
Scénario : Tito
Dessin : Manuel Lieffroy
Éditeur : Casterman
62 pages
date de sortie : janvier 2015
genre : chronique sociale
Résumé (éditeur)
Émilie, jeune apprentie au caractère entier, monte à Paris pour débuter un nouveau stage dans le cadre de sa formation auprès des Compagnons. Elle s’y lie d’amitié avec deux autres aspirants, Thomas et Quentin. L’excitation de la vie parisienne et la passion pour leurs métiers rapprochent Émilie et Quentin, au désespoir de Thomas, secrètement amoureux de la jeune femme. Mais cette ébauche de triangle amoureux se heurte rapidement à l’exigence du Tour de France des Compagnons, qui sépare les amis, les envoyant aux quatre coins de France pour parfaire leur apprentissage. A l’âge des premiers choix pro et perso, trois jeunes nous font découvrir de l’intérieur l’une des plus anciennes et des plus célèbres institutions du monde professionnel. Une école d’excellence, qui ne connaît pas la crise, et qui, plus qu’un métier, offre à ses membres un mode de vie à part entière.

Le compagnonnage prend ses racines au moyen âge à l’époque des grands chantiers des cathédrales. Corporation d’ouvriers se déplaçant de chantier en chantier, ils accumulaient au fil de leurs travaux beaucoup d’expérience qu’ils transmettaient à leur tour aux jeunes apprentis.
Aujourd’hui, les compagnons du devoir accueillent des jeunes et leur assurent une formation à des métiers traditionnels sur le principe communautaire de l’apprentissage. Pour intégrer la communauté en tant qu’aspirant, les apprentis doivent réaliser un travail d’adoption qui sera évalué par les maitres. Le comportement et les rapports humains au sein de la communauté comptent tout autant que la technique, ce qui rend parfois d’autant plus difficile l’adoption. Une fois devenu aspirant, l’ouvrier peut entamer son Tour de France afin d’acquérir techniques et savoirs indispensables pour réaliser leur chef d’œuvre qui les fera accéder au rang de Compagnon.
Tito (Jaunes, Soledad, Tendre banlieue) évoque de manière intelligente le fonctionnement de cette institution assez méconnue, sans tomber dans une énumération de règles ou d’us et coutumes ce qui deviendrait vite fastidieux pour le lecteur. Il nous invite à devenir nous même apprenti en suivant les pas de la jeune Emilie, et à nous initier aux rites et au langage de cette institution. Ainsi, sans renier ou dévoyer les traditions chères aux Compagnons, Tito ancre son récit dans la réalité et le quotidien des jeunes gens de notre époque en articulant son récit autour d’une amourette entre les 3 personnages principaux. Le compagnonnage qui peut de prime abord paraitre quelque peu suranné, est ici présenté comme une véritable école de l’apprentissage et de la transmission du savoir, où les termes de hiérarchie, apprentissage, devoir, excellence ont un vrai sens.
S’ils ont un esprit communautaire fort et un sens du devoir aigu, les Compagnons n’en sont pas pour autant coupés du monde, bien au contraire. Le tour qu’ils accomplissent les mènent vers des savoirs qu’ils ne peuvent acquérir que sur le terrain et prend son sens dans le partage.

Jeune dessinateur Lyonnais, Manuel Lieffroy met ce récit en images de manière sobre mais efficace. Le style semi-réaliste légèrement « chewing gum » est sans fioritures et contribue à ne pas donner au récit un ton trop sérieux.
Bien que plus proche de la chronique sociale que du reportage didactique, cette incursion dans le monde du Compagnonnage pourrait bien figurer dans tous les centres d’information et d’orientation des collèges et lycées, et qui sait, susciter quelques vocations.

Loubrun
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