Le Chant du temps inversé

Scénario : Galaad
Dessin: Galaad
Éditeur : Dupuis
Date de sortie : 7 octobre 2022
216 pages
Genre : Tranche de vie

« J’vais pas rouler la même merde au sommet de la montagne toute ma vie. »

Présentation de l’éditeur

Pandora, une adolescente extravertie, travaille au Chant du temps inversé, la boutique geek que tient son oncle, chez lequel elle vit pour s’y couper de sa mère trop exigeante. Elle y croise Paul, garçon timide et un peu plus jeune qu’elle. Entre eux, le courant va vite passer : mêmes références de jeux, de mangas, d’animés… et même envie de se découvrir. Mais de quoi est-il question ? D’amour ou d’amitié ? La distinction est importante, car Pandora a un copain et un passé peut-être compliqué à assumer… Entre eux, c’est une troublante et touchante relation qui va s’écrire, entre âmes et corps mis à nu…

Mené par Galaad, un one-shot au romantisme moderne et intemporel, quelque part entre Bastien Vivès et Hugo Pratt. Une idylle au suspense subtil qui vous flottera longtemps à l’imaginaire…

Mon avis

Une tranche de vie.

Galaad, derrière une couverture colorée faisant apparaitre deux personnages souriants, dresse le portrait d’adolescents confrontés à ce fameux passage à l’âge adulte, si souvent traité en littérature. Les couleurs ne sont que de surface, le dessinateur utilise le noir et blanc pour raconter une histoire plus complexe qu’elle peut sembler. Le gris donne du volume à ce trait vif et instinctif, donnant l’impression d’un croquis soigné et cette sensation de fausse facilité. Car les corps, leurs courbes et les désirs qu’ils peuvent créer sont aussi importants que les mots. Le partage des passions, des doutes, des envies, des désirs rassemble Pandora et Paul. Elle est un peu plus âgé que lui, plus mûre aussi et surtout bien plus désenchantée. Assis devant une console de jeux, fumant un joint, parlant d’Evangelion ou de Zelda, ces deux-là ne refont pas le monde, ils semblent se confronter dans la vision qu’ils en ont. Pierre est comme happé par ce que renvoie Pandora de beauté, de ce mélange d’assurance et d’indifférence, et de cette apparente liberté. Pandora est curieuse de la candeur et du naturel du jeune homme, voyant bien la fascination que celui-ci a pour elle.

Le chant du temps inversé est contemplatif, son rythme est lent, empreint d’une fausse légèreté. Car derrière cette tranche de vie plutôt banale, ce sont les petits éléments narratifs jalonnant le récit des journées de Paul et Pandora qui construisent l’intrigue. Les regards respectifs se jaugent, laissant la porte ouverte aux rêves, aux désirs, aux fantasmes. Le Temps inversé est le nom du magasin dans lequel Pandora travaille, son chant n’est pas dénué de quelques longueurs et manque tout de même de matière. L’ensemble demeure un peu superficiel et semble se chercher à l’image des sentiments (amour, désir, amitié…) exprimés par les deux jeunes gens. La sensualité et l’érotisme plutôt légers montent doucement au fil des pages alors que les problématiques personnelles et familiales se révèlent.

Galaad est assurément un auteur à suivre tant son Chant du temps inversé est empli de qualités prometteuses. Les regards, les expressions sont empreintes d’une authenticité et d’un réalisme manifestes, alors même que le dessin apparait comme épuré et dénué de toute complexité (facile à dire et à écrire hein !). Le doute est omniprésent et, comme pour renforcer ce sentiment de fragilité, celui-ci est volontairement entretenu. Je suis sorti un peu frustré de cette lecture tout en ayant l’impression de lire une histoire vraie, à l’image de ce qu’est l’existence, avec ses choix et ses fatalités.

Une tranche de vie.

Petitgolem13