Autrice : Élodie Durand
Éditeur : Delcourt
176 pages
Date de sortie : 7 avril 2021
Genre : roman graphique, biographie, société, LGBTQ+
Il arrive de plus en plus souvent de suivre les témoignages de personnes faisant leur coming-out, leur parcours de transition, … mais il est plus rare de découvrir comment ces changements chez les uns, affectent les autres.
Présentation de l’éditeur :
Quand Anne apprend que sa fille est un garçon, c’est tout un univers de normes qui bascule pour elle. Anne bataille… s’ouvre : Il y aurait donc une liberté d’être et une variété de genres possibles dans notre société.
» Vous savez, les genres féminin et masculin sont les deux extrêmes d’un état. Chacun est libre de mettre le curseur où il veut, où il peut. » Les mots de la psychologue du planning familial bousculent Anne. Elle n’a rien vu venir. Sa fille est un garçon… Anne bataille, se déconstruit, apprend, s’ajuste à son enfant, pour se fabriquer un autre regard, un nouveau paradigme.
Mon avis :
Lucie, jeune adulte, s’appelle maintenant Alex. Suite à une longue introspection sur elle/lui-même, accompagné(e) depuis plusieurs mois par une psychologue : c’est une évidence qu’Alex est né dans un corps assigné féminin, Lucie, alors que toute son âme se veut masculin ! C’est une certitude qu’il lui faut partager avec ses proches, notamment sa maman, Anne.
C’est pour cette dernière un électrochoc ! Elle n’a rien vu venir et ignore donc comment s’y prendre, quoi faire, que dire… comment réagir ?! Or il n’y a pas de réponse toute faite, « Transitions, le journal d’Anne Marbot » n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, mais il fait du bien !
En suivant le parcours, non pas d’Alex, mais de sa maman face à ces nouveaux changements de taille dans sa vie, toute personne proche de près ou de loin de quelqu’un en pleine transition va indéniablement se retrouver d’une façon ou d’une autre. Élodie Durand, sur base des témoignages d’Anne et Alex (identités d’emprunt), démarre là où bon nombre d’ouvrages s’arrêtent : quand la personne a enfin franchi le cap pour l’annoncer au monde.
Alex est maintenant sûr de lui, il sait qui il est et ce qu’il veut. Son parcours du combattant pour trouver sa place dans le monde, il l’a trouvé et Élodie Durand revient avec parcimonie sur le sujet pour se concentrer sur Anne qui est totalement déboussolée quand elle découvre que sa fille chérie veut devenir un garçon… est un garçon !
« Je cherche des réponses. Je revisite le passé. À mon insu, j’avais projeté et imaginé un avenir pour ma fille. »
Commence pour cette femme un chemin de croix pour comprendre, accepter et vivre en harmonie avec son nouveau fils. Ce sont des défilés de nuits blanches, des heures penchée sur les albums de famille, des doutes et des interrogations rendues avec une certaine pudeur par l’autrice. Anne semble une femme bien ancrée dans la société, qui s’assume, mais qui ne s’attendait pas à ce que son ouverture d’esprit soit confrontée jusque sous son toit.
Entrecoupée de scènes de voguing, Élodie Durand dessine une vie de famille d’un trait simple, mais qui décortique néanmoins les plus sombres états d’âme. Un dessin de presse qui explose par moment en véritable toile de couleurs. Alors on aime ou on n’aime pas, mais l’important reste le message : les transitions que les gens doivent souvent faire pour accepter la différence et apprendre à l’aimer quelle qu’elle soit.
ShayHlyn.
Belle chronique Jeanne sur un sujet grave qui nous fait comprendre l’expression « garçon manqué » que j’avais entendue à l’époque du film « Les pétroleuses » attribuée à Claudia Cardinale* qui pour le coup était… vraiment très manquée, pour un garçon !😳😍
* »Moi, j’ai fait beaucoup de westerns, dit-elle. J’avais une expérience sur le film de Sergio Leone, donc, j’étais habituée à ce genre de choses. J’étais un garçon manqué et je voulais tout faire… »
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Le sujet était d’autant plus intéressant qu’il s’agissait de l’expérience d’une mère qui voit sa fille devenir garçon. Même en ayant l’esprit ouvert, ça a quand même bouleversé sa vie.
Moi j’ai grandi dans la forêt à grimper aux arbres, donc j’étais aussi très garçon manqué par moment 😅
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