Serpieri : Eros [-18]

Auteur : Paolo Eleuteri Serpieri
Editeur : Glénat
Genre : ArtBook Erotique
Sortie : le 22 février 2023

Avis de l’éditeur :

EROS célèbre l’imaginaire érotique « soft » de Paolo Eleuteri Serpieri, à travers une iconographie foisonnante (illustrations, peintures, carnets de croquis). Un art qui magnifie le corps des femmes, et particulièrement leurs fesses, et qui lui a valu, à juste titre, une place d’honneur dans l’histoire de la bande dessinée, tout en le rendant célèbre à travers le monde entier en tant que créateur de Druuna, son personnage fétiche que l’on retrouve ici ponctuellement au fil des pages.

Mon avis :

En février 1986, les éditions Dargaud publient « Morbus Gravis », dont le 1er plat de couverture affiche une plantureuse brune au postérieur rebondi, accompagné d’un type vêtu d’un long imperméable dont des viscères tentaculaires émanent tel un florilège d’asticots répugnants. Il faut se remettre dans ce contexte, que 35 ans en déca, les mœurs étaient d’un autre monde, presque préhistoriques avec notre monde de maintenant. Quoi qu’il en soit, la messe est dite et la saga de cette brune charnue s’émancipe album après album.

Aux commandes de cette œuvre devenue culte, nous retrouvons un certain Serpieri, de son nom complet Paolo Eleuteri Serpieri, pour les fins connaisseurs. Né à Venise, cet ancien peintre et architecte de formation, s’illustre dans le 9ème art, notamment pour des westerns avec L’Histoire du Far-West, L’Indienne Blanche et dans un autre registre, Découvrir la Bible.

Son véritable trophée qui marque indéniablement son palmarès se traduit par un genre fortement exploité durant les années 80 : le post-apocalyptique (Post-apo), synonyme de période de fin du monde, ou plutôt, l’après apocalypse, où la Terre finalement ne produit plus rien, si ce n’est une violence totale dans laquelle, les quelques survivants reviennent immanquablement à une genèse prototype, dépourvue de toute moralité, où seul le chaos abonde de manière opulente.

Sans pour autant se recroqueviller dans ce schéma purement décadent, Serpieri joue un tour de force, mêlant adroitement une thématique SF associée dans un premier temps à de l’érotisme soft, pour petit à petit dévier vers une nature plus hard, davantage pornographique.

Serpieri_Eros_Paolo Eleuteri Serpieri_Glenat_Artbook_Erotique_illustration

C’est de là que nait Druuna, icône incontournable de la BD adulte, unique en son genre, pour tout amateur, d’aficionados de femmes plantureuses, aux formes stratosphériques, délicates et étincelantes. Car bien que la BD adulte prenne son envol, de manière presque inégale, durant les deux décennies des années 80 et 90, la majorité des grands talents que sont Manara, Crepax, Von Gotha, contribuent certes à offrir un délice visuel jubilatoire, mais convergent cependant à dessiner leurs créatures de rêves plutôt filiformes.

A contre-courant, ou simplement pour partager ses goûts personnels en matière de profils féminins, Serpieri illustre à merveille sa création qui marquera les mémoires à jamais : Druuna dont les éditions Glénat publient deux arts book de grande qualité : Eros & XXX.

Nous nous attarderons ici sur le travail exemplaire d’Eros. (Une autre chronique suivra en ce qui concerne XXX)

En quelques mots, comme en mille, Druuna se réfère en quelque sorte à « Vénus », la déesse romaine de l’appétit sexuel. D’ailleurs, sur ce point, les premiers arcs de la saga témoignent du fait que cette représentation de Vénus incarne à la fois la femme inaccessible et d’autre part, la putain exhibée, prostituée, vendue, délaissée, retrouvée…

Tout du long, cette brune à la délicatesse et empreinte d’une gentillesse presque naïve prouve sa détermination pour son amoureux, Shaastar, atteint d’un grand mal, envers qui elle serait prête à accomplir les pires bassesses. Ce n’est que lors du second opus, Druuna, et surtout de ses suites directes intitulées Creatura et Carnivora que l’œuvre prend un autre tournant, porté vers une destruction de la brune, violée à tour de rôle par des gredins amputés, voire pire, des monstres la dominant.

Aussi brutale que puisse être cette vision de la splendeur mêlée à l’horreur, le personnage de Druuna tient la rampe et demeure d’une force vitale exemplaire. Les tribulations la rendant plus mature, plus imaginative. Tout cela, pour relater que cet Art Book la dévoile totalement : lascive, entreprenante, diaboliquement attirante, séductrice, tentatrice, femme fatale. La liste d’adjectifs pourrait être très longue. Les amateurs de croupes volumineuses devraient être aux anges. Car rappelons-le, la moitié du temps, Serpieri nous la détaille de dos, accentuant chaque courbe charnue de sa plus belle des créations.

Envoûtante, troublante, exquise. Une femme complète à la personnalité complexe, tantôt primitive, tantôt issue d’un avenir futuriste apocalyptique. Finalement, avec Eros, l’auteur partage et véhicule une essence purement jouissive. Un album de grand cru, à consommer sans modération.

Coq de Combat

2 commentaires sur “Serpieri : Eros [-18]

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