Trillion Game T3

Scénariste : Riichiro Inagaki
Dessinateur : Ryoichi Ikegami
Editeur : Glénat
Genre : Finance
Sortie : le 15 mars 2023

Avis de l’éditeur :

Afin de soutenir leur business floral dopé à la fausse intelligence artificielle, Haru et Gaku changent de métier. Les voilà… hôtes de charme dans un bar ?! Haru dévoile une nouvelle feuille de route destinée à accumuler un trillion de dollars. L’élément clé de son plan est un homme qui a subi un terrible revers par le passé…

Mon avis :

Haru & Gaku poursuivent leur itinéraire menant à la cagnotte du milliard d’intérêt. La fourberie de l’un et l’ingéniosité de l’autre portent chaque jour leurs fruits, mais à force d’amasser de solides pactoles, d’énormes chefs d’entreprises souhaitent jeter leur dévolu sur leur « Managering ».

Entre marquer de grands coups de pubs, profiter de l’occasion pour exercer en tant que hôtes dans des bars sélectionnés sur le volet, ou encore sponsoriser l’image de marque de l’entreprise en invitant de grosses pointures de l’univers des jeux vidéos, il va sans dire que leur ascension ne laisse personne indifférent.

Parvenu à ce stade de l’histoire, lorsque nous nous épanchons sur ce 3^ème volet de la saga Trillion Game, on a davantage l’impression de se laisser bercer par un récit plutôt fantaisiste que réaliste. Certes, les tuyaux de la réussite sont présentés de telle manière que dans la vrai vie, il paraît bonnement impensable que cela se déroule de manière si tirée par les cheveux. On perçoit clairement où le scénariste Riichiro Inagaki souhaite nous embarquer, mais on demeure quelque peu perplexe face à de telles mises en scène.

C’est ainsi que l’on se retrouve impliqué dans un melting pot de tous les diables, parsemé de dialogues loin d’être subjugants pour la cause, de termes techniques qu’il faut assimiler et digérer, avec une chute pas piquée des hannetons.

De plus, avec un certain recul, le trait signé Ryoichi Ikegami manque tout de même un peu à nos attentes, loin de son style irréprochable qu’on lui connaît sur ses précédentes œuvres. Certes, quelques planches indiscutables rayonnent de par leur finesse et leur enchantement, mais de manière générale, le lecteur aura tendance à souffler d’effort et de contrariété, puisqu’on nous bassine les mêmes portraits bling bling tout du long.

Les protagonistes demeurent bien trop rigides comme figés, sans mouvement. Et que dire de leur rictus à répétition copie-conforme avec leur sourire forcé. Tout est de loin trop facile dans ce script, comme pour les techniques graphiques qui reproduisent quasiment page après page, pareilles constructions.

Pour ce qui est de la cause, ne cherchez pas très loin. Comparativement avec Crying Freeman, Heat ou encore Sanctuary, des œuvres poignantes et cultissimes, la violence, l’indécence, la noirceur de l’humain transpiraient  sur chaque planche. Certaines séquences tellement chocs n’auraient même pas été homologuées pour un film d’action mafieux tellement l’oppression claustrophobique aurait dérangé.

Trillion Game se la joue gentil, frotté dans le sens du poil (mais évidemment pas le bon), et nous trouble l’espace d’un instant, tout au plus, grâce à de grands noms imprimés sur une couverture mais ça s’arrête à peu près là.

A moins d’un retournement de situation à 360°, la trame reposera sur des techniques de vente assez surprenantes, nous bluffera peut-être au tournant, mais est-ce réellement ce schéma que l’on s’attend lorsqu’on énumère les magnats de la finance ? Pas sûr.

Coq de Combat