Le Convoi

Scénariste : Kevan Stevens
Dessinateur : Jef
Editeur : Soleil
Genre : Post-Apocalyptique
Sortie : le 7 septembre 2022

Pour le convoi de 15 tonnes de matériel médical : une jeune femme blonde du nom d’Alex, experte en arts-martiaux, accompagnée de son ami discret Fonzy et de son …pingouin.  Viennent s’ajouter à cette délicieuse équipe plusieurs protagonistes aussi excentriques les uns que les autres dont les frères Bogdonaff (en relation avec les célèbres Bogdanoff puisque le dessinateur Jef livre cet album en leur mémoire.

Avis de l’éditeur :

Bienvenus dans une France en proie au chaos aux côtés d’ALEX, jeune guerrière au volant de son truck de combat, guidant un convoi chargé de médicaments, entre Le Havre et Marseille, au travers d’un territoire contaminé où le réchauffement climatique a anéanti toute idée d’humanité. Où règne la violence brute et où l’amitié, l’amour, la folie n’ont plus de repères…

Mon avis :

En 2028, la planète n’est guère qu’une vaste plateforme laissée-pour-compte. Les océans pullulent de déchets toxiques et ménagers tandis que l’asphalte regorge de bétons infâmes servant de prétexte à des bidonvilles semi délaissés.

« Peninsula Corp », une multinationale européenne, demeure la seule à fabriquer des médicaments, autant dire que chaque boîte de ceux-ci vaut son pesant d’or. Et c’est de par là qu’une fois tous les mois, un convoi démarre du Havre avec pour destination Marseille.

Le convoi_Kevan Steven_Jef_Soleil_Post-apocalyptique_extrait

Un convoi comme leitmotiv, pourquoi pas ?! Surtout sur fond de road movie post-apo à la sauce Mad Max Fury Road, ajoutons à cela un brin débridé et de l’humour badass comme  repris dans Sueurs (film avec Jean-Huges Anglade). Car oui, chaque bobine de protagoniste, et cela sans exception, représente une caricature d’un mouvement tendance de notre cher monde moderne.  Kevan Stevens profite, dénonce ou simplement jubile de cette occasion de constater le « wokisme » dans toute sa splendeur.  Et quelle meilleure opportunité parmi un dédale à cent à l’heure, loin des téléréalités cadavériques ou encore de jeux ectoplasmiques ratatinés de la matière grise.

Toutes tendances confondues (nous avons droit entre autres à une pansexuelle ; une saphique ; un diamorique ; un lithromantique ou un skoliosexuel… autant de sous-genres qu’il serait judicieux d’en créer un bouquin « pour les nuls » afin de s’en familiariser ) Ah oui, ajoutons à cela que les hétérosexuels sont devenus rares, très rares dans ce monde chimérique, comme le cite l’un des personnages bodybuildés à l’origine indéterminée en page inconnue,  non numérotée, à vous de les comptez, si le cœur vous en dit..

Tout dépend votre joie du moment, ou simplement de votre ouverture d’esprit (rappelons que nous vivons en 2022 pour le pire ou le meilleur ou le pire du meilleur ou… libres à vous de formuler la suite) car oui, qu’on le veuille ou non : Ce Convoi décape, surprend, s’enlise, perturbe, donne la nausée comme un long trajet bancal en hautes mers, et par instants magiques mais authentiques dénués de toute convention politiquement correcte (et cela beaucoup plus difficile en cette année 2022), rayonne comme l’un des plus beaux couchers de soleil à en devenir aveugle pour l’éternité.

Mais soyons honnêtes, la majorité des lecteurs aura du mal à s’immiscer dans cette aventure sans retour. Mais c’était déjà le cas pour Mezkal, autre sommité de ce début d’année, peut-être un cran au dessus, mais tout aussi poétiquement dérangée du fœtus cérébral. Alors oui, à défaut de se répéter, le duo Kevan Stevens – Jef fonctionne à l’unisson, avec brio et esthétisme, pour autant que l’on affectionne le genre.

Le style graphique qu’emploie Jef joue plus que son rôle dans le résultat de ce chef-d’œuvre explosif en mode symbiote et avion de chasse. Et pourtant, on ne peut pas dire qu’à première vue, ce paysage et ces antihéros aux visages patibulaires donnent réellement envie. Des avatars de brioches et de sales gueules comme on en voit rarement. Un arrière-champ pourvu d’un sable hostile à perte de vue, où seuls des cadavres mécaniques brûlent dans le plus grand anonymat. Mais Jef surprend une fois encore par un découpage ultrasophistiqué, variant presque sur chaque planche.

Seul bémol, la colorimétrie par moments désaxée évolue sur des nuances trop ternes, trop lisses, perdant en intensité.

Le Convoi est donc un surprenant voyage comme on en voit peut, loin des franchises traditionnelles.

Coq de Combat

2 commentaires sur “Le Convoi

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