Jusqu’au printemps
Auteur : Charles Masson
Éditeur : Delcourt
88 pages
Date de sortie : 17 mars 2021
Genre : tranche de vie, santé, roman graphique.
« Le temps, bien sûr, c’est un sujet sensible en cancérologie. Le temps… Pour nous les médecins bien sûr, mais aussi pour les malades. Le temps qui passe. Le temps qui manque, surtout […] Saleté d’histoire de temps qui manque. »
Présentation de l’éditeur :
Charles Masson est engagé depuis longtemps dans deux métiers très différents, auteur de bande dessinée et médecin. Mais à lire Jusqu’au printemps, on comprend que le résultat est le même : il soigne les gens…
Charles Masson a rencontré Marie en consultation. Arrivée trop tard pour soigner un cancer à la gorge, il va l’accompagner jusqu’à l’issue tristement certaine de sa maladie. Touché par la force de caractère de sa patiente, très isolée, il en apprend davantage sur elle grâce aux confidences de sa meilleure amie, une vie discrète et exemplaire de professeure de CP entièrement consacrée à ses élèves.
Mon avis :
Avant d’être la biographie de Charles Masson, « Jusqu’au printemps », c’est avant tout la vie de Marie, cette belle blonde qui a vécu une existence comme elle l’entendait. Sans contrainte amoureuse, parce que ça ne s’est pas présenté ou par désir d’indépendance – peut-être les deux qui sait – elle a consacré de longues années à ses petits « sans dents », ses élèves à peine arrivés à l’âge où on perd ses premières quenottes.
Tantôt, elle a forcé le destin avec sa meilleure amie pour parvenir à ses fins – comme apprendre à nager en moins d’un mois pour être engagées comme animatrices en colonie de vacances en Corse – tantôt se laissant guider par la vie elle-même jusqu’à ce jour fatidique où les médecins lui annoncent qu’elle a un cancer.
C’était sans connaître Marie, alors devenue une dame âgée ! Elle qui n’a jamais connu la contrainte, si ce n’est celle de son corps vieillissant, ce n’était pas un médecin et son équipe de choc qui allait la clouer au lit. Bien au contraire, la patiente a demandé à ce que, quitte à mourir bientôt, qu’elle arrive au moins au printemps… S’il ne devait lui rester que quelques semaines, quelques mois tout au plus… aller au moins « Jusqu’au printemps » !
Alors quand on découvre cette femme au fil des pages, qu’on apprend à la découvrir grâce aux témoignages de son entourage – et de cette meilleure amie avec qui elle a connu la Corse notamment – on a envie de le lui donner, ce temps, jusqu’au printemps… quitte à lui pourrir son hiver avec une batterie de tests et de traitements.
Avec ce premier tome de la série « Les gens de rien », on se retrouve à accompagner un médecin dans ses rencontres professionnelles. Ces messieurs et mesdames tout le monde qu’il voit passer dans son cabinet, qu’il accompagne, idéalement vers la guérison. Des gens qu’il apprend à connaître plus intimement et qu’il dépeint alors avec un dessin à la fois classique, mais attendrissant. Une poésie en couleurs douces, agréables et variables comme les saisons et les périodes plus ou moins belles de la vie de Marie. Le tout rythmé par sa couleur préférée, le rouge, qu’elle porte en maillot à 18 ans, en marinière, en pull à col roulé, …
Quel beau début de série, émouvant, touchant et simple comme cette femme à qui on aurait eu envie d’offrir tous les printemps du monde.
ShayHlyn.
C’est très touchant ShayHlyn. J’aime ces portraits de personnes de la vie de tous les jours, je trouve qu’ils renvoient à nos expériences, nos rencontres, nos propres vie. Ce que tu nous décris du médecin me fait penser à la Maladie de Sachs de Martin Winckler.
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Ah la poésie et la bienveillance des chroniques de Jeanne !
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