Grand amateur de ballon rond et décidé à lever le voile sur ses dessous cachés, le scénariste Stephen Desberg signe une nouvelle déclinaison de sa série IR$. Prévue en 4 tomes, I.R.$. TEAM entraînera ses lecteurs dans un tour du monde de la planète foot. La saga connaîtra son dénouement en 2014, dans un album qui paraîtra à la veille de la Coupe du Monde au Brésil. Une série qui se veut passionnante, extrêmement fouillée et documentée, qui nous emmènera bien plus loin qu’on ne peut l’imaginer. A noter que le journal « L’Equipe » collabore avec le Lombard pour promotion de la série.
Interview de Stephen Desberg, un fan de football éclairé.
Qu’est ce qui vous a donné envie de créer I.R.$.team ?
Je m’intéresse au football depuis que je suis tout petit ! J’ai pratiqué pendant plusieurs années, je continue à jouer au foot en salle et je suis toujours supporter du club d’Anderlecht. Mais je suis aussi très triste quand je constate les dérives de ce sport, entre transferts délirants, le dopage ou la corruption. D’où l’idée de montrer comment ces différents éléments minent le monde du ballon rond. Il me semblait intéressant de l’aborder par le biais de la finance : c’est un milieu dans lequel l’argent coule à flots et qui est gangrené par la criminalité financière.
Comment avez-vous procédé ? Vous avez enquêté sur les mœurs du football contemporain ?
Je baigne dans le football depuis des années et je n’avais pas besoin que l’on m’apprenne comment fonctionne cet univers. Je ne suis pas non plus obnubilé par une documentation trop précise, car certains détails intéressants peuvent devenir fastidieux dans le cadre d’une série d’action. Le plus important, c’est de comprendre les mécanismes en jeu afin de les expliquer au lecteur sans l’ennuyer. De toute façon, il ne faut pas se faire d’illusions : il règne une forme d’omerta et les gens qui évoluent dans le foot ne sont sans doute pas prêts à en dévoiler les dessous cachés…
La lutte sur le terrain de la fraude fiscale est-elle le meilleur moyen de mettre un terme à ces pratiques ?
Avec la mondialisation financière et internet, il n’est pas possible de retrouver les traces des relations frauduleuses et de la corruption entre les acteurs du système. Dès lors, suivre la piste de l’argent, qui réapparaît toujours à un moment ou à un autre, devient le seul moyen de les coincer. J’ai rencontré des gens de l’administration spéciale des impôts en Belgique. Ils sont frustrés et assez désespérés, car ils sont parfois soumis à des pressions politiques quand ils obtiennent des preuves. Des ces conditions, ils n’ont plus qu’une seule possibilité : faire sortir ces affaires grâce à la presse…ou, ce qui est nouveau, grâce à la bande dessinée. Larry B. Max peut se permettre de passer outre ces différentes barrières, même si on lui demande de se taire. Pour le public, il est important d’avoir l’exemple de quelqu’un comme lui, prêt à se battre jusqu’au bout.
Comment allez-vous organiser la série ?
Le premier tome présente différents aspects du foot contemporain, du dopage aux paris en ligne et des agents de joueurs à l’attribution de la Coupe du Monde. Larry va enquêter sur les acteurs de ce milieu. Je fais en sorte de ne pas l’opposer à une organisation anonyme : si un scénariste veut sensibiliser le lecteur à une situation, il est important de le confronter à des personnages précis. Je me suis ancré dans la réalité mais j’ai été prudent afin d’éviter tout risque de procès. Ce genre de sujet sensible pourrait fâcher certaines personnes qui se sentiraient visées, et j’ai préféré emprunter des chemins détournés. Je dénonce plus une manière de procéder qui caractérise un système que des individus en particulier.
Quel avenir pour le football ?
Par Baptiste Blanchet, journaliste indépendant spécialisé en sports :
« A mon sens, le principal danger qui menace l’avenir du football, c’est la corruption. Elle est favorisée par les paris sportifs qui incitent au trucage de certains matchs. On risque d’arriver un jour à une situation de suspicion permanente : dès qu’un joueur ratera un penalty, on se demandera s’il n’a pas été acheté par l’équipe adverse…Le foot est aussi devenu une sorte de Monopoly géant dans lequel tout le monde a envie de gagner. Compte tenu des sommes en jeu, chaque acteur souhaite manger sa part du gâteau. Certains entraîneurs touchent une commission sur les transferts, et ils incitent leurs dirigeants à recruter tel joueur plutôt que tel autre parce que son agent leur propose une rétro-commission. Je suis plutôt pessimiste, comme je le suis en ce qui concerne la politique. Il est illusoire de croire que cette tendance va s’inverser. Les différents acteurs du football évoluent dans un milieu où les sommes d’argent versées dépassent l’entendement. Ils n’ont qu’une seule envie : rester des acteurs de ce système. Et les tricheurs, dans le foot comme ailleurs, ont toujours un temps d’avance…Autre tendance : on croise désormais des joueurs professionnels qui n’aiment pas le sport ! C’est le signe d’un vrai changement : Il y a encore quelques années, tous les joueurs étaient des amoureux du ballon rond. Aujourd’hui, c’est un métier comme un autre. A une différence près : il offre de meilleures rémunérations. Heureusement, il reste des gens qui évoluent dans cet univers par passion et qui croient encore à ce qu’ils font… »
Ce post a été réalisé avec la collaboration des éditions du Lombard via son dossier de presse concernant I.R.$. TEAM.
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