
Scénario et dessin : Frantz Duchazeau
Editeur : Sarbacane
date de sortie : avril 2013
140 pages
genre : chronique sociale, musique
Fin XIXe aux Etats-Unis, un jeune vagabond noir et unijambiste tente tant bien que mal de glaner quelques dollars pour manger. Sa jambe de bois le fait souffrir, et le seul moyen d’oublier la douleur est de danser et tournoyer sur sa prothèse. Il le fait si bien, avec une telle souplesse et une telle fluidité qu’il est remarqué par un Irlandais produisant un spectacle itinérant faisant la retape pour un élixir indien aux vertus miraculeuses. Après avoir bu quelques gorgées de ce breuvage, le jeune vagabond se met à jouer du banjo comme un dieu. Blackface Banjo est né. Bien que la veille, un de ces spectacles itinérants ait été incendié par une mystérieuse faction – le Coon Coon Clan – le jeune vagabond intègre la troupe Medicine Show.
Ces troupes itinérantes appelées « Minstrel’s Shows» ou « Medicine Shows » présentaient des spectacles humoristiques d’un goût particulièrement douteux. Joués par des Blancs grimés de façon grotesque en Noirs, le but était de faire rire les Blancs en faisant passer les Noirs pour des imbéciles, des sauvages, des ignorants superstitieux et doués uniquement pour la danse et la musique …
Après le rêve de Météor Slim, Les jumeaux de Conoco Station et Lomax, Frantz Duchazeau continue son exploration de l’Amérique profonde et rude de la fin du XIXe et du début XXe siècle.
Moins centré sur la musique, cet album nous fait découvrir ces pitoyables spectacles, vitrines affligeantes du racisme omniprésent de cette époque.
Grâce à un dessin très fluide et tout en mouvement et expressions, Duchazeau peut se permettre une narration souvent muette, parfois rehaussée de bulles dessinées. Ces bulles dessinées qui tombent comme un cheveu sur la soupe sont un peu déroutantes et donnent l’impression de faire l’économie d’un dialogue. L’approche est néanmoins originale et certaines séquences sont assez bien vues.
Le récit reste cependant très bien construit et c’est non sans émotions que nous suivons les pérégrinations de ce vagabond, depuis ses rêves de gloire jusqu’aux inévitables désillusions.
Blackface Banjo a le mérite de lever un peu plus le voile sur cette société américaine de la fin du XIXème siècle jusqu’à la moitié du XXème. Ces sinistres spectacles ont sévit jusque dans les années 50 !
Ma note : 7/10
Loubrun




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