
Auteur : Aurel
avec la participation de Renaud Dély
Éditeur : Glénat
160 pages
date de sortie : novembre 2015
genre : dessin de presse, humour, politique
Gauche, droite, centre, centre gauche ou droit, gauche de la gauche, droite de la droite, extrêmes et radicaux, le paysage politique en France semble bien complexe et sans dessus dessous, et ce depuis bien avant les dernières élections régionales qui ont mis en émoi la France.
Les frontières entre les partis sont parfois ténues, souvent mouvantes, ou carrément opaques. Les plus anciens se souviendront d’un Chirac (RPR – droite) qui en 1981 fit élire Mitterrand (PS – gauche) pour éliminer Giscard (UDF – droite) au second tour et se placer ainsi chef de file de l’opposition. Ce coup tordu lui a bien réussi. Chirac est d’ailleurs aujourd’hui considéré comme le champion des coups bas, félonies et trahisons en tout genre… Lui qui fut porté par un parti de droite est aussi considéré par certains comme un homme de gauche. Et comme François Hollande, il vient de Corrèze.

En 2012, François Hollande a été élu Président de la République Française. Pour accéder à la fonction suprême, il a été porté, comme chacun sait, par le parti socialiste. Il a donc fait comme tout bon candidat des promesses de gauche dont une qui n’a échappé à personne à propos de sa déclaration de guerre à la finance. Promesse électorale qui a fait mouche après les années bling-bling de Sarkozy en pleine crise financière. Et comme « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » *, le peuple s’offusque toujours des quelques écarts et paroles non tenues….
Bref, qu’en est-il de cette déclaration de guerre trois ans plus tard ? Un remaniement ministériel, de nouvelles têtes et de nouvelles idées drainant une cohorte de déçus et mécontents criant à la trahison, à la tromperie, au mensonge !

Voilà que le nouveau ministre de la finance est un ancien banquier d’affaire, qu’il fait les yeux doux au Medef et caresse le patronat dans le sens du poil. Dans un gouvernement de gauche, c’est quasiment un crime de lèse majesté et nombre de gens de gauche ont les oreilles qui saignent d’entendre ce jeune loup (ou coq) pérorer dans ses beaux costards. Et par dessus le marché, le premier ministre adopte, circonstances obligent, une ligne de conduite jugée ultra sécuritaire.

Merde alors ! La gauche piétine sans vergogne les plates bande de la droite poussant au passage cette dernière un peu plus sur sa droite, et renvoie dans ses bases ses amis de sa propre gauche … Du coup, Hollande est traité de président de droite par sa gauche, et certaines pointures de droite le considère d’un autre œil et l’inviterai presque à bouffer (quoique, je me demande s’il ne vaut pas mieux l’avoir en photo qu’a table). C’est a en perdre son latin, ce qui ne devrait pas déplaire à l’actuelle ministre de l’éducation Nationale …

Et qui c’est qui tire les marrons du feu dans tout ça ?

Quand même, ils sont compliqués en Corrèze, non ?!
Après Hollande et ses deux femmes, et plus récemment la république des couacs, le dessinateur de presse Aurel sort un recueil de ses dessins d’humour publiés dans Le Monde, Politis, ou le Canard Enchainé. Égratignant le gotha politique à gauche comme à droite, mais surtout à gauche concernant cette compilation, ses dessins sont piquants, gentiment féroces et la plupart du temps d’une pertinence empreinte d’un bon sens suraigu.

L’adage selon lequel un dessin vaut mieux qu’un long discours est criant de vérité dans le cas du dessin de presse car celui-ci a pour fondement l’humour. Si ce dernier évite l’écueil de la vulgarité gratuite et que le public est doué d’un minimum d’auto dérision, tout peut passer.
Aurel le maitrise admirablement ce dessin de presse, et que l’on soit de droite ou de gauche, il arrachera forcément un rire ou un sourire à tous.
Ce recueil vole bien au dessus des partis politiques et nous donne une vue d’ensemble de la médiocrité politicienne qui sévit aujourd’hui en France et c’est sans ambages qu’il nous raconte les turpitudes de cette pitoyable politique-spectacle.
De la déclaration d’amour de l’entreprise, à la Grèce qui encaisse les coups après son coup de gueule en passant par le virage à droite d’une gauche déconfite, tous les faits marquants de la politique politicienne de l’ère Hollande sont dessinés et présentés par Renaud Dély, rédacteur en chef à L’Obs. Certains sont commentés par des personnalités politiques ou journalistiques de tous bords comme Cécile Duflot, Nathalie Kosciusko-Morizet, Valérie Pécresse, Brice Hortefeux, Denis Sieffert, Clémentine Autain, Thomas Legrand, commentaires beaucoup moins drôles et pas plus pertinents que les dessins et dont on pourrait très bien se passer.
Si comme moi vous pensez que les personnages politiques sont à pleurer, alors lisez les dessins d’Aurel, et vos larmes se transformeront à coup sûr en rires.

Loubrun
* « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ». Cette fameuse phrase à été reprise par Chirac lors d’un discours en 1988. Sa paternité revient à Henri Queuille, homme politique français, radical socialiste qui fut trois fois président du conseil sous la quatrième république. Il fut aussi député puis sénateur de Corrèze … (décidément !)
On lui doit aussi la citation suivante « La politique n’est pas l’art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent. ». Tout un programme.

Pour voir plus de dessins d’Aurel : http://aurel.blog.lemonde.fr/ ; http://www.lesitedaurel.com/
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