Scénario et dessin : Fabien Lacaf
Éditeur : Glénat
48 pages
date de sortie : novembre 2015
genre : biographie romancée, fiction historique, art
Présentation de l’éditeur
Paris, octobre 1866. En pleine mutation sous l’impulsion du baron Haussmann, la ville-lumière attire tout ce que le monde compte de génie de son époque. Un soir, lors de la première de l’opéra La Vie parisienne, une jeune femme est retrouvée morte égorgée. Entièrement nue, un chiffon sur le visage, les jambes écartées et le sexe en évidence, sa pose rappelle fort étrangement L’Origine du monde de Gustave Courbet. Exposé dans un secret tout relatif chez l’excentrique Khalil Bey, ce tableau fait depuis quelques temps parler de lui dans la capitale. Et alors que d’autres jeunes femmes sont retrouvées mortes dans les mêmes circonstances, la police entrevoit le véritable but du tueur : retrouver le modèle du tableau !
« Ah messieurs, quel plaisir de voir vos visages extasiés ! on dirait des enfants découvrant le mystère de la vie ! … »
Mon avis
Huitième opus d’une série qui s’évertue à rendre accessible à tous l’histoire de l’art. Avec un rythme de parution plus que soutenu puisque le tome 1 est sorti en mars 2015, chaque album raconte l’histoire d’un tableau célèbre, et les mystères qui entourent sa création.
Loin des biographies BD souvent trop rapides, ou du moins aux raccourcis trop fréquents, cette série à la bonne idée de mélanger, de manière plus ou moins subtile, la fiction à la réalité. Pour aider le lecteur à faire la part des choses, chaque tome se termine par un mini exposé sur le peintre et son œuvre dont il est question.
Chef de file du courant réaliste, Gustave Courbet se veut anticonformiste et recherche une notoriété qu’il trouvera rapidement. Reconnu dans le Tout-Paris artistique du XIX siècle, ses toiles ne laissent jamais indifférent et feront à la fois scandale et admiration. La désormais plus célèbre d’entre elles, l’origine du monde, ne fut révélée au grand public qu’en 1995, lorsque les derniers propriétaires s’acquittèrent de droits de succession en cédant la toile à un musée national, le Musée d’Orsay.
Ce tableau, réalisé sur commande pour un riche amateur d’art Égyptien fut donc caché pendant 130 ans. Il était pourtant connu au XIX siècle par le microcosme artistique Parisien. Ainsi le critique d’art Maxime Ducamp décrivit la toile en ces termes :
« Dans le cabinet de toilette du personnage étranger, on voyait un petit tableau caché sous un voile vert. Lorsque l’on écartait le voile, on demeurait stupéfait d’apercevoir une femme de grandeur naturelle, vue de face, émue et convulsée, remarquablement peinte, reproduite con amore, ainsi que disent les Italiens, et donnant le dernier mot du réalisme. Mais, par un inconcevable oubli, l’artisan qui avait copié son modèle d’après nature, avait négligé de représenter les pieds, les jambes, les cuisses, le ventre, les hanches, la poitrine, les mains, les bras, les épaules, le cou et la tête. »
Fabien Lacaf met subtilement en scène la vie de ce tableau et des personnalités artistiques qui l’entoure. Le caractère bien trempé de Gustave Courbet est fort bien décrit ainsi que l’immersion dans le gotha Parisien des arts et des lettres. On y croise au fil des pages Baudelaire, Jules Verne, Alexandre Dumas, Théophile Gauthier, mais aussi le photographe Nadar, le critique Sainte-Beuve et la comtesse de Castiglione.
L’ancrage réaliste de la fiction est alors assuré et Lacaf donne le champ libre à son imagination pour monter une intrigue policière assez amusante à défaut d’être très surprenante.
Ce docu-fiction bien construit est agréable à lire et instructif. Dommage qu’il souffre d’une pagination un peu courte conférent aux 46 planches une sensation de surcharge.
Loubrun
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