Maria et Salazar

Scénario : Robin Walter
Dessin : Robin Walter
Éditeur : Des ronds dans l’O
130 pages
Date de sortie :  octobre 2017
Genre : Histoire, roman graphique


« On pouvait laisser sa voiture ouverte, laisser ses vélos, on ne risquait pas de se faire voler. Aujourd’hui, ça ne ferait pas de mal qu’il revienne… pour ça c’était bien. Par contre, on n’avait aucune liberté »

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Présentation de l’éditeur

Alors que les parents de Robin Walter revendent leur maison familiale de Champigny-sur-Marne, vient le moment pour tous de dire au revoir à Maria, leur femme de ménage et bien plus depuis plus de trente ans. Que va-t-elle faire, elle qui est venue du Portugal avec son mari comme des milliers de ses compatriotes, quelques décennies auparavant, fuyant ainsi la dictature de Salazar ?
Au travers de leurs souvenirs, le récit dépeint ce que fut la plus longue dictature de l’histoire moderne de l’Europe occidentale et l’immigration portugaise de masse qui en a découlé.

Mon avis

Sur 130 pages de beaux lavis tout en nuances de gris, Robin Walter nous offre un beau et touchant roman graphique dans lequel il nous raconte, à travers son histoire familiale, l’immigration portugaise en France, liée directement à l’Histoire du Portugal et la dictature sous le régime de l’Estado Novo de Salazar, qui dura de 1933 à 1974.

En mettant en lumière son histoire familiale, Robin Walter rend hommage à ces centaines de milliers de Portugais qui sont arrivés en France dans les années 60 en quête d’une vie meilleure. En effet, le régime autoritaire de Salazar a plongé la plupart des portugais dans une misère économique poussant nombre d’entre eux à fuir leur pays. La dictature de Salazar, moins connue que celles des fascistes et des nazis, a traversé les décennies en se faisant discrète et s’est faite oublier durant la seconde guerre mondiale en se mettant sous le drapeau de la neutralité. Cette politique lui a fait rater le train de la modernité et a placé le pays à la traine de ses voisins européens.

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La vie de Maria et de son époux ressemble sans doute beaucoup à celle de ses compatriotes immigrés : des débuts très difficiles dans un pays ou l’on ne connait rien et où l’étranger est regardé de travers, et une volonté farouche de s’intégrer au plus vite dans la discrétion. Le meilleur moyen, c’est le travail, qui ne manque pas à l’époque : Les femmes font des ménages, les hommes sont dans le BTP et personne ne rechigne à la tâche.

Cette histoire familiale somme toute assez banale, Robin Walter la rend passionnante, émouvante et très instructive. D’abord parce que l’on se projette facilement dans le récit de cette famille unie aux souvenirs heureux autour de Maria, et ensuite parce que la trame historique de la vie de Maria est racontée de manière très factuelle, avec simplicité et beaucoup d’humanité. En complément des témoignages de Maria, Robin Walter s’est fait rat de bibliothèque pour se documenter sur cette période historique que l’on ne connait pas en France. Il arrive alors à mêler naturellement la petite et la grande histoire, et à montrer que la seconde n’est rien sans la première.

Robin Walter nous offre là un beau récit biographique, autobiographique et historique qui permet d’avoir un autre regard sur l’histoire du Portugal, l’histoire de France et l’histoire de l’immigration. A découvrir.

Loubrun

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