Scénario : Louise Laborie
Dessin : Louise Laborie
Éditeur : Sarbacane
Date de sortie : 6 avril 2022
144 pages
Genre : Fait-divers urbain pop
« T’as regardé Tony Fox ce matin ? C’est shocking, j’ai vraiment fait un nervous breakdown ! Tom et Silly se sont jamais fightés comme ça, avant !«
Présentation de l’éditeur
Morgane, collégienne, s’ennuie à mourir dans sa banlieue proprette où il ne se passe strictement rien. Alors, quand Tony Fox, le héros du téléfilm du matin dont elle ne rate jamais un seul épisode, disparaît de la circulation sans explication, Morgane angoisse. Le doute plane sur la mort de la vedette, mais la fillette ne veut pas y croire. Encore moins quand elle retrouve son revolver dans son paquet de Nesquick : pour elle, il n’y a aucun doute, Tony est bien vivant et il a besoin d’elle. Pour sauver son idole, Morgane est prête à tout : faire l’école buissonnière, braquer la supérette du coin pour faire le plein de bonbons et prendre le train sans ticket pour Paris, avec son meilleur pote, Simon, direction les studios de production de sa série préférée.
Sauf que Danny et Richard, deux flics pas très doués, sont déterminés à ne pas laisser une gamine armée semer la terreur dans la capitale. La course-poursuite commence alors…

Mon avis
L’album est beau, la couverture cartonnée est douce, elle appelle au tactile. Les couleurs sont vives, le rouge saute aux yeux, attire le regard. L’auteure est fan de fanzine, de cartoons et ça se voit. Ses personnages sont constamment en mouvement, haletants, leurs visages sont pourtant très tristes, pas un sourire à se mettre sur la rétine. Ces visages demi-rougis par l’effort apparaissent comme bien vivants… le sang circule, tout comme ces véhicules naïvement dessinés sur de grandes planches urbaines. L’ensemble fait « pop », semble colorié au crayon de couleur, il y a quelque chose de très primaire dans cette BD. En commençant par l’histoire qui mêle réalité et fiction, qui se laisse doucement lire mais qui n’a rien de fou-fou (folle-folle ça fait bizarre non ? ), mais je trouve personnellement que l’intérêt est ailleurs.
Louise Laborie décrit une société française gavée de culture américaine. Mais attention, pas celle des réseaux sociaux et de la V.O.D, et de Trump… non non, celle qui n’existe plus, celle des séries de feu La Cinq, et du cinéma hollywoodien des années 80 et 90, j’en livre par plaisir…en vrac: Dirty Harry, Magnum, NYPD, Hooker, Rick Hunter etc…, ça fourmille. Et, « cherry on the cake », ils regardent l’épisode de leur série préférée au moment où elle est diffusée… le néolithique.
Les personnages placent un mot anglais dans chaque phrase (c’est viral), ils trouvent dans la fiction un refuge qui les protège de leur réalité qu’ils voient comme morne. Tony Fox personnifie un héros qui n’existera jamais ni pour l’acteur qui l’incarne, ni pour ses fans qui voient en lui une figure qui comble un vide : l’absence d’une figure paternelle, l’admiration de ses pairs, l’ennui.
J’ai rapidement pensé à l’Américain de Loïc Guyon (du même éditeur, et chroniqué sur Samba), mais en moins déjanté, avec un style graphique tout aussi personnel. Morgane Fox est aussi un album qui rend hommage à la culture américaine. Louise Laborie délivre une œuvre personnelle, colorée, nostalgique (d’une époque qu’elle n’a pas connue, c’en est d’autant plus intéressant) et finalement optimiste et féministe.
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Petitgolem13
C’est vrai que c’est graphiquement assez scolaire et pas très séduisant et le thème parait aussi assez puéril !… Bref, pas très attractif.
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