Les damnés de l’or brun – tome 1 – Salvador, 1822

Scénario : Didier Alcante ; Fabien Rodhain
Dessin : Francis Vallès
Éditeur : Glénat
52 pages
Date de sortie :  mai 2022
Genre : saga , histoire

 

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Le goût amer du chocolat

 

Présentation de l’éditeur

Brésil, 1822. Sur ce territoire encore sous domination portugaise, les plantations prospèrent et les notables se pressent au port de Salvador pour trouver des esclaves aptes au travail. C’est là que Dom Louis et son frère cadet Tiago espèrent repérer, eux aussi, des hommes robustes. Mais, subjugué par sa beauté, Dom Louis repart avec une jeune esclave, Maïra ! Ce n’est bien sûr pas du goût de leur père, qui a besoin de main d’œuvre pour faire tourner son exploitation de cacao. Dans un contexte politique incertain où les indépendantistes menacent l’ordre établi, ce père préoccupé par les affaires décide de marier Dom Louis. Malheureusement, le jeune héritier impulsif et violent n’a d’yeux que pour Maïra. Exténuée par le travail dans les champs, cette dernière est à bout de force… Seule échappatoire, intégrer le domaine comme servante. Pendant ce temps, les rivalités grandissantes entre les deux frères dynamitent littéralement le clan familial de l’intérieur. Désormais, Tiago devient l’héritier favori. La haine que lui voue alors son frère Dom Louis dépasse l’entendement. Tiago va-t-il réussir à prendre les rênes du domaine dans un pays au bord de l’implosion ? Maïra va-t-elle rester enchaînée à cette existence ? Et si les destins de ces deux personnages se croisent, jusqu’où iront-ils ?

 

 

 

Mon avis

Nous avions eu la bière avec les Maîtres de l’orge, le café avec Alto plano, le monde agricole avec Les Seigneurs de la terre, les sardiniers dans Les chasseurs d’écume, les goémoniers dans l’or des marées, les fondeurs de cloches chez Les maîtres Saintiers, voici maintenant la grande saga familiale sur le chocolat, dans laquelle nous allons découvrir l’histoire entachée de zones d’ombres.

L’histoire démarre au XIXè siècle à Salvador au Brésil, dominé par les Portugais. Les auteurs ne tardent pas à donner le ton de l’intrigue en mettant en scène d’entrée de jeu les deux frères Da Costa, héritiers d’une plantation de cacao, en train de faire leur marché aux esclaves. Comme pour le café, pas de bonne petite boisson chaude en Europe sans l’horrible trafic humain. Les caractéristiques de la saga familiale ne tardent pas non plus à paraître. Les deux frères ne peuvent pas se voir en peinture et les conflits éclatent très vite. Rancœurs, jalousie et opinions divergentes à propos de l’esclavage et de la politique coloniale, on voit vite se dessiner le drame qui ne manquera pas de survenir et de pulvériser la petite fratrie.

Trahisons, coups tordus, compromissions, mensonges et manipulation, tous les ingrédients sont là pour faire de cette saga une fresque aventureuse mouvementée, riche en rebondissements. On y ajoute une petite pointe de sexe et un ancrage sur un fond historique et on a la garantie de passer un bon moment de lecture.

Le fond historique est important car le propos n’est pas de juste raconter les déboires et méfaits d’une famille d’entrepreneurs peu scrupuleux (pour ne pas dire détestables), mais de dénoncer des pratiques industrielles inadmissibles et encore en vigueur aujourd’hui. Fabien Rodhain sait y faire, il l’a très bien fait dans la série Les Seigneurs de la terre et semble bien parti pour réussir son coup ici.

Au dessin on retrouve le trait réaliste de Francis Vallès qui avait bien contribué au succès de deux autres grandes saga : Les maîtres de l’orge et Rani.

Voilà une grande, belle et impitoyable fresque qui s’annonce et nous fera sans doute goûter le chocolat d’une autre manière.

Loubrun