas pour autant le propos et ne mettent en tout cas pas en valeur l’œuvre originale.
Les romans de Wul méritent mieux que ça. Après Niourk et Oms en série, cette troisième adaptation est une vraie déception.
Peut-être prendrais-je au pied de la lettre les avertissements des « Zarkhâs-twâpoov-khon », et même après avoir fumé des graines de « Hmokh-Ett », je ne pense pas remettre les pieds sur cette planète … pas envie de croiser les arbres « lutah kanlduh » …
Ma note 5/10
Loubrun
Commentaires récents