Dessin & scénario : David Prudhomme
Editions Futuropolis-Louvre éditions
Sortie : 07/06/2012
80 pages
Prix conseillé : 17,00 €
ISBN : 9782754807852
Histoire, Arts, roman graphique
Résumé (de l’éditeur) : Prudhomme déambule dans les salles du Louvre. Il a l’impression d’être dans les cases d’une bande dessinée géante. Lui-même est en train d’inventer la sienne sur le Louvre. Ce sera une histoire muette ! Car il y a surtout à voir, et même si presque toutes les langues du monde y sont en visite, elles s’y croisent en silence.
Prudhomme décide de se faire le musée au pas de course et d’observer, non pas les œuvres exposées, mais ceux qui les regardent, les photographient. Un groupe d’élèves involontairement agglutinés dans la même position que les naufragés du Radeau de la Méduse ; un homme derrière le Scribe Accroupi, comme s’il tentait de lire par dessus son épaule ; dans les salles des antiquités grecques, étrusques et romaines, une jeune femme, qui place sa tête dans la gueule d’un lion…
Deux heures durant, Prudhomme est le spectateur et le témoin attentif d’un étrange ballet muet et désinvolte, qui se danse au sein du plus prestigieux musée du monde.
Mon avis : Cet album fait partie de la collection consacrée au Musée du Louvre. Cette « joint-venture » entre le Louvre et Futuropolis nous a valu déjà quelques ouvrages dont le remarquable album intitulé « Le ciel au dessus du Louvre » de Bernar Yslaire et Jean-claude Carrière ou encore « un enchantement » de Christian Durieux, tous les deux déjà chroniqués sur SambaBD.
Cette BD peut déconcerter, déstabiliser certains lecteurs. Le concept de départ est de se démarquer du flux de bandes dessinées actuels mais aussi voir et décrire une institution telle que Le Louvre d’une façon artistique et décalée. L’auteur a choisi de nous montrer un regard humoristique sur l’Art. Il y arrive en nous proposant un récit aux dialogues minimalistes. Prudhomme nous montre dans un premier temps un univers de contemplatifs. Chaque toile est pour lui une case de BD. Le musée est un album rempli de cases où chacun marche dans une BD géante. Les visiteurs s’arrêtent devant les toiles, petites ou monumentales. Il observe ces gens qui regardent les œuvres. L’auteur nous montre le rapport voyant- voyeur. Autre dimension de l’album, plus ténue pour nous lecteur, c’est le silence des lieux qui est évoqué en arrière plan. Il y est interdit de crier, de hurler. On y parle à voix basse. De temps en temps, se fait entendre la sonnerie d’un gsm, cet outil iconoclaste…
Il évoque aussi les files de visiteurs qui attendent pour contempler les œuvres « vedettes » du musée à savoir la « Mona Lisa » ou « le radeau de la méduse » .En voyant ces badauds agglutinés devant cette œuvre, l’auteur les qualifie de « rescapés de la ventouse ».
L’auteur ensuite perd la trace de son épouse qui l’accompagnait…Il va partir à la recherche de celle-ci au pas de course et va refaire tous les recoins du musée. Fini la contemplation ! Vive l’action ! L’auteur en profite pour faire un inventaire des postures des visiteurs. Il nous décrit aussi beaucoup de photographes amateurs qui mitraillent avec leur appareil (San-Antonio les appelait les Kodakons !). « On recherche à retenir ce qui ne peut nous appartenir ». Prudhomme a alors « l’œil » et nous fait partager sa vision amusée.
En fin d’album, sorti du musée et rentrant chez lui en métro, l’auteur redevient un homme comme les autres, agressé par d’autres images, la publicité. Le regard redevient un enjeu marchand, une sorte de pollution graphique.
En conclusion, que penser de cet album ? Au départ, à la première lecture, j’ai eu du mal à me passionner pour cette BD. Que vais-je raconter dans ma chronique? J’ai cependant admiré le travail graphique de l’auteur. Un tel investissement dans un album détonnant demande une solide dose de travail et d’abnégation. Pour ma part, je ne suis pas un contemplatif et je dois bien avouer que j’ai bien vite lâché prise. Le scénario est un peu hermétique par moment. Rapidement, pour ma part, le musée s’est visité au pas de charge. Cet album a été vite lu, trop vite. Mais il faut cependant se donner la peine de le relire une seconde fois, comme je l’ai fait pour écrire cette chronique. Alors, le lecteur que je suis, a eu une vue d’ensemble plus cohérente et a pu se focaliser plus sur des détails, des clins d’œil…Une démarche, un état d’esprit à acquérir pour apprécier complètement cet ouvrage qui n’est pas si anodin.
Graphisme : 8,0/10
Scénario : 7,0/10
Moyenne : 7,5/10
Capitol.
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