Scénario : Luxi
Dessin : Luxi
Éditeur : Sarbacane
Date de sortie : 4 janvier 2023
192 pages
Genre : récit de voyage
« Une Chine productiviste et relativiste dépassée par sa modernité, où l’individu ne compte pas, ou plus personne ne peut circuler. Un pays dont les rouages et les idées grincent. »
Présentation de l’éditeur
En 2015, Luxi, étudiante chinoise en cinéma à Paris, décide de partir dans son pays natal avec son copain français pour y réaliser son documentaire de fin d’études sur sa copine, Fanfan, professeure des écoles et lesbienne dans une région rurale très pauvre. Cette dernière est persécutée par sa famille, ses voisins, ses collègues, et plus largement par le régime chinois, qui n’admettent pas son homosexualité. Sur place, alors que le tournage est sur le point de se terminer, les amis se font arrêter par la police après avoir été dénoncés par des villageois… Au bout de quelques jours d’interrogatoire, la police décide de les laisser partir mais après avoir détruit les dizaines d’heures de rush du documentaire.
Ceci est le making-of inédit de ce film qui ne verra jamais le jour…

Mon avis
Luxi annonce la couleur dès le début du récit : elle va se retrouver mise en garde à vue, enfermée dans une pièce qui semble capitonnée. Elle enchaine son introduction par un : « Comment je me suis retrouvée dans cette galère ? » qui donne accès à un retour en arrière simple mais efficace, cinq mois plus tôt.
C’est efficace car on en oublie, plongé dans la lecture du périple de l’héroïne et de ses amis étudiants, cette histoire d’emprisonnement qui réapparait presque comme par surprise…effet narratif réussi tant la stupéfaction des protagonistes, vive et totale, s’est avérée communicative alors même que l’événement était annoncé.
Le making-of du film d’étudiant offre deux portraits : celui de Fanfan et celui de la Chine (enfin, pour être plus précis, d’une partie de la société chinoise). Rien de simple et de caricatural dans ces deux sujets de reportages qui découlent l’un de l’autre, sans vraiment savoir ce qui prédomine aux yeux de Luxi. Le dessin, est, lui, plus caricatural, les tons de gris donnent du relief aux personnages et aux scènes mises en forme. Parfois, les traits disparaissent pour donner vie à des aquarelles à l’aspect plus fantomatique. Le style graphique, sans être renversant, a une vraie consistance et dépeint des personnages expressifs et crédibles malgré un style minimaliste.
Fanfan est un personnage complexe qui multiplie les contradictions, les changements brusques d’humeurs et les volte-faces. Il est quasi impossible d’anticiper les lieux, les prises de vues et les interviews, tant celle-ci est imprévisible et torturée par ses propres doutes et ceux que son entourage lui renvoient. L’effet est immersif, Fanfan agace autant qu’elle touche le lecteur.
Les enfants du rêve chinois nous dévoile le quotidien d’une génération qui doit s’accomplir dans cette doctrine, ce slogan politique que constitue le rêve chinois. La réalité qui en découle est habilement décrite par le regard critique de Luxi, personnage courageux, sensible et investi.
Un roman graphique humaniste et engagé, un récit de voyage tumultueux et captivant.
![]() | ![]() | ![]() |
![]() | ![]() | ![]() |
Petitgolem13
Bien vendu pour un lecteur qui voudrait découvrir ce pays complexe.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, on découvre avant tout la Chine rurale mais cela ne se limite pas à ça.
J’aimeJ’aime
Très belle chronique ! par contre pour ce qui de découvrir ce pays…
J’aimeAimé par 1 personne