Interview de Sacha Goerg…(ou comment prendre la Foire du Livre à l’envers)

IMG_5802.JPG D’origine suisse, Sacha Goerg arrive à Bruxelles dans les années 90 et fonde en 1999, avec ses camarades, la maison d’édition indépendante L’employé du moi. Il s’agit d’une maison composée de réels passionnés de bande dessinée et tournée, dès ses débuts, vers les projets collectifs. Aujourd’hui, 14 ans après, le projet collectif reste au cœur de L’employé du moi même si sa forme a évolué. De simples albums collectifs (Abruxellation, 40075 km comics, Crrisp !,…), on est passé à un évènement collectif (les 24h BD) qui découle sur de véritables albums individuels rassemblés dans la collection vingt-quatre. Parallèlement, ils éditent régulièrement des albums plus « classiques » (H27, I like short songs, Basewood,… parmi tant d’autres). 

 Depuis 2007, L’employé du moi, c’est aussi, entre autres, le site grandpapier.org qui propose une plateforme de publication en ligne de bande dessinée (actuellement plus de 440 auteurs, soit plus de 1500 albums, soit 35270 pages… et oui, rien que ça !).

 

 Présent à la Foire du Livre de Bruxelles 2013 via le stand de son distributeur, Belles Lettres Diffusion Distribution, L’employé du moi bénéficie d’un impact visuel très réduit, noyé sur de grandes étagères entre différents éditeurs logés à la même enseigne (Les Requins Marteaux, 5ème couche, Rackham,… Belles Lettres, c’est plus de 150 éditeurs).

 Sacha Goerg, quant à lui, était présent le jeudi 8 mars pour participer à l’imaginarium BD (projet développé pour la Foire du Livre autour de la BD) et pour une séance de dédicace sur le stand Dargaud. Car l’auteur de Bouture et Rubiah (L’employé du moi) a signé chez Dargaud, La fille de l’eau en janvier 2012. Un album pour lequel il s’est vu récompensé il y a peu par le prix Töpffer remis par la ville de Genève. Donc finalement, le rencontrer à la Foire du Livre du Bruxelles  pour discuter avec lui de L’employé du moi, c’est un peu… prendre la Foire du Livre à l’envers !  Et il y a une certaine logique à ça, faites un tour sur la toile et regardez bien. Chaque fois qu’on parle de Sacha Goerg pour La fille de l’eau, on finit par citer L’employé du moi. C’est le plus malin qui attrape l’autre !

 

 

 

 Samba BD : Que représente un évènement comme la Foire du Livre de Bruxelles pour un éditeur comme L’employé du moi ?

 

 Sacha Goerg : Ça n’a jamais été un évènement majeur pour nous. On ne peut pas se payer un stand, on n’a pas les moyens et donc on est représenté sur le stand de notre distributeur comme plein d’autres gens mais dans des conditions qui ne sont pas toujours idéales. En pratique, c’est l’occasion pour nous de revoir notre distributeur, de discuter avec lui,… mais ce n’est pas l’évènement qui compte le plus.

 

 Un évènement comme Angoulême a plus d’importance pour vous ?

 

 Bien sûr, c’est évident, on peut vendre nos livres, on peut rencontrer le publique réellement. Ici, sous ma casquette d’auteur chez Dargaud, je vais voir du monde et dédicacer mais c’est autre chose. Il y a déjà des dédicaces qui ont été organisées sur le stand des Belles Lettres (distributeur) mais ça ne donne pas grand chose en général.

 

 

 « …on a commencé à faire des livres…je ne sais pas… pour passer du fanzine à autre chose. »



 L’employé du moi existe maintenant depuis plus de dix ans (1999), où en êtes-vous aujourd’hui par rapport à vos débuts ?

 

 Au début, on a commencé à faire des livres…je ne sais pas… pour passer du fanzine à autre chose. Et maintenant, on a une vision beaucoup plus complète du métier d’éditeur pour lequel nous n’étions pas du tout formés.

 

 Vous apprenez le métier au fur et à mesure ?

 

 On commence maintenant à le connaître même si on apprend encore des choses. En dix ans on est parti de rien, on sait comment imprimer un livre, comment préparer sa sortie. C’est énormément de rencontres, de contacts, de projets.

 

 L’employé du moi, c’est énormément de projets collectifs avec les 24h BD, le site grand papier, le site 8p.cx. S’agit-il d’une volonté toute particulière de faire avant tout des projets collectifs ? 

 

 Je ne sais pas, les choses se font un peu naturellement. Il y a des choses différentes là dedans. Pour les projets web, c’est vrai qu’on avait accès à cette technologie peut-être plus tôt que d’autres. Du coup, on s’est dit qu’on avait l’outil et qu’on pouvait surement en faire quelque chose. Ça nous a servi, même avant grand papier avec d’autres projets, à créer un réseau même si on ne l’a pas fait pour ça… On s’est rendu compte que ça générait des liens, des contacts et toute une sphère de gens autour de nous.

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Stunt de Sacha Goerg (collection vingt-quatre)



 « Nous, en tant qu’éditeur, on ne se paie pas. On regarde toujours à ce que l’expérience soit un peu excitante sinon « à quoi bon ? ». »



 Et les 24h BD découlent sur une collection, la collection vingt-quatre

 

 C’était pour essayer de rentabiliser les 24h BD. Quand on fait les 24h, ça termine sur le site mais très vite ça disparaît dans les archives. Du coup, la visibilité est vraiment temporaire. De temps en temps, il y a vraiment des récits intéressants qui sortent de ça. Et donc, on se dit que de cette manière, on peut renouveler cette expérience d’éditeur. Comme nous ne sommes pas payés pour ce qu’on fait (on paie un peu les auteurs mais ce n’est pas grand-chose. Nous, en tant qu’éditeur, on ne se paie pas. On regarde toujours à ce que l’expérience soit un peu excitante sinon « à quoi bon ? ». Je ne tiens pas à faire éditeur à tout prix, j’arrêterai peut-être un jour. Donc voilà, pour nous c’était (les 24h) l’occasion de formater une collection, ce qu’on n’avait jamais fait jusqu’à présent. C’était rigolo de dessiner une collection qui puisse accueillir un ou plusieurs auteurs. Et même graphiquement, la dessiner, c’est moi qui ai passé du temps à ça et c’était très excitant. 

 

 Cette collection devient presque un rendez-vous régulier pour les lecteurs de L’employé du moi. En effet, par intervalles de quelques mois, deux albums sortent (les 15ème et 16ème en mars 2013).

 

 Au début, on s’est dit que c’était une occasion de faire des éditions pas chères et de faire une petite marge dessus parce que, sur les livres classiques, des fois on en fait, des fois on n’en fait pas, ça dépend du contexte. Là on est en train de faire un peu le bilan et ce n’est pas si heureux que ça. Je pense que, peut-être, le format ne correspond pas… On se disait, on en sait rien mais : si on était au Etats-Unis ça fonctionnerait plus parce qu’on est dans un format de livret. Comme pour plein gens dans l’édition en général et pour plein de livres, on a énormément de retours, de livres qui reviennent. Donc, finalement, on en vend assez peu et on arrive même à perdre un peu d’argent mais ce n’est pas très grave. La collection, paradoxalement, commence à bien marcher. A Angoulême, on en a bien vendu. Je crois que les gens on comprit maintenant qu’il y avait cette collection, il faut le temps. Malgré tout, on va terminer la collection. On va faire 24 numéros et puis on va l’arrêter, histoire d’avoir un cycle. Ce n’est pas quelque chose qu’on va garder éternellement. On fait un truc qui nous excite mais, si ça nous excite plus, on doit être capable de l’arrêter.



 « …les collectifs c’est compliqué et ça coute cher à faire. Les libraires n’en veulent plus… »



 Quels sont les futurs projets de L’employé du moi ?

 

 On a un projet collectif mais on n’a pas encore de titre. C’est un projet avec six filles en trois groupes de deux qui vont donner six récits, une quarantaine de pages. Elles travaillent essentiellement au crayon. On avait réfléchi à une thématique mais au final c’est complètement libre. On a mis en contact ces gens pour faire un collectif qui n’est pas vraiment un collectif. Donc pas avec une histoire trop longue et pas avec vingt personnes. C’est une espèce de livre ciblé. Il y aura Noémie Marsily, Joanna Lorho, Joanna Hellgren, Aisha Franz, Amanda Vähämäki, et Julie Delporte. Ça va être un très beau projet collectif. Maintenant le problème des collectifs, c’est que ça devient très dur de vendre des livres en général, les collectifs c’est compliqué et ça coute cher à faire. Les libraires n’en veulent plus… mais je ne sais pas si les gens n’en veulent plus. Ça devient vraiment risqué, malheureusement. Par contre, ça reste une bonne stimulation, ça fait vraiment vivre notre site grand papier mais pour porter le livre après ça va probablement être compliqué.

 

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 Passons par votre actualité plus personnelle. Vous venez de recevoir le Prix Rodolphe Töpffer par la ville de Genève pour votre album La fille de l’eau (Dargaud). Quel est votre sentiment à ce sujet ?

 

 C’est un prix pour un album qui est sorti il y a déjà un an et c’est sympa car, dans le monde des livres, on passe très vite à d’autres choses et là ça remet un peu en lumière le livre. Ça vient de Genève, où j’ai vécu, passé mon enfance et donc c’est aussi une reconnaissance géographique parce qu’avec le temps j’avais l’impression d’avoir pris de la distance même si je retourne à Genève régulièrement. C’est extrêmement flatteur comme prix, je ne pensais pas du tout l’avoir et là je suis vraiment surpris.  



 « …le défendre devant la presse. Pour ça, Dargaud fait un beau travail de relai. »



 A ce sujet, n’est-il pas paradoxal de vous voir chez un autre éditeur ?

 

 Je fais plusieurs choses dans ma vie et à un moment donné je me suis quand même dis que je passais beaucoup de temps à faire de la bande dessinée et que, si je pouvais gagner ma vie avec ça… Donc il faut aller voir quelqu’un qui a les moyens. A L’employé du moi, malheureusement, ce n’est pas pour demain vu comment ça se passe actuellement dans le monde du livre et de la BD, je ne suis pas sûr… Vu que tout le monde paie moins qu’avant et, probablement, payera encore moins demain, je ne sais pas si nous (L’employé du moi), on pourra un jour se payer convenablement.  De plus, il y a la capacité à porter le livre, je n’avais pas envie de porter mon livre dans ma propre structure et le défendre devant la presse. Pour ça, Dargaud fait un beau travail de relai. C’est une équipe de gens qui ne font que ça, qui le font bien, dont c’est le métier et qui sont capables d’obtenir des papiers. C’est con mais je suis content d’être chez un plus gros éditeur pour que quelqu’un fasse ce boulot là pour moi et porte le livre au maximum. 

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La collection vingt-quatre



Propos recueillis par William à l’occasion de la Foire du Livre de Bruxelles 2013.



Je clique chez:

Sacha Goerg

 

 

FOCU

focu.jpgFocu : tu ne diras pas faux-cul, tu diras plutôt Focu !

Résumé de l’éditeur : « Depuis toujours, vous rêvez de dire ses 4 vérités à un collègue, ami, parent, prof ou supérieur hiérarchique, mais la peur des éventuelles représailles vous a toujours empêché de passer à l’action ? : vous êtes victime dela PBS(peur du break social) et avez besoin d’être aidé.

Par son art de la périphrase, Focu va, au fil de cet ouvrage, vous donner les clés pour réagir aux situations borderline du quotidien, ainsi, vous pourrez bientôt balancer les skuds les plus féroces tout en donnant à votre interlocuteur l’agréable sensation d’être brossé dans le sens du poil.

Diego Aranega. Président dela Fédération Françaisede Tact. »

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Focu est surtout un vieux (car il s’agit d’une réédition de Les 110 commandements de 2003) concept qui tient en deux cases. Une case tu ne diras pas et une autre tu diras plutôt. Chaque gag est décliné sur cette base et c’est très drôle…un certain temps en tout cas. Car cette même déclinaison étendue sur 112 pages devient répétitive mais l’album bénéficie d’une lecture très rapide (en 10 minutes le tour est fait) qui joue donc en sa faveur. De plus, la qualité humoristique est très variable même si la plus part du temps elle est au rendez-vous.

 

Le dessin de Diego ARANEGA, qui officie surtout comme dessinateur de presse, est à l’image des gags, assez relevé. Les personnages sont grotesques, moches et franchement idiots (sauf votre humble Focu bien sur). L’album, c’est-à-dire l’objet, est très graphique et plein de couleur vive qui le rendent très…pop ! Focu est donc le cadeau idéal à offrir au adepte de la lecture sur toilette (ne faites pas l’innocent). C’est rapide, facile et ça change les idées un court instant…

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Le + : Un petit album sympathique très graphique et presque toujours drôle.

 

Le – : Le concept devient très vite répétitif et fini parfois par tomber à plat. 


Infos: scénario et dessin, Diego ARANEGA; éditeur, PAQUET; prix, 8 euros.


William

LANFEUST ODYSSEY, La grande traque

LanfeustOdyssey4.jpg20121203102617_t4.jpgLanfeust Odyssey, est-ce assez ?

Résumé de l’éditeur : Lanfeust, accompagné de ses 4 nouvelles épouses et d’Hébus, est parti à la recherche de Ryplëh, le jeune sage du Conservatoire d’Eckmül, témoin de l’assassinat de Nicolède et le seul à pouvoir l’innocenter de ce crime. Mais Qynostre, le sage devenu Vénérable, a lancé à sa poursuite Zakhöl, le terrible demi-troll. Il doit retrouver Ryplëh avant Lanfeust et à tout prix l’éliminer, s’il veut garder les pleins pouvoirs….

 

Que dire de plus sur la saga Lanfeust qui n’ait déjà été dit (car on a déjà dit tout et n’importe quoi) ? Ce n’est un scoop pour personne,la saga Lanfeust est fatiguée, épuisée, à bout,… bref, y a-t-il encore quelque chose à en attendre ? La réponse est : non (comme ça c’est clair une bonne fois pour toutes). Souvenez-vous avec nostalgie du cycle Lanfeust de Troy qui a vu le jour en 1994 (si si ! bientôt 20 ans) et faites votre deuil car cette époque merveilleuse est terminée, révolue. Lanfeust des étoiles, le cycle suivant, annonça très rapidement la couleur. Lanfeust allait devenir une saga en mode automatique qui au fur et à mesure allait abandonner ses milliers de fans sur le bord de la route d’Eckmul, les laissant pleurer sur leur triste sort et embrasser avec tendresse leurs vieux albums de Lanfeust de Troy…snif, snif !

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Mais restons honnête, à ce jour le plus gros défaut de la saga, et de Lanfeust Odyssey plus particulièrement, c’est le poids de Lanfeust de Troy qui marqua son époque comme on le sait. Si vous parvenez à faire abstraction de ce détail (de taille, on vous l’accorde), vous découvrirez une série d’importance mineure mais qui, malgré tout, garde assez de qualité pour évoluer au-dessus de la mêlée (de l’héroïque-fantasy BD, entendons nous bien). Même si Arleston semble être surtout devenu la vache à lait des éditions Soleil et que Tarquin semble offrir un trait moins régulier qu’auparavant, n’oublions pas les deux génies qu’ils ont été et les bons moments qu’ils nous ont fait passer. Ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a plus rien à en tirer. Car en effet, ce tome 4 est probablement le plus réussi de ce cycle Odyssey. Le cocktail humour/ aventure semble au rendez-vous après deux premiers tomes très médiocres et un troisième qui remonte la pente (on revient de loin) durement mais sûrement.

 

Le + : On retrouve Lanfeust dans ce tome 4 qui est jusqu’à présent le meilleur album du cycle Odyssey.

 

Le – : Pour apprécier le Lanfeust d’aujourd’hui, il faut faire le deuil du Lanfeust d’hier et ça…c’est pas forcément évident. 


Infos: scénario, ARLESTON; dessin, TARQUIN; éditeur, SOLEIL; prix, 13.95 euros.


William

HERCULE, Le sang de Némée

album-cover-large-17241.jpgalbum-page-large-17241.jpgHercule, un univers de science-f(r)iction !

 

Résumé de l’éditeur : Hercule est un puissant Merk, mi-homme, mi-extraterrestre grâce aux greffes cellulaires, il n’a pas peur de la mort. Une part de lui est déjà morte : hanté par le crime commis sur sa femme et ses enfants, il doit expier en acceptant les ordres, même les plus fous, des officiers. Hercule n’a pas le choix, il doit traquer des extraterrestres se crashant sur des planètes colonisées par des humains. Sa première mission sera de tuer le lion de Némée, dont le vaisseau s’est crashé et qui protège sa femme très gravement blessée. Il a besoin du sang des humains qui vivent sur place pour la guérir… Le combat entre Hercule et le lion sera aussi sauvage qu’émotionnel… et réveillera de bien douloureux souvenirs dans l’esprit de notre héros.

 

Tout le monde a déjà entendu parler du personnage mythique Hercule, le demi-dieu à la force démesurée, et de ses « fameux » douze travaux. Cette nouvelle série chez l’éditeur Soleil vous propose de transposer cet univers mythologique dans un univers S-F très sombre en gardant uniquement la trame principale. Le choc visuel est remarquable, l’impact scénaristique l’est moins…

 

On doit Hercule, version science-fiction, à Jean David Morvan, le scénariste qu’on ne présente plus et qui fait les beaux jours d’un grand nombre de séries (et d’éditeurs). Un auteur qui a souvent de brillantes idées de départ mais qui, au final, produit des scénarios plutôt conventionnels. Et ce nouveau Hercule ne déroge pas à cette règle. Force est de constater qu’il se passe peu de choses et que des raccourcis narratifs sont pris assez grossièrement.

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La réussite de cet album doit essentiellement à son univers visuel, son dessin, ses couleurs … autrement dit à Looky, dessinateur et coloriste. Ce jeune artiste encore assez peu connu a rejoint la série Nocturnes rouges au tome 5 alors qu’il n’avait pas encore quitté les bancs de l’école. Aujourd’hui, il signe dessin et, pour la première fois, couleurs…et quel travail ! L’un des problèmes majeurs chez Soleil est que leurs couvertures sont toujours pleines de promesses d’un point de vue graphique et que la déception est souvent au rendez-vous. Mais pas cette fois, Looky impose avec énormément de talent un univers S-F très sombre à tendance cyber-punk. Rien que le travail sur le personnage d’Hercule est saisissant : un mélange de sueurs et de muscles, casque romain version S-F (et qui à l’intérieur tient plus du masque d’Iron-man), tatouages façon Hell’s Angel’s, armes en tous genres (grosses lames et gros pétoirs) et coupe punk. Pour couronner le tout, les couleurs sont au rendez-vous et visent très juste. Elles sont en parfaite harmonie avec le dessin et donnent de subtiles sensations de filtres colorés (bleuté, rouge,…).

 

Le + : Un choc visuel saisissant pour cette version S-F d’Hercule. Looky, le jeune dessinateur et coloriste, impressionne par son talent. Un artiste et une série à suivre.

 

Le – : Au-delà de la brillante idée originale, le scénario de Morvan est décevant. Bref, c’est du Morvan


Infos: scénario, Jean David MORVAN; dessins et couleurs, LOOKY; éditeur, SOLEIL; prix, 13.95 euros


William

Lincoln T7, Le fou sur la montagne – Interview de Jérôme et Olivier JOUVRAY

Jérôme jouvray, olivier jouvray, anne-claire jouvray, jouvray, lincoln, paquet, westernJérôme jouvray, olivier jouvray, anne-claire jouvray, jouvray, lincoln, paquet, westernAmérique, fin du 19ème siècle, Lincoln devient orphelin et est élevé par des prostituées. Son destin ne semble pas des plus heureux. Il vagabonde à travers le pays, emportant avec lui sa mauvaise humeur permanente. Dieu en personne va tenter de faire briller Lincoln dans des exploits héroïques, et au passage le rendre immortel, mais c’est sans compter sur les interventions du diable, qui prend beaucoup de plaisir à titiller les plans de Dieu, et le manque de bonne volonté de Lincoln.

 

Nous avions abandonné Lincoln il y a trois ans en pleine déception amoureuse, pour le retrouver aujourd’hui dans ce tome 7, Le fou sur la montagne, coupé du monde (ou presque) cherchant l’isolement (moins il voit Dieu et le diable, mieux il se porte) et la paix.

 

Après une longue absence (trois ans) revoici Lincoln, une des séries phares des éditions Paquet qui, depuis son début en 2002, a déjà dépassé les 150 000 exemplaires. Des résultats enviés par beaucoup car ils s’associent à de bonnes critiques. Et Le fou sur la montagne ne déroge pas à la règle, car nous sommes en présence de l’un des meilleurs albums de la saga. On retrouve l’humour des débuts dans un vent de fraicheur qui est probablement le signe d’une série qui va encore durer.

 

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Lincoln est également une histoire de famille, car en effet Olivier Jouvray (scénariste) est le frère de Jérôme Jouvray (dessinateur) qui lui est marié avec Anne-Claire Jouvray (coloriste). Contacté par courriel, Jérôme et Olivier ont accepté de répondre à quelques questions pour Samba BD, petit retour en arrière sur la série…

 

Quelques questions à Jérôme, dessinateur…

 

Jérôme jouvray, olivier jouvray, anne-claire jouvray, jouvray, lincoln, paquet, westernSamba BD : Votre style est très aisément reconnaissable, qualité rare de nos jours. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré, de quoi se nourrit votre trait?

Jérôme Jouvray : D’abord, merci… Un petit compliment ça fait toujours plaisir, je le prends !!!
Mes premières influences étaient mes lectures de jeunesse : Bilal, Moebius, TardiJanry aussi… Qu’est ce que j’ai pu recopier les planches de Spirou à New York ou VirusFranquin est arrivé plus tard… Et puis quand j’ai publié mes premiers albums c’était DeCrecy, Blutch surtout… Quand Blain est arrivé je me suis dis « mince, c’est ça que je voulais faire en fait »…  
Aujourd’hui j’ai l’impression que je commence à digérer ces influences… Je commence à trouver ma façon de faire…

Si on compare le tome 1 avec le 7, on peut se rendre compte que votre approche a évolué. Les planches et les cases deviennent plus denses, plus détaillées et le découpage est moins fixe. Pouvez-vous nous expliquer cette évolution?

Je me rends bien compte que mon dessin évolue encore et je ne fais rien pour freiner ça… Je me laisse aller en fonction des projets, en fonction des contraintes de scénario… J’ai l’impression d’être moins synthétique qu’avant, d’aller parfois vers plus de réalisme. J’en discutais avec Jean-Philippe Peyraud (Premières chaleurs chez Casterman, d’autres larmes chez treize étrange…) C’est assez troublant, nous sommes attirés par un dessin plutôt stylisé, presque cartoon depuis nos débuts et plus ça va plus on va vers le réalisme… Alors, oui, comme je le disais, il y a une évolution naturelle, on progresse. Et il y a les contraintes en fonction des projets. La Pès Rekin par exemple (Scénario de Stéphane Presle chez Futuropolis) a été un vrai tournant chez moi… Une étape dans ma façon d’aborder les décors entre autre… Mais j’essaie quand même de garder un côté cartoon dans les attitudes et les expressions de mes personnages…
Une autre raison de cette évolution, c’est aussi le plaisir que j’ai à changer de technique, d’outils, de papier, de format d’un projet à un autre… ça aussi, ça permet de tenter des choses… Même au sein d’un même album. C’est Alfred (Pourquoi j’ai tué Pierre, Le désespoir du singe chez Delcourt) qui m’a décoincé à ce niveau-là. Il se permet de changer d’outil, de passer du pinceau au stylo bic dans la même planche… Avant j’étais un puriste d’un seul outil pour tout l’album… Aujourd’hui j’ai un petit pinceau fin mais je n’hésite pas à utiliser un gros pentel pour les premiers plans et une plume pour les petites choses à l’arrière plan… Le but du jeu étant que l’ensemble du dessin reste cohérent… Et joli aussi, tant qu’à faire…

Au fur et à mesure de la saga, différents contextes historiques apparaissent, on sort à plusieurs reprises du cadre du western standard. Cela modifie-t-il votre travail, votre façon de vous documenter?

La documentation, c’est mon frère de scénariste qui s’en charge !!! De toute façon, lui, il en a besoin pour ne pas écrire n’importe quoi sur les périodes qu’il veut traiter… Après, il me file tout ce qu’il a trouvé… Parfait pour moi ! Du coup ça rejoint ce que je disais plus haut, plus on se place dans un contexte historique important pour l’album, plus il faut être précis et « réaliste »…

Voilà 10 ans que vous dessinez Lincoln. On imagine que vous vous êtes attaché au personnage. Prêt à signer pour 10 ans de plus?

Sans problème… C’est un personnage vers lequel on aime revenir avec Anne-Claire et Olivier… Et puis, comme on le trimbale dans des univers à chaque fois assez différents, on ne s’ennuie pas ! Alors, oui, on continuera à bosser chacun de notre côté pour d’autres projets, d’autres éditeurs, d’autres scénaristes pour varier les plaisirs mais Olivier est déjà en train d’écrire le T8 et on peut déjà l’annoncer pour 2013 ! Et là encore, ce sera très différent…

 

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Autoportrait de Jérôme Jouvray


…et quelques questions à Olivier, scénariste.

 

Jérôme jouvray, olivier jouvray, anne-claire jouvray, jouvray, lincoln, paquet, westernSamba BD : Comment est née la saga Lincoln? Un pitch comme celui-ci : un cow-boy anti-héros que Dieu tente inlassablement de transformer en héros, cache-t-il une idée spontanée ou un long travail de construction?

 

Olivier Jouvray : Non c’est venu très vite. De l’envie de faire un western, de proposer un héros râleur et pénible, et de le confronter comme tout bon héros à des choix moraux récurrents. J’ai juste eu l’idée de personnaliser les notions de bien et de mal. J’ai écrit le scénario du tome 1 en seulement quelques semaines. Tous les tomes suivants ont nécessité plus de travail et plus on avance dans la série et plus ça demande du temps de construction. 

 

Lincoln est souvent blessé par les circonstances de la vie, certaines blessures semblent même très profondes. Vous ne l’épargnez pas beaucoup. Pouvez-vous nous en dire plus?

 

Un héros vit de la crise, son gagne pain, ce sont les emmerdes. Mais là où les héros de mon enfance pouvaient traverser toutes sortes d’épreuves et en ressortir sans séquelles, j’ai eu envie que notre personnage soit plus humain et donc plus vulnérable. Vu que physiquement, il ne peut rien lui arriver, psychologiquement, il doit évoluer. 

 

La série s’inscrit de plus en plus dans des contextes historiques très précis. Envie de sortir Lincoln du western? Que nous réservez-vous pour la suite?

 

J’ai choisi dès le départ de placer l’histoire au début du XXème siècle plutôt qu’à la grande époque des cow-boys. C’est une époque à laquelle dans les bleds du Texas on se tirait encore dessus à coups de colts et dans le même temps à New-York on construisait des buildings et on se déplaçait en métro. Donc simplement en déplaçant Lincoln d’un endroit à l’autre du pays, je le fais voyager dans le temps. Les éléments historiques sont de plus en plus précis dès qu’il se retrouve dans des endroits avec des décors complexes. Ça fait aussi partie du plaisir d’écriture. Rester toujours dans des décors de désert avec quelques baraques en terre et des cactus, ce serait vite pénible et peu stimulant. Même si ce serait plus facile pour Jérôme ! Quant à savoir ce qu’il adviendra à l’avenir, je garde la surprise. Je suis en train d’écrire le tome 8 mais je n’ai pas encore de plan pour après. J’écris les tomes les un après les autres sans savoir où je vais. Il n’y a pas de plan. 

 

Dans ce tome 7, l’humour ne repose plus autant sur Lincoln mais sur des personnages secondaires. Une nouvelle approche?

 

La série Lincoln est tout à la fois mon premier personnage, ma récréation et mon laboratoire d’expériences. À chaque tome je me pose de nouvelles questions et j’essaye d’aborder l’écriture avec de nouveaux défis. Effectivement dans le tome 7 j’ai voulu créer des personnages secondaires particulièrement corsés pour voir comment c’est perçu. Dans le tome 2 j’ai voulu aborder la question indienne sous un angle un peu inédit, dans le 3 nous avons testé la résistance d’un héros à des coups répétés, dans le 4 on à voulu voir si nous pouvions faire grossir notre héros, dans les 5 et 6 on a voulu à la fois développer une histoire sur deux tomes et dans le même temps, mettre Lincoln en retrait au profit d’une héroïne. Dans le tome 8 je tente encore autre chose. Jérôme de son côté aussi s’autorise des changements d’outils pour tester des choses. Je pense que c’est en prenant des risques, en provoquant des accidents, des choses inattendues qu’on peut inscrire une série dans la longueur. 


Infos:

Dessin: Jérôme Jouvray

Scénario: Olivier Jouvray

Couleurs: Anne-Claire Jouvray

Pages: 48

Editions: PAQUET

Prix: 11,50 euros



Chronique et propos recueillis par William

Supplément d’âme

supplement-d-ame-bd-volume-1-simple-40623.jpgSupplementAme_13-J11.jpgRésumé de l’éditeur : À Dublin, tous les jours, un homme à l’allure rondouillarde et anodine, traverse la ville pour se rendre sur le port et toujours s’installer au bout d’un quai, pour tranquillement déjeuner. Il fait tout pour passer inaperçu. Nul ne sait qui il est, mais pourtant tout le monde l’épie. Pour les uns, il est muet, pour d’autres, c’est un auteur qui prépare un ouvrage sur la vie des mouettes ou des poissons, voire sur l’origine des espèces. Pour Willie, artiste en mal d’amour, c’est son modèle anonyme, qu’elle façonne en grand oiseau, avant de déposer incognito ses sculptures dans la ville. Et pour nombre de personnes, qui travaillent dans l’énorme immeuble vitré, situé en face du quai, il est celui qui règle leurs vies à l’heure du lunch, et leur donne l’occasion de parier entre collègues sur l’heure exacte de son d’arrivée. Ils sont très nombreux à s’être attachés à cette figure familière. Personne ne sait non plus que cet homme, sans le faire exprès, via quelque réseau social sur Internet a provoqué, grâce aux rêves, la paix dans le monde… Mais un jour, il ne vient pas déjeuner. La stupéfaction, puis l’inquiétude pousse tout un chacun, à commencer par Willie, à se rendre au bout du quai…

 

Avis aux amateurs de bd lente, cet album est pour vous. Alain Kokor (dessin, scénario et couleurs) nous sert un récit romantique sur des sujets qui dégoulinent d’idéalisme tel que l’amour et la paix dans le monde. Tout ceci semble très noble mais, malheureusement, l’auteur se perd dans la dimension métaphysique qu’il a voulu donner à son histoire. Le tout finit par ressembler à un grand foutoir rempli de zones d’ombre et de questions sans réponses. Et c’est très dommageable car le lecteur finit par s’ennuyer assez rapidement. Nous sommes assez d’amateurs de David Linch pour savoir qu’on peut apprécier  le flou (artistique?) scénaristique mais uniquement quand il est suffisamment maitrisé.

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Le+ : Une belle tentative de récit poétique sur l’amour, la paix dans le monde et d’autres sujets tout aussi romantiques…

 

Le- : …qui s’égare dans sa dimension métaphysique. On finit par s’ennuyer.

 

Infos en vrac

Parution : juin 2012

Prix : 19 euros

Dessin, scénario et couleurs : Alain Kokor

Pages : 128

Editions : Futuropolis


William

CHRISTOPHE CAZENOVE, la grande interview.

cache_2414468546.jpgNous avions rendez-vous à Bruxelles, au « Comics Café » la brasserie du village de la bande dessinée. Un lieu exceptionnel qui marie brasserie, restaurant et librairie. L’endroit idéal pour rencontrer Christophe Cazenove, scénariste très prolifique des éditions Bamboo. Cet auteur fête un anniversaire un peu spécial. En effet ; voilà déjà 10 ans que Christophe, salarié d’une enseigne de la grande distribution, a envoyé ses premiers projets de scénario à Olivier Sulpice et Henri Jenfèvre. Depuis, les séries pleuvent : Les gendarmes, Les pompiers, Les Sisters, Basket dunk, L’auto école, Les fondus…, Les footmaniacs, Les aventures de Gullia, Les petits mythos, et bien d’autres.  Des albums parfois critiqués, souvent par ceux qui ne les ont même pas lus et qui ont pour principale qualité d’envoyer balader la bd faite par l’élite pour l’élite. Cazenove, c’est la bande dessinée populaire dans le sens le plus noble du terme.

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Fabrice ERRE, l’interview illustrée.

2205069419.jpganimal_a_20_ans300.jpgDernièrement paressait Z comme Don Diego aux éditions Dargaud. Une franche réussite dans laquelle Fabrice Erre, le dessinateur a su imposer son trait comme une évidence aux gags de Fabcaro, scénariste. Cet album très drôle marque le début d’une saga qui, on l’espère, actionnera encore très souvent nos zygomatiques.

 

Depuis ce 18 mai, il est également chez votre libraire dans un album collectif qui célèbre les 20 ans des éditions 6 pieds sous terre.

 

Fabrice Erre a accepté de se livrer à une interview illustrée pour Samba BD. Il s’agit de cinq phrases à complèter par dessin.


Mon travail est influencé par…

Mon parcours pour arriver jusqu’e » Z comme Don Diego » était…

Je rêve de…

Mes héros préférés sont…

Dans la vie, il y a la bande dessinée et…


Un exercice difficile mais que le dessinateur a réussi avec beaucoup d’humour et de sérieux. Une belle occasion de découvrir un auteur à suivre absolument.  


 

interview illustrée,erre,z comme don diego,6 pieds sous terre


William


Z comme Don Diego, tome 1, Coup de foudre à l’hacienda

2205069419.jpg2205069419_1329491724 copier.jpgUn cavalieeeer qui surgit hors de la nuiiiit (air connu). Tout le monde connaît le héros masqué Zorro ainsi que sa véritable identité Don Diego de la Vega. Z comme comme Don Diego rassemble ses aventures et ses déboires. Don Diego lutte au quotidien pour maintenir l’ordre ainsi que son identité secrète tout en tentant de séduire la belle Sexoualidad.  


 Don Diego affiche un sérieux problème de double personnalité qui donne lieu à de véritables situations burlesques.


 
9782205069419-pjhgtfage3-I400x523 copier.jpgZ comme Don Diego
est une version de Zorro à la sauce vitriol et gag hilarant. On passe du célèbre héros au pitoyable anti héros pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques. Dès les premières pages de l’album, on pense furieusement à la collection poisson-pilote de Dargaud et plus précisément à la série Le retour à la terre de Larcenet et Ferri (thème mis à part) ; le format est identique et on retrouve également des gags en deux strips qui pratiquent avec frénésie l’humour de répétition. Le dessin de Fabrice Erre est à première vue très simple, souple et dégagé du superflu, mais il s’impose progressivement comme une évidence. Les tronches et leurs expressions sont de véritables tremplins pour les gags et les dialogues brillants de Fabcaro.

 

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Z comme Don Diego était dans un premier temps présent sur la plate-forme My Major Company BD mais n’a pas rencontré ses internautes et n’a pas atteint les 10.000 euros minimum pour être édité. Comment retrouve-t-on l’album chez nos libraires aujourd’hui ? MMC BD propose un financement participatif, et pas exclusif, de bande dessinée. Chaque album présent est déjà assuré d’être édité, libre aux internautes de participer à l’aventure ou non. Pour Z comme Don Diego, on se demande ce qui a pu se passer. Vu le style de l’album, on a peine à croire qu’il ne puisse trouver son public, d’autant que Dargaud annonce actuellement deux albums de cette saga par an.

 

Le + : Une nouvelle série qui démarre sur des chapeaux de roue. Un véritable univers hilarant et bien réapproprié par ses auteurs. Une réussite comme on en voudrait plus souvent.

 

Le – : Cet album est édité comme une œuvre My Major Company BD Dargaud alors qu’il n’en est rien. Il trouverait probablement mieux sa place dans la collection poisson-pilote.

 

 

Infos en vrac

 Série

Parution : avril 2012

Prix : 10,60 euros

Dessin : Fabrice Erre

Scénario : Fabcaro

Couleur : Sandrine Greff

Editions : Dargaud


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W comme William


Pour un peu de bonheur, tome 1, Félix

yvpxX_POUR_UN_PEU_DE_BONHEUR_T1.jpgPlancheS_32310.jpg1919, Félix revient dans son village natal après être parti six années pour la guerre. Il garde les marques d’un obus sur une moitié du visage qu’il prend soin de dissimuler. Un retour difficile dans son foyer s’annonce. En parallèle, un mystérieux tireur abat des bêtes de paysans locaux.

 

Pour un peu de bonheur bénéficie du soutien du Service de santé des armées du Ministère de la défense. Et pour cause, cette œuvre traite du sujet délicat des gueules cassées (les blessés de guerre au visage). Cette première édition contient, en supplément, un cahier de 8 pages qui vous en dira plus sur ce sujet en évitant soigneusement les photos et images chocs.

 

Le regard des autres, la réinsertion sociale, le village, la famille, l’infidélité…le retour de Félix n’est pas un long fleuve tranquille.

 

 

Laurent Galandon, le scénariste, ne se contente pas de parler de la réinsertion de Félix dans sa famille et son village, il vient greffer sur cette trame une intrigue policière. Le point faible de Pour un peu de bonheur se situe à ce niveau, le scénario hésite entre policier et tableau social sur les vétérans de guerre. Les deux parties sont réussies mais refusent de fusionner pour créer une seule histoire fluide. Au final, l’album prend la forme d’une mise en place trop longue, on arrive à la dernière page et il reste un goût de trop peu.  

 

Le dessin de A.Dan nage un peu au milieu de ces deux histoires qui ont de la peine à cohabiter. Il semble ne s’orienter vers aucun des deux genres et donc il ne peut jamais vraiment décoller. Le trait est souple et régulier mais ne parvient pas à prendre aux tripes.

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Le + : Une œuvre qui traite d’un sujet peu connu avec justesse et évite soigneusement et intelligemment de choquer.

 

Le – : Cet album prend la forme d’une trop longue mise en place. Comme il s’agit d’un dytique, il ne reste qu’un album pour conclure. On voit mal comment réussir ce tour de passe-passe.

 

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Infos en vrac

Tome 1/2

56 pages

Prix : 13,90 euros

Parution : mars 2012

Dessin et couleur : A. Dan

Scénario : Laurent Galandon

Editions : GRAND ANGLE


William

L’EXPEDITION, tome 1, Le lion de Nubie

Mazarano, Frusin, L'expédition, Dargaud, Mazarano, Frusin, L'expédition, Dargaud, Egypte, douze ans après sa conquête par l’empire romain, une barque à la dérive est découverte. Elle contient le cadavre d’un homme qui éveille beaucoup de curiosité.


Il porte des tatouages mystérieux, et transporte avec lui beaucoup de richesses. L’homme semble appartenir à un peuple encore inconnu. D’où vient-il et d’où viennent toutes ces richesses ? Voilà les questions auxquelles tente de répondre Marcus Livius en montant une expédition.

 

 

Mazarano, Frusin, L'expédition, Dargaud,

L’expédition est, en quelque sorte, le juste milieu entre Murena (Dufaux et Delaby), pour le coté politique et géopolitique romain,  et 300 (Frank Miller), pour l’action. On peut même parler de référence à la BD et au film 300. En effet, l’impression de couleur saturée et le clair/obscur un peu forcé sont deux éléments marquants du visuel de 300, le film, comme dans ce premier tome de L’expédition. La couverture est très explicite à ce sujet, la tache de sang dans le titre est un détail qui ne trompe pas. Ne boudons pas notre plaisir, cette œuvre est un vrai bonheur visuel même s’il n’est pas innovant. Le trait appuyé de Marcelo Frusin ravira un large public. Les expressions, les visages sont durs, sombres. Nous avons droit à un dessin viscéral et un découpage très réussi.

 

mazarano,frusin,l'expédition,dargaudRichard Mazarano est le génial scénariste de Le complexe du chimpanzé chez Dargaud. Un triptyque qui voyait revenir sur terre Neil Armstrong et Buzz Aldrin dans leur capsule spatiale…en 2035.

 

Un premier tome très alléchant pour une saga qui se destine à comporter 4 volumes. D’un point de vue scénaristique, Richard Marazano excelle dans la mise en place de cette expédition. Il parvient à installer un réel climat de mystère sur ce voyage vers l’inconnu, vers d’autres croyances et cultures. Les dialogues sonnent juste sans vraiment atteindre la qualité que l’on trouvait dans Murena mais sont très nettement supérieur à ceux, écrit à la truelle, de Les aigles de Rome (Marini).

 


Le + : Une belle mise en place, une tension et un mystère palpables, un dessin et des couleurs réussis, ce premier tome de L’expédition est une pure réussite.

 

Le – : Rien d’innovant au programme. Ça va être difficile de sortir du lot.

 

Infos en vrac

 

Série, tome 1/4

Prix : 13,99 euros

56 pages

Parution : février 2012

Dessin : Marcelo Frusin

Scénario : Richard Marazano

Editions : DARGAUD


William

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