
Scénario et dessin : Emmanuel Moynot
Editeur : Casterman
80 pages – cartonné
Sortie : 02 mars 2016
Polar
Présentation de l’éditeur :
La cavale violente et sans issue de deux extrémistes que tout oppose.
Lui, vieux mercenaire sur le retour, a survécu à toutes les défaites.
Elle, jeune gauchiste un peu paumée, est prête à tout pour déclencher la révolution.
Leur confrontation, inévitable, se mue en un chant du cygne survolté.

Paris, début des années 1990. Un mercenaire sur le retour, qui a été de tous les combats depuis la guerre d’Algérie, vivote d’expédients foireux jusqu’à ce qu’on le branche sur un coup : piquer un chargement d’armes à de jeunes militants gauchistes, qui rêvent d’armer leur « révolution ».
Évidemment, rien ne se passe comme prévu, et notre vieil animal se retrouve flanqué d’une très jeune militante, son exact opposé générationnel et idéologique. Contraints de fuir à la fois leurs anciens alliés et la police, cette cavalcade finira en bain de sang, offrant à cet original son chant du cygne.
Mon avis :
Pour le scénario, d’une part, l’affaire Rey-Maupin (1994) a inspiré L’Original et, d’autre part, l’auteur a utilisé le Doppleganger, ce mythe germanique où un personnage et son double se détruisent réciproquement en se rencontrant. Ses personnages, Audrey et Picot, jouant ici les pôles positifs et négatifs de cette création littéraire. Quatre planches d’introduction mettent en scène Moynot lui-même s’adressant au lecteur pour expliquer les organisations politiques et les sigles de l’époque : l’OAS, le SAC, les GAL, les contras… Voir ci-dessous…

L’original se conforme à la lettre aux règles du roman noir, du polar, du thriller, du récit hard boiled. L’ombre de Jean-Patrick Manchette plane sur cette histoire glauque à souhait, mélange subtil de fait-divers réel avec une fiction débridée. Racisme, misanthropie, plaisir de tuer, mafieux sournois, flics ripoux : tout cela alimente des dialogues tirés au cordeau et ça dézingue à tout va. Pas une case de répit, de l’action et encore de l’action. Cette maîtrise narrative culmine dans un final impitoyable, mais surprenant.

Graphiquement, le dessin de Moynot s’avère d’une efficacité redoutable, avec des ambiances qui ne manquent pas de rappeler Tardi. Ses couleurs, souvent sombres, s’agrémentent d’ocre, de mauve et de rose crépusculaires du plus bel effet. Ses cases, tracées à la main, donnent un côté spontané et brut à la narration.

Dessin
Scénario
Moyenne
Le site internet des Editions Casterman : ICI
Skippy.
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