Scénario et dessin : Fred Bernard
Editeur : Casterman
Sortie : 20 janvier 2016
384 pages – broché
Genre : Roman graphique
Présentation de l’éditeur :
Avec La Paresse du Panda, la saga Jeanne Picquigny prend un nouveau visage.
Fred Bernard emmène Jeanne Picquigny en Chine, et fait revenir sa petite-fille Lily Love Peacock, en traitant en bande dessinée de ce que la France exporte le mieux : la musique électro, le vin et la mode. Sujets qu’il n’a jamais abordés quand il écrit pour la jeunesse avec son ami François Roca (il a obtenu trois fois le Goncourt jeunesse).
Fred Bernard est né en Bourgogne et voyage beaucoup, comme Jeanne. Il rencontre encore parfois des lecteurs qui pensent qu’il est une femme avec toutes ses histoires de filles… et on finit par se dire qu’il souffre peut-être d’une sorte d’« hermaphrodisme mental ». Il suffit de suivre les aventures de Jeanne Picquigny pour s’en convaincre.
Tous les opus peuvent se lire indépendamment, les lecteurs raccrochant d’eux-mêmes tous les petits wagons …
Jeanne Picquigny et Eugène Love Peacock sont tous deux Vierge, et Rat selon l’astrologie chinoise.
Qualités : imaginatifs, esprits vifs.
Défauts : fantasques, têtus, difficilement maîtrisables.
Le signe du Rat correspond aussi à un nouveau cycle et annonce la prospérité à venir.
Fous amoureux, sont-ils toutefois faits pour vivre ensemble? S’aventurer, ça oui ! Sortir du “puits magique” de “l’île des deux crânes” (La patience du Tigre) et quitter l’Himalaya pour rentrer chez eux en Bourgogne va s’avérer bien plus compliqué que prévu.
Toujours en compagnie de leurs amis, Timothy Python et Pamela Baladine Riverside, Jeanne et Eugène vont devoir fuir la secte acharnée à leur perte, via la Chine.
Presque un siècle plus tard, Lily Love Peacock, curieuse des mystères qui entourent ses grands-parents disparus, se plonge dans les aventures de Jeanne avec langueur et volupté. Sa quête nourrit son âme mélancolique et son oeuvre de chanteuse pop-rock.
Elle creuse les zones d’ombre, gratte les mystères petit à petit révélés, en compagnie de Victoire Goldfrapp. Nous rencontrerons un Allemand tatoué anti-nazi devenu botaniste, un panda à la virilité défaillante et une étrange cargaison destinée à la Couronne britannique.
Mon avis :
Avec La Paresse du Panda, Fred Bernard nous propose la suite de sa saga familiale pas comme les autres. Cette fois, la narratrice est Lily, la petite-fille de Jeanne. Cette fresque, teintée de récit d’aventures et pimentée de sensualité, suit les règles d’un jeu imposées par son auteur et navigue entre les époques et les cultures dans ce long (presque 400 pages) et sidérant album. Il peaufine ici l’évolution psychologique de ses personnages, qui y gagnent en profondeur.
Le trait « volontairement brouillon » des dessins reste au service d’un scénario romanesque abouti et labyrinthique : Fred Bernard cite volontiers les Rougon-Macquart de Zola comme influence littéraire sur son travail. La lecture de ce quatrième opus de la série est une agréable ballade dans un monde foisonnant de détails incongrus, de méditations philosophico-sociologiques, d’invitations au voyage et à la rêverie, d’exotisme et de mélancolie. Les 5 chants qui composent cet album entraînent le lecteur dans un univers proche de l’enchantement, fait de passions tumultueuses, d’expéditions improbables, de divagations pop, de mysticisme excentrique.
Dans cet heureux délire, le lecteur aura l’occasion de se perdre et de croire que, peut-être, il pourrait s’y retrouver sans que cela puisse avoir une réelle importance. Ce qui compte, c’est ce temps de la lecture qui peut s’allonger et qui laisse augurer les moments de bonheur à venir.
Ce récit, heureusement inachevé, est une réussite incontestable. La voix de Fred Bernard est unique et chaleureuse, elle constitue un remède contre la morosité quotidienne. Cette folie douce et transgénérationnelle, cette ode au souvenir et à la transmission est à lire, à découvrir.
Dessin
Scénario
Moyenne
Cette chronique a été rédigée suite à une fort sympathique rencontre avec Fred Bernard dans les locaux des Editions Casterman le mercredi 20 janvier 2016. Nous avons plus parlé de voyages que de BD. Mais, enfin, bon …
Le site internet des Editions Casterman : ICI
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