Scénario : Fabien Vehlmann
Dessin : Marie et Sébastien Kerascoët
Éditeur : Dupuis
112 pages
Date de sortie : 17/11/2017
Genre : Fantastique, ésotérique, conte
Présentation de l’éditeur
Un conte cruel et saisissant
Dans le palais imaginaire de la presque princesse Aurore, le plafond se met soudain à dégouliner, les murs s’effondrent d’eux-mêmes et tous les invités s’en échappent pour ne pas finir engloutis sous des marées nauséabondes. Parce que la demeure d’Aurore n’est rien d’autre qu’une enfant gisant abandonnée dans les sous-bois, sans que quiconque sache ni comment ni pourquoi elle s’est retrouvée là. Au fil des saisons, la minuscule souveraine se démènera pour faire de son monde un conte de fées comme elle en a toujours rêvé, en compagnie de créatures telles que l’Orgueilleuse, ou l’Aventurière, et bien entendu le Prince m’as-tu-vu.
Or, dans cette fable-là, les princesses ne deviennent guère des reines. Et Aurore l’apprendra à ses dépens, lorsqu’il lui faudra prendre de cruelles décisions…
C’est une « Alice au pays des merveilles » de David Lynch, mélange de la poésie de Miyazaki et de l’insolite de Tim Burton, que ce conte noir brodé par Fabien Vehlmann et les Kerascoët.
Envoûtantes autant que morbides, ces « Jolies ténèbres » parues pour la première fois en 2009 font désormais leur entrée chez « Aire Libre » : une réédition à la hauteur de l’ouvrage, qui se voit ainsi couronné par le prestigieux label et prend place à son tour aux côtés des grands noms de la bande dessinée romanesque.
Mon avis
Voilà bien un ouvrage pour lequel je ne savais pas par où commencer… j’en suis restée sans voix. Souvent, au fil des pages, je n’ai pu m’empêcher de détourner la tête de dégoût. Et oui… Dupuis n’a jamais si bien dit en introduisant cet album de « conte cruel et saisissant ». Alors que la petite Aurore, pas plus grande que Poucelina, tente de rendre son monde magique et beau, son entourage n’est que vilenie, méchanceté et cruauté sans nom. Quiconque ne suit pas les ordres de la prétentieuse Zélie, se voit puni de la pire des façons.
En lisant les « jolies ténèbres », je me suis demandée à quoi pouvait ressembler les histoires originelles de Perrault ou des frères Grimm, qui ne sont pas aussi complaisants que Disney veut bien nous laisser croire (il faut vraiment que je me rappelle d’acheter ces livres pour assouvir ma curiosité, car honte à moi : je ne les ai pas encore lu). Mais auraient-ils eu l’idée de faire naître tout un petit peuple du cadavre d’une enfant ? Car il est indéniable que, contrairement à Alice au pays des merveilles, l’héroïne ne sort pas d’un rêve juvénile, mais bien d’un corps en putréfaction, se décomposant au gré des saisons. Une fillette dont nous n’apprendrons rien. Le seul mystère de cette histoire, au final. Une gamine qui ne se réveillera qu’en rêve, quand un des petits personnages imaginera son existence s’éteindre au réveil de l’enfant. Mais ceci n’est qu’un cauchemar…
Autour du corps, des mouches, des asticots, des crayons et des cahiers sortis du cartable de la petite blonde. Et cette nouvelle vie pour des êtres minuscules. Un conte de fées sans paillette, sans fard. Juste la cruauté de la vie envers les plus petits. L’égoïsme naissant dans la misère. La douleur de voir chaque jour des êtres chers qui disparaissent sous les coups d’autrui…
Une poésie macabre sous de jolis minois dessinés par le couple Kerascoët. Simples. Ni laids, ni beaux. Enfantins presque, si ce n’est cette petite fille morte dont les traits, avant la décomposition, sont magnifiques – preuves du talent indéniable des dessinateurs. Un contraste flagrant avec la simplicité du trait pour les autres personnages. Sans fioriture si ce n’est pour l’effroyable Zélie qui arbore des tenues magnifiques bien qu’issues de la barbaries des uns envers la Nature qui les accueille : des ailes de papillons, de libellules, … arrachées sans gêne, laissant les insectes agoniser.
Bref, ne lisez pas cette histoire à vos enfants, à moins qu’ils aient plus de 15 ans en tout cas. Car un innocent bambin serait bien malheureux de découvrir les atrocités subies par la petite Aurore, ou encore ce qu’elle est amenée à faire pour survivre…
Âme tendre et sensible s’abstenir,
ShayHlyn.
J’ai adoré ce titre en 2009 ( tchu déjà !), un récit qui m’avait bien surpris par son ton décalé et noir .
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J’ai adoré moi aussi ce récit dès sa première édition, son angle de vue étrange, sa façon de flirter avec le plus sombre et le plus naïf en même temps. Un chef d’œuvre selon moi!
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