Auteur : Shôhei Manabe
Editeur : Big Kana
Genre : Drame social
Sortie : le 27 janvier 2023
Après sa série phare Ushijima, l’Usurier de l’ombre, clôturée en 46 tomes, Shôhei Manabe revient en force avec un nouveau titre coup de poing !
Avis de l’éditeur :
Pour Taiza Kujô, avocat controversé qui n’accepte que des affaires complexes, ce sont deux choses différentes. Que ce soit pour défendre un conducteur ivre, qui a percuté un père et son fils, ou pour défendre un homme manipulé et abusé par un gang, Kujô n’a qu’un objectif : trouver une ligne de défense qui aura un maximum d’avantages pour son client.
Mon avis :
Comme cela a été le cas tout du long pour Ushijima, l’auteur nous replonge en territoire hostile, du milieu granuleux et underground des bas-fonds tokyoïtes. Non seulement il nous y ballade mais pointe du doigt, ou plutôt dénonce ce qui y règne, ses codes, ses pots-de-vin et autres magouilles terrifiantes qui s’y déroulent en huis clos.
D’ailleurs à ce sujet, Shôhei Manabe s’est consacré durant de nombreuses heures à y enquêter et à peindre le climat rude retranscrit dans son manga Kujo l’implacable, technique qu’il avait déjà à maintes reprises utilisée lors de son œuvre majeure, et cela durant 20 ans. Car oui, le Japon en surface se veut rassurant, bien plus que sur le vieux continent ou aux Etats Unis, en matière de criminalité. Essayer de jeter un papier au sol ou de griller une taffe aux lieux non autorisés, il vous en coûtera ! Mais lorsqu’on redescend d’un étage, dans certains milieux, la vie vaut moins qu’un clou, et les moyens utilisés refroidissent les plus téméraires.
Dans ce contexte, Kujo l’implacable met en relief un avocat douteux, aux apparences grotesques, voire purement déplacées. Certes, l’homme de plaidoirie a du répondant et s’attelle à des dossiers totalement perdus d’avance ; mais peu importe, notre gaillard sait encaisser et réplique tout autant.
Ce qui frappe le lecteur d’entrée de jeu se note essentiellement à cette étiquette de laissés-pour-compte, à cette misère authentique de pauvres gens qui n’ont finalement rien demandé, mais qui obtiennent bien malgré eux, une tonne de problèmes qui les assomme.
Le récit démarre sur un accident de la route, où un garçon de 5 ans perd une jambe. La séquence affichée comme dans un film, nous dévoile la caméra vue du haut du plafond. Le plan suivant témoigne de la rage, l’incompréhension, et la misère totale vécue selon le regard de la mère en détresse.
La trame avançant et plaçant ses protagonistes sur la toile, enrôle un autre protagoniste victime du système. Un jeune gars, aux déficiences cognitives et psychologiques, clairement utilisé par un mafieux de bas étage, pour se porter responsable en tant que dealer, en souffre-douleur, et même jusqu’à séjourner en prison où il se fait violer et détruire, sans jamais avoir presque mal agit.
Bon, vous l’aurez compris, les thématiques que met en avant Shôhei Manabe sont loin d’un Disney Land folklorique remplit de paillettes. Purement réalistes, authentiques, viscérales, et abominablement humaines. Nous n’en sommes pas encore parvenus au stade d’Ushijima, où pour une raison banale, des gens ligotés au milieu d’un bois, servaient de festin à des carnivores, ou étaient recouverts d’essence, mais nous n’en sommes pas loin, hélas…
Ce premier tome, questionne et nargue tout à la fois. L’auteur maitrise bien son élément, et laisse planer un long mystère sur cet avocat, et son passé troublant. Le trait quant à lui, purement jouissif, traduit de la noirceur humaine en tout point. Les contre-champs, les immeubles désaffectés et autres couloirs lugubres jouent également leur rôle.
Coq de Combat
SambaBD 
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