Le Tueur – Affaires d’état T4

Frères humains

Scénariste : Matz
Dessinateur : Luc Jacamon
Editeur : Casterman
Genre : Polar
Sortie : le 12 octobre 2022

Avis de l’éditeur :

Après les évènements du Havre, le Tueur doit se mettre au vert, le temps que ça se tasse. On lui a trouvé une nouvelle cible et nouvelle planque, au cœur des Cévennes, dans une zone blanche. Quand deux enfants échappés d’un trafic humain trouvent refuge chez lui, il est obligé de rebattre les cartes. Quitte à rompre avec son éthique de travail. Fiction inspirée de faits et dossiers réels, ce nouveau volet des aventures du Tueur nous livre un état des lieux glaçant des jeux de pouvoir et de corruption.

Mon avis :

Que pourrions-nous apprécier ou apprendre de plus après 17 tomes du Tueur ? Tout n’a-t-il pas déjà, et à maintes fois, été détaillé, décortiqué, scruté à la loupe, épongé ou remué ? Ce Tueur, certes hors normes, s’adressant aux lecteurs par le biais d’un monologue, long discours grisant et phonétiquement plaisant, n’a-t-il pas déjà payé son dû, autant vers l’humanité que son lectorat ? A ce stade, ne s’agit-il pas uniquement de remplissage, de garnitures afin de gonfler ou meubler ce qui paraît  accompli ?!

En toute logique, avant d’entamer ce 4ème opus du cycle Affaires d’état, la réponse se dirigerait peut-être vers une affirmation indéniable  pour beaucoup. La réalité est toute autre : Vous détenez en mains l’un des meilleurs titres de la franchise, si ce n’est le meilleur tout simplement ! D’ailleurs, étrange autant que bizarre, qu’il soit presque passé inaperçu, servant à empiler une nouveauté de plus sur la myriade de titres en cours, sans que les libraires ou autres fanzines pointilleuses ne déclarent solennellement  qu’il s’agit de l’une des sorties impériales de cette année 2022.

En d’autres circonstances, un deuxième ou 3ème, voire 4ème opus d’une série, avec un tel potentiel littéraire et graphique, conduirait les spécialistes à l’élire parmi le ranking des meilleurs sorties de l’année. Un 17ème album semble se fondre dans la masse, quel dommage, vu le calibre et la puissance de feu de ce titre.

Alors oui, nous revivons les mêmes ingrédients certes connus pour beaucoup, ceux-là mêmes servant de phares au milieu d’une banquise hivernale, telle une clé magique utile à tout coffre-fort. Mais contenant une sacrée plus value sur produit !

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Cette fois-ci MATZ ne se contente pas d’immoler l’humain contemporain, il retrace les méandres et atrocités de l’humanité dans sa totalité, depuis les temps préhistoriques. Sans particulièrement condamner qui que ce soit, car qui peut clamer haut et fort être meilleur que l’autre, tout au plus moins nauséabond, Matz pulvérise les codes, les traduit comme l’auraient sûrement pratiqué des grands pontes des hautes civilisations d’antan. Il prône la part belle aux romains et à leurs appuis de fiers conquérants en matière médicinale, d’éducation, de leurs bains publics… Comme stipulé : « La tendance est de dire qu’aucune civilisation, aucune culture n’est supérieure à une autre. D’un certain point de vue, c’est probablement exact. Mais dans les faits, si on regarde les choses en face, c’est une autre histoire ».

Le scénariste jongle avec le berceau de l’existence tant et si bien qu’il caresse l’hypocrisie, voulue ou non, consciente ou non, remarquable ou non lorsqu’il cite : « Les gens ont tendance à se préoccuper du bien-être des morts. On vend des matériaux nobles, on rend hommage par des discours élogieux, on les maquille, les peinturlure pour faire croire aux survivants qu’elle n’est pas si laide. Mais, les morts s’en foutent enfin et pour de bon. C’est tout l’intérêt d’être mort, de ne plus en avoir à foutre de rien… »

Pour couronner le tout, cet album touche une corde sensible avec les meurtres et les enlèvements d’enfants, le marché aux esclaves non pas datant d’il y a trois siècles mais actuellement, des jeunes vies brisées et le Tueur, indisposé et incapable à résoudre tous les problèmes sur notre chère planète, loin d’être cependant insensible à ce théâtre des cauchemars.

Quant à Luc Jacamon, il témoigne des faits, comme capterait le regard une caméra à l’écran, avec son trait connu mais diablement efficace. Mention spéciale pour la scène se déroulant en pleine foret, dans un hiver rude, où le tueur suit les traces de sang imprégnées dans la neige, au beau milieu d’une clairière forestière à couper le souffle.

Avec ce titre « Frères humains », Jacamon & Matz signent l’un des meilleurs polars urbains de tous les temps ! Enormissime ! A nous faire presque oublier…tout ce qui précède !

Coq de Combat

5 commentaires sur “Le Tueur – Affaires d’état T4

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  1. Ce tome (qui est à suivre…) est dans la moyenne de tous les précédents avec le même défaut (que CdC) par le côté un peu lourd à digérer de la voix off très bavarde.
    Bref ! les contrats sont expédiés rapidement et permettent de s’aérer les neurones entre deux indigestions littéraires !
    J’ai l’impression de déguster un très bon plat mais bourratif !

    Aimé par 1 personne

    1. Je suis un fan de la 1ère heure de cette série que j’adore et je lui ai accordé 4♥, mais je tenais à calmer son enthousiasme de « meilleur polar urbain de tous les temps ! »🙄😉

      Aimé par 1 personne

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