L’ami

Scénario : Lola Halifa-Legrand
Dessin : Yann Le Bec
Éditeur :Dupuis/ Les Ondes Marcinelle
Date de sortie : 10 février 2023
256 pages
Genre : Tranche de vie

« En fait, quand un truc est moche, c’est juste que t’es trop près. »

Présentation de l’éditeur

Tomi est un ado renfermé, qui trompe son ennui (et la présence de sa mère célibataire, qui le saoule) en dessinant des filles nues. De quoi lui donner envie de prendre l’air avec Feliks, le drôle de mec qu’il vient de rencontrer. Frimeur, casse-cou, branleur dans tous les sens du terme, il ne semble effrayé par aucune grossièreté, aucune violence, aucun mauvais coup… Tout l’inverse de Tomi qui, dès lors, ne le lâche plus d’une roue de scooter. Jusqu’au jour où Océane, une copine de classe, se rapproche du jeune homme. De quoi compliquer encore un peu plus son quotidien. Car de bêtise border en bêtise border, Tomi se rapproche de l’irréparable…

Mon avis

C’est peut-être parce que j’ai deux filles de 14 et 17 ans que le sujet de l’adolescence m’intéresse volontiers ces derniers temps. En témoignent ces chroniques (instant auto-promo) :Eddie et Noé #1, La ferme petit-pois #2, Le Chant du temps inversé, A l’Orée du monde, ou Ratures indélébiles pour ne citer que les plus récentes.

Mais je pense que mon immersion quotidienne dans l’univers de l’adolescence n’est pas la seule et unique source de mon intérêt sur le sujet. La période de l’adolescence offre en effet à la littérature et au cinéma un personnage idoine pour le récit initiatique.

Le scénario de Halifa-Legrand se focalise sur la construction de son héros, Tomi, qui entretient, plus ou moins volontairement, deux relations contrastées, l’une avec Feliks et la seconde avec Océane. Le jeune homme apparait comme un funambule, cherchant un équilibre qu’il peine à trouver tant ses émotions le remuent et le bousculent. La scénariste joue d’ailleurs avec cette recherche constante des limites qui déstabilisent la lecture. Le mal-être au lycée, le regard empreint de jugement sur sa mère, l’amitié, l’amour, la recherche compulsive du plaisir sexuel sont autant de thèmes qui donnent corps à un récit bien plus complexe qu’il n’y parait. Mais j’ai ressenti comme une distance entre ce « témoignage » d’une génération et l’émotion qu’il renvoie au lecteur.

Le dessin de Yann Le Bec est brut, à l’image de ce que peut vivre ou exprimer Tomi et Feliks. Le noir et blanc est à l’image de ces derniers, sans demi-mesure et sans nuance, renforçant l’impression globale de froideur que j’ai pu ressentir à la lecture de l’Ami. L’ami de Tomi ne lui ressemble pas, il apparait comme celui qui l’envoie dans une zone d’ombre qui apparait bien dangereuse. L’amie de Tomi le pousse au contraire à s’élever et voir au loin la lumière.

L’ami laisse une impression de quasi, de presque, de « oui mais ». Le bouillonnement de vie propre à l’adolescence est décrit plus qu’il n’est exprimé. Ce récit d’errance semble se chercher, tiraillé entre espoir et désenchantement, à l’image de son héros finalement.

Petitgolem13