
Dessin : & scénario : Jorge Gonzalez
Editions Dupuis
Collection Air libre
Sortie : 18/10/2013
200 pages
Prix conseillé : 24,00 €
ISBN : 9782800159874
Roman graphique, Argentine, tango, société.
Résumé (de l’éditeur): « Bandonéon », c’est, entre autres, le récit de la destinée d’Horacio, enfant prodige au piano, fasciné par les musiciens de tango, devenu ce jeune homme doué, prêt à tout pour devenir l’égal des notables viveurs dont il envie l’aisance. Il ne reculera devant aucune compromission pour arriver, enfin, même si pour cela il lui faudra se renier soi-même et s’en mordre les doigts quand l’illusion se sera dissipée, et que la vie aura filé.
Mon avis : Voilà ce qu’on appelle vraiment un album atypique dans tous les sens du terme. Une expérience graphique sur fond d’un scénario qui traite de l’immigration. Il faut être capable de laisser tomber ses préjugés graphiques et scénaristiques tout en se disant qu’on rentre dans une aventure artistique et intérieure. La collection Aire libre de chez Dupuis ne pouvait pas mieux cadrer cette démarche singulière.
L’album se subdivise en trois parties différentes.
Une première partie, appelée « Bandonéon », nous livre une aventure, une fiction qui raconte la vie d’Horacio, un enfant qui vient d’Italie en 1916. Il traverse l’atlantique pour s’installer en Argentine avec son père. Horacio est doué pour la musique et a tout en main pour réussir une grande carrière internationale mais il ne va pas suivre la voie royale qui est tracée devant lui. On va le voir grandir, devenir un homme. Il va préférer rester en Argentine, se contenter d’être le premier dans son village plutôt que le premier aux Etats-Unis. Il va préférer jouer le Tango près de chez lui plutôt que de devenir un jazzman célèbre aux States. C’est en réalité la chronique d’un échec annoncé. Il ne réussira jamais à décoller de chez lui, même s’il se rend compte qu’il passe à côté d’opportunités bien plus intéressantes.
La deuxième partie intitulée « Juste comme ça ». Il s’agit d’un journal intime dessiné de l’auteur. Il a quitté l’Argentine pour pratiquer son travail de dessinateur en Espagne. Il revient pour une courte période dans son pays pour revoir ses amis et sa famille. La nostalgie, le déracinement, l’amour du tango sont les mêmes qu’avec Horacio. Si ce n’est que Jorge Gonzalez a fait le chemin inverse vers l’Europe pour réussir son rêve. Il explique ses états d’âme mais il y lâche aussi des idées, des essais pour le récit qu’il raconte dans sa première partie. Je cite une phrase extraite de ce journal qui caractérise bien l’état d’esprit : « Sans sortir de ma table à dessin, je connais le monde. La fuite est permanente. La distance qui me sépare de ma table à dessin est la même qu’avec mon Buenos Aires ».
Une troisième partie intitulée « Annexes » donnent des informations.Elles donnent certains détails sur quelques planches particulières écrites en espagnol. Il s’agit d’une traduction pour remettre le lecteur, qui ne connaît pas la langue, sur le bon chemin.
Au niveau du dessin, du graphisme, il faut s’accrocher. Le style est tout à fait particulier. Nous sommes loin, très loin de la ligne claire. Beaucoup de traits superflus. L’auteur esquisse plus qu’il ne dessine réellement. A force de superposer des traits, on voit apparaître les personnages, le décor. Les bulles sont translucides et dépassent parfois sur les cases annexes. Nous sommes loin d’une construction de planche rigide et bien balisée. Les tons sont dans les gris, bruns, les couleurs foncées tendant vers le noir. Ca, c’est pour la première partie.Il en sort beaucoup de nostalgie.
La deuxième partie me fait penser plutôt à un journal intime, quotidien. Le graphisme ressemble plus à des brouillons, à un paquet d’idées lancés sur des pages blanches, reste à faire un tri. Parfois, les dessins sont tellement basiques qu’ils ressemblent à des dessins de petits enfants. Un vrai chantier graphique et pourtant il en ressort une histoire, une unité de récit, une explication sur sa démarche graphique, artistique, à mettre en parallèle avec la première partie.
Le tout donne un ensemble cohérent mais chaque lecteur va devoir se créer un chemin, son chemin, dans cette jungle graphique. Une vraie expérience, un peu déconcertante. Pour résumer le livre, je peux reprendre la description de l’éditeur qui synthétise bien l’album : « L’occasion d’une plongée introspective dans ce que créer, être argentin, aimer le tango, partir et revenir veulent dire ».
Ce livre a obtenu le premier prix international du roman graphique FNAC-SINS ENTIDO. L’auteur propose également une musique du bandonéoniste Marcel Mercadante, une bande originale pour son album, téléchargeable via le web. Il suffit d’aller sur la page consacrée à l’album sur le site de l’éditeur Dupuis (suivre le lien ci-dessous).
Graphisme : 7,5/10
Scénario : 7,5/10
Moyenne : 7,5/10
Lien vers le site internet des éditions Dupuis : ICI.
Capitol.












Commentaires récents