Scénario : Stephen Desberg
Dessin : Ana Teresa Martinez Alanis
Éditeur : Grand Angle
72 pages
Date de sortie : 2 juin 2021
Genre : roman graphique, aventure, tranche de vie, histoire, poésie, peinture.
« Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville » Paul Verlaine
Présentation de l’éditeur :
“ Qui donc a jamais entendu parler d’une chienne qui peint ? ”
Ecoline est destinée à devenir chien de garde. Mais plutôt que de protéger la ferme, elle passe son temps à peindre. Une occupation qui provoque son exil de la campagne vers un Paris en pleine effervescence. L’Exposition universelle approche à grands pas et pour accueillir les visiteurs du monde entier, la capitale se doit d’être impeccable ! Sans argent et sans collier, Ecoline doit trouver une solution, sous peine d’être à nouveau chassée. Dans la ville Lumière où tout le monde ne parle que de ces nouveaux artistes, les impressionnistes, Ecoline croit tenir sa chance et décide de vendre ses peintures. Mais le public est-il prêt à aduler une chienne-peintre ?
Mon avis :
Tout commence avec la première phrase du célèbre poème de Paul Verlaine. « Il pleure sur mon cœur… », une poignée de mots et nous voilà déjà happés.
De prime abord, on pourrait avoir l’impression de replonger dans le monde onirique de « Buck », de Adrien Demont aux éditions Soleil, mais il n’en est rien. Ecoline a l’esprit vif, la pensée profonde et en un rien de temps : nous voilà au cœur de la ville des Lumières, Paris, à l’aube de la grande exposition universelle.
On quitte le songe du chien perdu pour la vie de bohème des artistes de Montparnasse, comme « Jeanne Hebuterne » par Nadine Van der Straeten aux éditions TarTaMuDo. Un autre coup de cœur. Car oui, « Ecoline » m’a enchantée, à l’instar d’un autre chef d’œuvre qui se déroule à Paris au XXe siècle : « Le jardin, Paris » de Gaëlle Geniller aux éditions Delcourt.
Tout y est : la poésie, l’histoire, le talent et un dessin… un dessin, mes amis ! Si Ecoline, en soit, est un toutou à l’apparence simple pour accrocher le regard des petits et des grands, le reste du graphisme d’Ana Teresa Martinez Alanis – surtout à l’arrivée de notre héroïne et son existence à Paris – ressemble à une succession de toiles. Des couleurs chatoyantes, un rêve éveillé au sein du célèbre Moulin Rouge et la belle Musette qui éblouit malgré son pelage noir. Elle est la reine de la nuit, l’inspiration d’Ecoline et le centre de nombre de convoitises.
Le scénario de Stephen Desberg mêle, lui aussi, poésie et cruelle réalité. Parce que, mine de rien, Ecoline est un chien des rues, un cabot rejeté de sa ferme faute d’avoir l’âme mordante, qui suit le même chemin que les artistes de l’époque : gagner Paris pour tenter de gagner les cœurs, rejoindre la capitale de l’art pour vivre de ses toiles.
De bonnes en mauvaises rencontres, Ecoline trace sa route jusqu’aux portes de l’exposition universelle de Paris. Un événement qui inscrit ce récit dans l’Histoire alors que la vie des animaux citadins ressemble à un rêve : une chimère qui se retrouve dans les peintures de grands noms comme « Le chat noir » de Théophile-Alexandre Steinlen, les 16 toiles de C.M. Coolidge avec des chiens jouant au poker, et bien d’autres (pour rappel, Wikipédia est votre ami pour en savoir davantage sur ces artistes).
Un délice pour petits et grands, un coup de cœur incontesté pour moi (à espérer du coup que la couverture gagne le concours de la couv’ du mois de juin)
ShayHlyn.
Le dessin est magnifique !
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Non c’est inferno qui a gagné pour la couv’ mais je vais mettre ce titre dans nos coups de coeur.
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