
Scénario et dessin : Jean-Luc loyer
Editeur : Futuropolis
136 pages
date de sortie : mars 2013
genre : documentaire, Histoire Industrielle
Au début du XXe siècle, le nord de la France est en plein essor industriel. Les industries textiles, les aciéries et les mines de charbon tournent à plein régime. La France a besoin de quantités monumentales de charbon. Aussi, les mineurs qui ont obtenu à la fin du siècle précédent quelques avancées sociales n’en restent pas moins enchaînés à leurs mines et victimes de la course au profit d’un patronat peu scrupuleux des conditions de travail de ces milliers d’ouvriers. La main d’œuvre n’est pas chère, on est mineur de père en fils et dès l’âge de 12 ans on peut être Galibot et descendre dans les mines. Le travail est pénible et risqué, et les accidents ne sont pas rares.
Sang noir nous raconte l’histoire du plus tragique accident de mine qu’ait connu l’Europe en ce XXième siècle. Le 10 mars 1906, un terrible « coup de poussière » ravage 110 km de galeries faisant plus de 1000 victimes. La direction arrête les recherches des survivants 3 jours après le drame et condamne les galeries et les puits pour étouffer l’incendie afin de préserver le gisement. 20 jours plus tard, 13 survivants sortiront de cet enfer. Cet accident sera à l’origine d’importantes grèves et de violents conflits opposant grévistes aux forces de l’ordre – diligentées par Clémenceau – mais aussi aux non grévistes.
Cet album est un documentaire terriblement poignant sur l’accident en lui-même mais aussi sur les conditions de vie et de travail des mineurs. Là où les « petites gens » sont sacrifiées sur l’autel du productivisme, la lutte des classes prend tout son sens. Les directeurs et ingénieurs « savent » et les ouvriers n’ont qu’à exécuter sans broncher. Ils sont là pour travailler, produire le plus possible et mourrir. Leurs fils prendront leur place…
Jean-Luc Loyer s’appuie sur les témoignages et les journaux de l’époque pour nous raconter ce drame. En replaçant son récit dans son contexte historique il prend le recul et la distance nécessaires pour rendre hommage aux victimes en particulier et aux mineurs en général. Le récit assez factuel est très émouvant comme en témoignent les 6 pages remplies des noms et âge des victimes (ça démarre à 13ans …) et parfois très dur. Rien n’est épargné au lecteur, de la détresse de ces femmes qui ont perdu mari et enfants et seront délaissées par la compagnie, aux différentes façons de mourir d’un coup de poussière. Effrayant !
Le dessin semi réaliste et la bichromie sépia/noir parsemée de lueurs blanches permettent cependant de supporter l’insupportable. Le dessin est beau et lumineux, ce qui peut surprendre vu le sujet traité. Mais je trouve que c’est là une bien belle manière de rendre hommage à ces ouvriers que de les mettre en lumière. Jean-Luc Loyer a par ailleurs un vrai sens du cadrage et de la mise en scène. Les jeux d’ombres et de lumières donnent du relief au dessin ainsi qu’ au propos.
Le livre se termine par un petit dossier présentant quelques documents dont l’édito de Jean Jaurès paru le lendemain de la catastrophe dans le journal l’Humanité.
Après un âpre combat social, les mineurs obtinrent un jour de congé hebdomadaire, mais la compagnie de Courrières à été dégagée de toute responsabilité en juillet 1906.
Ce livre est un vrai condensé d’Histoire : Histoire industrielle, Histoire politique, Histoire du syndicalisme, Histoire d’une région, mais surtout Histoire des travailleurs.
Ma note : 8.5/10
Loubrun
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Pour en savoir plus :
2000 ans d’histoire – podcast de l’émission de France Inter diffusée le 10/03/2006








Bon je m’égare, mais si Christine connaissait la violence qui règne dans cette ville comme à la page 12 bis, elle serait certainement refroidie par le voyage, par contre elle serait sous le charme de Bedouel à coup sûr. Woaw, ça c’est du dessin percutant, on entend les rafales traverser les pages. La mise en page est incroyablement bien pensée, bien amenée, rien n’est laissé au hasard, on s’y croirait. J’ai rarement vu une telle maitrise dans les scènes d’action en BD. Au premier abord, son dessin ne semble pas très séduisant mais ce serait une grave erreur de se laisser avoir par ce sentiment. Bedouel sera vite intronisé dans la cours des grands, j’en suis quasiment certain. 
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