Editeur : Vent d’ouest
collection : Intégra
Date de sortie : août 2008
368 pages
genre : Roman Graphique
Résumé (éditeur)
50 ans qu’il vit ici, sur ce caillou, dans son vaisseau de granit. Bateau immobile qui ne l’emmène nulle part et qui ne rejoindra jamais aucun port… Et pourquoi quitter ce lieu alors que le monde au-delà de cette satanée ligne d’horizon fait si peur ? Où s’évader lorsqu’on n’a nulle part où aller ? Comment combattre la solitude et empêcher que ce silence perpétuel ne devienne assourdissant ?… Des années passées sur son rocher, avec l’imagination comme seule compagne…
Tout Seul. C’est comme ça qu’on appelle l’habitant du phare. Personne ne l’a jamais vu, et personne ne semble se soucier de son cas. Même le marin pêcheur qui le ravitaille toute les semaines ne se pose pas de questions. Il ravitaille. C’est tout. Il aura fallu qu’il embauche un nouveau matelot pour que les choses changent.
Comment un homme isolé du monde pendant 50 ans ne sombre-t-il pas dans la folie ? Tout simplement grâce à son imagination guidée par la puissance évocatrice des mots. Ces mots prennent vie dans son esprit et lui entre-ouvre une fenêtre sur le monde. Si certains mots invitent au rêve et à l’évasion, d’autres font mal.
Au delà de la solitude et de l’imagination, ce récit évoque aussi la peur. Peur de l’inconnu, peur des autres et de leur regard, peur de rompre des habitudes, peur de la nouveauté, peur d’oser. C’est en allant au-delà de ses peurs et de ses angoisses que l’homme acquiert sa liberté.
Au même titre que Pratt, Tardi ou Comès, Chabouté est un Maître absolu du Noir et Blanc. Le noir intense et profond de l’encrage renforce la dureté du propos. La solitude et ses silences sont magnifiquement exprimés. Le moindre regard et la moindre attitude sont très expressifs. Dans ce monde marin de taiseux, les silences sont assourdissants et en disent bien plus que de longs dialogues. L’auteur a par ailleurs un sens du découpage et du cadrage quasi cinématographique. On lit les pages comme on suivrait les travellings d’une camera devant un grand écran, avec cet avantage de la BD sur le cinéma, que l’on peut faire une pause quand on veut.
Si les pages se tournent vite au début, on a vite fait de ralentir la cadence et de prendre un peu plus de temps à chaque page, à chaque image. Comme assis sur un rocher, on contemple les paysages maritimes et les vagabondages imaginaires de Tout Seul. Certaines évocations donnent lieu à des planches d’une intensité extraordinaire.
Ce récit est simplement émouvant et beau.
Ma note : 9/10
Loubrun
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