Scénario : Philippe Richelle
Dessin : Alfio Buscaglia
Éditeur : Glénat
56 pages
Date de sortie : 04 mars 2020
Genre : Histoire
…ils ont un point commun avec ceux de l’OAS (que l’on pourrait pourtant penser être TOUS des salauds…), c’est de se dire que ce sont les autres les sauvages, les inhumains…
Présentation de l’éditeur
Il est loin, le temps de l’innocence.
1955, rentré à Paris, André fréquente les milieux intellectuels et découvre comment le conflit algérien est perçu en métropole. Loulou, lui, combat les maquisards du FLN dans le massif des Aurès. C’est dans ce cadre qu’il est recruté par un officier des services secrets français et pratique, pour la première fois, la torture. De l’autre côté, Mo, devenu agent dormant du FLN, commence à intervenir indirectement pour des opérations d’attentat…
Après Les Mystères de la République, Philippe Richelle poursuit son exploration des méandres obscurs de l’histoire de France à travers cette série illustrée par Alfio Buscaglia. Algérie, une guerre française : un récit passionnant, grand public, nourri aux meilleures sources documentaires, qui permet de mieux comprendre ces années noires de notre passé récent dont on s’évertue à dissimuler les cicatrices pourtant indélébiles…
Mon avis
Je pense qu’on peut affirmer sans trop s’éloigner de la vérité que ce deuxième tome est au moins aussi réussi que le premier. Comme je le mentionnais dans ces colonnes sambaïennes pour la sortie du premier opus, j’admire le courage des auteurs de s’attaquer à une période aussi difficile de l’Histoire de France et de l’Algérie. D’autant plus qu’ils s’en sortent remarquablement bien, mêlant et imbriquant minutieusement la fiction dans la Grande Histoire, celle des « faits réels », sans tomber dans la caricature (enfin, il me semble…).
Les colons ne sont pas tous des salauds, y compris les « grands colons » (chez qui, certes, ils sont bien représentés…), les militaires non plus, même si certains le sont, et les membres du FLN non plus. Parmi ces deux derniers groupes, les belligérants, il se trouve évidemment des individus qui ont des états d’âme mais que l’embrigadement fait inexorablement glisser sur une pente qu’on ne remonte pas… Et d’ailleurs, ils ont un point commun avec ceux de l’OAS (que l’on pourrait pourtant penser être TOUS des salauds…), c’est de se dire que ce sont les autres les sauvages, les inhumains qui massacrent femmes et enfants, que ce sont eux qui ont commencé… Cette déshumanisation qui est le carburant de tous conflits, est ici très sobrement mais très efficacement retranscrite et dessinée par les auteurs.
Pour le reste, la vie continue dans un Paris assez insouciant, bien éloigné des réalités insurrectionnelles de l’Algérie. Les jeunes intellectuels vont swinguer sur du Boris Vian dans les caves de St Germain des Prés pendant que des appelés de leur âge un peu moins socialement favorisés vont faire « la corvée de bois » ou actionner une gégène à 1500 Km de là.
Non, vraiment, ce deuxième tome se lit bien et j’attends donc le troisième avec la même impatience renouvelée que pour celui-ci.
Odradek
Belle chronique😉
Philippe Richelle au scénar ne peut être qu’un gage de qualité (Amours fragiles, Vent printanier, coulisses du pouvoir, Belle comme la mort…) mis en scène par un dessin lumineux, sobre et efficace ne peut que plaire aux amateurs !👍
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