
Scénario : Jean-Michel Darlot
Dessin : Johan Pilet
Éditeur : Kennes Éditions
64 pages
date de sortie : 21 septembre 2016
genre : jeunesse, aventure
Souvenez-vous : Ninn, la petite fille espiègle trouvée dans le métro a fini par suivre son tigre de papier sur la ligne noire pour tenter de découvrir ses origines. En surface ses proches s’inquiètent pour elle. Les avis de recherche fleurissent à la station Abbesses et ses deux amis Chad et Ulrika sont prêts à partir à sa recherche, la peur au ventre, dans les profondeurs métropolitaines. Ninn, quant à elle, ne s’en fait pas trop et se réveille tranquillement aux portes des Grands Lointains, aux côtés du tigre blanc qui va lui servir de guide dans cet étrange monde parallèle. Et elle en aura bien besoin, car il semblerait qu’elle ne soit pas la bienvenue. Les écueils et les pièges seront multiples avant qu’elle n’obtienne les réponses à ses questions sur ses origines.

Élu meilleur album jeunesse aux Samb’Or de l’an dernier, le tome 1 m’avait littéralement envoûté et avait eu sur moi un effet madeleine de Proust indéniable. Avec ce premier tome encensé par la critique et le public, les auteurs ont placé d’entrée de jeu la barre assez haut. Personnages attachants et bien campés, fiction matinée de fantastique dans un univers très réel et chargé d’histoires – le métro – un dessin crayonné fluide aux traits doux et chaleureux, tous les ingrédients étaient réunis pour accrocher le lecteur et le faire trépigner d’impatience pour connaitre la suite.
La voilà cette suite, et le niveau n’a pas baissé d’un iota. On s’éloigne ici du réalisme des couloirs faïencés du métro pour plonger en plein cœur d’un univers parallèle touffu et foisonnant de mille et unes inventions. Comme un pendant à la précision qu’ils ont eu à dépeindre les décors du sous-sol éclairé parisien, ils laissent allègrement vagabonder leur imagination pour créer un monde aux allures accueillantes remplis de pièges et de monstres inquiétants.

Le côté fantastique et même fantasmagorique prend toute la place et même plus. A l’instar du grand Fred dans Philémon, les auteurs se jouent des cases. Ils jouent avec le format du livre et n’hésitent pas à défier les lois de la gravité et du rationnel. Quoi de plus normal que de défier le rationnel dans une histoire peuplée de salamandres mangeuses de rêves, de pensées perdues virevoltant comme des papillons aux reflets multicolores, de sombres idées aux yeux brillants et aux doigts griffus, des tableaux mouvants, et des escaliers qui montent ou descendent, on ne sait plus trop …
Vraiment, on se régale de ces trouvailles et comme des enfants qui découvrent un passage secret, on a qu’une envie, c’est d’aller toujours plus loin et de suivre jusqu’au bout la petite Ninn sur son tigre blanc.

Les lecteurs trop cartésiens se demanderont peut-être si les auteurs ne s’aident pas de quelques psychotropes pour inventer tout ça. Qu’ils se tranquillisent. Jean-Michel Darlot et Johan Pilet ont la tête bien ancrée sur les épaules et passent beaucoup de temps à réfléchir et à écrire leur histoire. L’énergie qu’ils mettent à développer cet univers, mélange de poésie, de fantastique et d’aventures, transparait à chaque page de l’album. La qualité est au rendez-vous autant dans le graphisme que dans le scénario.

Saluons aussi le travail de l’éditeur qui laisse une liberté de manœuvre très confortable à ses auteurs. Ainsi, ont-ils pu choisir leur format et opter sans problème pour un 62 planches (comme dans les Tintin, dixit Jean-michel Darlot) leur permettant de prendre le temps de bien développer personnages et intrigue, et de placer de temps à autre un dessin en pleine page marquant une pause dans le rythme soutenu du récit.
Et puis leur projet prévu initialement en deux tomes à été accepté à la condition … de faire un peu plus de tomes ! Les auteurs se sont vite accommodés de cette contrainte et ont revu à la hausse le nombre de volumes. De deux, on passe à cinq. La tache va être ardue pour tenir la barre si haut durant 5 albums, mais vous pouvez faire confiance à ces deux auteurs talentueux qui ont déjà des idées plein la tête pour prolonger l’aventure.
Petits et grands, foncez sans hésiter sur les pas de Ninn à la découverte des mondes parallèles aux couloirs du métro.

Loubrun
lire la chronique du tome 1
Cette chronique à été rédigée à l’issue d’une rencontre avec Johan Pilet et Jean-Michel Darlot organisée par Kennes Éditions lors de la présentation du tome 2 à la presse et aux libraires, à la maison de la RATP à Paris le jeudi 15 septembre. En leur compagnie, nous avons visité un dépôt de matériel ancien de la RATP, lieu idéal pour de nombreux repérages photo pour Johan Pilet. Je les remercie pour leur disponibilité, leur sympathie et les discussions très conviviales que nous avons eues.





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