Nous avons contacté l’auteur Marko (Marc Armspach ) qui s’occupe du storyboard et de la ligne éditoriale de la prière aux étoiles pour accompagner le titre de la meilleure couverture BD du mois d’avril sur notre site.
L’occasion pour nous d’en apprendre un peu plus sur la fonction de « storyboardeur. »

Marko contribue à la culture régionale basque en tant que dessinateur de presse pour Le Journal du Pays Basque. Il produit des BD aux titres incompréhensibles tels que Marratiudazu gutun bat ou Iltazazuko koblakariak. Sa rencontre avec Olier marque ses débuts dans la BD avec Agence Barbare, puis El’z’avintures ed’Biloute, une BD en ch’ti, suivie des Godillots.
Place à l’interview.
Bonjour Marko, pour commencer, peux-tu nous expliquer les rôles de chacun (Scotto, Stoffel, Holgado, Bouët et Marko) pour cet album ?
Pour le rôle de chacun et comme nous sommes pas mal, je ne vais pas tout décrire. Je me concentre sur ma partie, celle du storyboard et de la direction artistique. Un poste pas souvent mis en avant, c’est celui du Storyboarder qui, en BD, a une vraie place, entre scénario et dessin. Le principe en est simple : prendre le scénario et travailler sur la mise en scène des cases puis des planches en vue de la mise en image pour un ou une dessinatrice. Travailler sur l’essentiel de la narration avant l’image, des choix, des cadrages, des angles de vues, des enchaînements de cases, placements des phylactères… du rythme général de l’histoire. J’apporte aussi à Iñaki une foule de documentation. Mon travail ne s’arrête pas là et en particulier pour cet album de Pagnol je suis en charge de maintenir auprès d’Iañki une certaine pression pour qu’il se tienne à une charte graphique que nous avons définie. Mon travail de suivi se poursuit aussi sur la mise en couleur.

J’imagine qu’il vous a fallu une fameuse coordination pour organiser toutes vos réunions de travail ?
Il y a d’abord des discussions que je mène avec les scénaristes. Nous parlons de l’histoire dans son ensemble et des intentions du scénario… Ensuite je concentre mon travail uniquement avec Iñaki. Je fais parfois le lien entre toute l’équipe quand les sujets concernent l’ensemble.

Quelle était la philosophie pour ce diptyque compte tenu qu’on a jamais retrouvé l’entièreté du film de Marcel Pagnol (12 minutes de films rescapées, photos du tournage, notes de Pagnol ) ?
Je pense qu’il serait plus pertinent d’en parler avec l’équipe de scénariste. De mon coté mon travail a été d’être au plus juste avec les intentions des scénaristes.

On aurait presque pu faire une BD sur la réalisation et le parcours de ce film ?
Oui, tu as raison et je me demande même si cela n’aurait pas été un choix pertinent. Mais l’idée est de redonner vie à cette histoire perdue.

Peux-tu nous en dire plus sur choix des décors très soignés, style art nouveau/art déco ?
Je pourrais dire que ce n’est pas nous qui avons décidé de tel ou tel style… mais que c’est l’Histoire qui le demandait ! Une fois ce «choix» fait, il faut définir, en accord avec Iñaki une charte graphique. Et je voulais qu’il travaille avec une ligne claire, sans artifice de noir, d’aplats ou de matière. Je voulais qu’il aille chercher dans la simplicité et l’élégance de son trait. On gagne tellement, en lecture et en luminosité, en épurant au maximum. Cela n’est pas facile… mais il faut sortir de sa zone de confort et là aussi, l’histoire et le contexte historique le demandaient. Le fait aussi de laisser plus de place à la lumière m’a permis, avec Sébastien Bouët, à la couleur, d’aller chercher des ambiances particulières. Au final nous avons un album lumineux.
Ce n’est pas le 1er story-board que tu réalises (Verdun avec déjà Holgado notamment), c’est un exercice que tu apprécies ?
J’apprécie ce travail de stroyboard car il est le point fondamental de notre travail en BD. J’apprécie aussi de le faire avec Iñaki car il accepte ce compromis : m’avoir sur le dos ! Cela n’est pas évident de partager cette étape .
Parlons un peu de cette magnifique couverture, elle a été longuement réfléchie ?

Comme toutes les couvertures elle est le résultat d’un long travail qui passe par la proposition de divers choix pour n’en sélectionner qu’un seul qui sera approfondi. J’affectionne les couvertures épurées, et dès que j’en ai l’occasion je propose des pistes dans ce sens. Mais, je le rappelle, que j’aime ou pas, c’est avant tout l’histoire qui impose, et là ça s’imposait. Ne restait qu’a trouver une composition simple, une attitude de personnage harmonieuse et une ambiance couleur limpide. L’important est de penser qu’il s’agit d’un diptyque, et que donc il faut réfléchir la couverture de cet album comme une élément d’un ensemble composé du tome 1 et du 2… On n’a pas encore réfléchi à ce second volume. mais la piste, avec le tome 1 est déjà pas mal défrichée.
Peux-tu nous parler de tes prochaines réalisations à venir ?
En temps que storyboarder, nous travaillons avec Iñaki sur le tome 2 de la «Prière aux étoiles» et avons des projets en commun sur le feu… Mais chut !.. Pour ce qui concerne mes autres travaux, je ne chôme pas ! Le tome 6 de la série «Le jour où… » avec BeKa au scénario et Maëla à la couleur qui sortira en septembre 2021 aux éditions BAMBOO (en parlant de couverture épurée, vous ne serez pas déçu !) Par ailleurs, j’ai enfin le plaisir de partager une nouvelle série qui a tardé à sortir (pour cause de Covid) avec CeeCeeMia et Carbone au scénario et Maëla à la couleur aux éditions DUPUIS, «La brigade des souvenirs». Les tome 1 et 2 sortent en septembre 2021 et vous pouvez dès ce mois de juillet, retrouver en pré-publication le premier volume dans les pages du magazine Spirou. Je dois attaquer le tome 3 de cette nouvelle série en parallèle de «A tribord toute, l’histoire de Droite en BD» qui fait suite à «A bâbord toute, l’histoire de la gauche en BD» qui est sortie en Avril 2021 aux éditions DUNOD… Ensuite des choses vont arriver… Mais chut !
Voilà donc un programme chargé pour Marko. J’espère que cet interview vous aura plu et fait découvrir une autre facette d’ un auteur BD.
Un grand merci à lui.
Samba.
Intéressant, merci pour l’interview.
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