FURIOSO

Furioso, Lorenzo Chiavini, 7/10, religion, critique, one-shotFurioso, Lorenzo Chiavini, 7/10, religion, critique, one-shotScénario : Chiavini, Lorenzo

Couleurs : Chiavini, Lorenzo

Dépot légal : 05/2012

Editeur : Futuropolis

Taille : Format normal

136 pages

20 €

 

 

Les croisades ! Ou tout au moins une guerre en préparation entre Chrétiens et Musulmans. Chacun est persuadé du triomphe de sa foi. Chacun a désespérément besoin de héraut pour manipuler le peuple. Sur fond de guerre imminente, les Catholiques se choisissent un paladin : un simple chasseur de rats dont le corps fut blessé par la Sainte Lance. Chez les Musulmans, ce sera le preux chevalier sans heaume, l’homme de toutes les victoires. Ce favori d’Allah est de retour, ramené d’une forêt où il s’était réfugié pour expier ses fautes. Mais la divine providence, quelque soit le dieu, possède ses propres mystères et les évènements ne se passent donc pas toujours comme souhaité !

Cette bande dessinée est pour le moins atypique. Dans ce déluge de productions ayant pour décors les croisades, Lorenzo Chiavini a choisi de prendre le contre pied de l’action. Ici point de batailles homériques, point de décors grandioses, seulement des hommes submergés par les doutes ou dépassés par des destins trop grands pour eux. Les deux histoires sont montées en parallèles. L’auteur renvoie dos à dos les religions. Pas de parti pris.

 

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Lorenzo Chiavini insiste lourdement sur les « décisions divines » du clergé et des nobles, quitte à tordre le coup à la morale et à inventer des faits imaginaires. L’auteur a surtout voulu porter l’attention sur les manipulations des religieux. Pour assouvir leur soif de pouvoir, les hommes sont prêts à toutes les tromperies et les mensonges au nom de leur croyance, pourvu que la religion triomphe. Tout est décidément tristement humain. Les travers de ce bas monde sont repris depuis le début par le menu : la peur, la haine, la lâcheté, la concupiscence, la folie… Le scénario est soigné. Il le faut, car les histoires sont imbriquées avec des passages surprenants de l’une à l’autre, sans temps mort ; comme pour marquer l’analogie des tromperies. Tout cela est intemporel et trouve un écho dans le monde d’aujourd’hui, mais soyons-en sûr, celui de demain …

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Lorenzo Chiavini joue avec talent sur les clairs obscurs. Le dessin est brut, économe en couleurs. Les traits sont généreux en ombres et contrastes. Les personnages sont croqués de quelques traits vifs. Les arrière-plans et les décors ne sont là uniquement que pour mettre en avant les personnages et leurs sentiments. Cela est surprenant lors de la prise en main. L’expression des visages n’est pas le point fort de l’auteur mais cette simplification n’altère finalement pas la lecture. Cette économie de couleur et de détail est ici pour sublimer le message de méfiance vis-à-vis des mystiques. A noter la trouvaille des batailles : elles sont traitées de manière secondaire, uniquement par le biais d’un théâtre de marionnettes. Bien vu !

C’est un récit épique et étonnant que ce Furioso. Ce one-shot au dessin agréable, doux tranche avec la gravité de l’histoire humaine intimement liée à nos tares et notre peur de l’inconnu. Un moment somme toute agréable.

Dessins : 7/10

Scénario 7.5/10

Tigrevolant

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