Les Sentinelles T1 et 2.

sentinelles1sentinelles2Tome 1 : Les moissons d’Acier,Tome 2 : La Marne

Dessin : Breccia Enrique – Scénario : Dorison Xavier
Editions Delcourt

Résumé (de l’éditeur):
À l’aube du XXe siècle, la « division Sentinelles » teste sa nouvelle arme : Taillefer, un soldat sur lequel ont été greffés des membres métalliques. Le soldat d’acier semble indestructible… Jusqu’à ce que ses batteries tombent à plat. Alors, lorsqu’un jeune scientifique conçoit la pile au radium, l’armée relance le projet et entrevoit de le tester dans le sang, le feu et la boue des tranchées.
Mon avis :
C’est la nouvelle série de Dorison dont certains prédisent déjà une longue vie et un grand succès d’édition. C’est pourtant une série qui a vu la première édition du premier tome sortir chez Robert Laffont, puis connaître de gros problèmes d’édition et la revente pour enfin ressortir chez Delcourt en même temps que le tome 2…Voilà déjà une série qui a connu une histoire mouvementée. Comme quoi, il ne suffit pas d’avoir des bons auteurs et une bonne BD pour connaître le succès, il faut encore avoir toute la logistique et le marketing qui suivent…Pour en revenir à la série elle-même, je pense que cette série mérite tout le bien que l’on peut lire ça et là dans les médias qui s’intéressent de près ou de loin à la BD.
Ce qu’on peut dire au niveau du scénario, c’est qu’il s’agit d’un récit « historique fiction »…Que se serait-il passé si…la pile au radium avait existé en 1914 et  avait permis de transformer des soldats infirmes en supers soldats, héros de la nation? Dorison en profite pour décrire avec minutie « La Grande Guerre » dans sa triste réalité, les boucheries au front, les ordres des gradés dignes de pratiques du Moyen-âge, un patriotisme exacerbé à un tel point qu’il en devient caricatural à la lumière du XXIe siècle…Les corps explosent, les cadavres se ramassent à la pelle…encore faut-il qu’on ait le temps de leur donner une sépulture. Les hôpitaux de campagne sont des mouroirs où il n’y a que peu de chances d’en sortir vivant…Tardi a déjà décrit cette période de l’Histoire, dans son style bien particulier et en noir et blanc. Dorison fait de même, mais malgré tout différente : de façon crue, avec une palette de couleur pâle et sombre. Il fait appel aussi à des vraies photos d’époque qui sont intégrées dans l’histoire en couleur sépia. Mais ce qui frappe surtout, c’est le style déjanté donné à l’action, le héros avec son étendard français qui est prêt à donner sa vie pour sauver la Patrie…C’est moins humoristique que Superdupont de Gotlib, mais la caricature, l’esprit  ne sont pas loin. Le contexte historique ne s’y prête pas et pourtant on y pense par moment…Cela nous donne un scénario original avec un angle d’attaque tout à fait original entre cauchemar et farce, entre sublime et dérisoire…Breccia met son style très personnel au service de ce scénario. Cela nous donne un graphisme abouti, des personnages bien typés et bien différentiés, un dessin aux détails chirurgicaux (au sens premier et second).Une réussite en tout cas et un graphisme qui sert bien l’histoire, qui appuie sur le côté grandiloquent, sublime ou grotesque.
En conclusion, j’ai dévoré d’une traite les deux tomes et j’ai trouvé ce récit très bien documenté mais à lire par moment avec ce brin d’humour et de recul indispensable pour apprécier cette histoire. C’est très spécial mais bien foutu. Le tome 3 s’appellera « Ypres ». C’est la bataille de l’Yser, les inondations provoquées, l’Ypérite, les gazages des tranchées,…Encore un épisode passionnant de la « La Grande Guerre » dont j’attends avec impatience le traitement de choc par Dorison. Lecture chaudement conseillée.
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Capitol.

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LOUP de Marc & Eric Moreno et Amélie Sarn

Origine de cette histoire

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Une explosion.
Lumière aveuglante, fracas assourdissant, cris, fumée, sang…

18 février 1991, gare de Victoria, Londres.

Je retrouve mes esprits. Mon frère me prend la main et m’entraîne à l’abri…
Tout autour pleurs, râles, poussière suffocante. Mon frère me parle. Je ne l’entends pas.
Sous mes pas du verre. Le hall de gare tangue. Des personnes se sont levées et courent n’importe où ; d’autres sont toujours couchées, immobiles.

Du sang et des larmes sur les visages.

Mon frère et moi venons de réchapper à un attentat à la bombe. Les semaines qui suivront me plongeront dans l’ombre et la confusion.
Loup est né de ces semaines d’incompréhension.

C’est ainsi que Marc Moréno, dessinateur de cette BD, nous explique comment est né Loup.
Marc et son frère Eric (qui colorise cette BD) ont travaillé avec Amelie Sarn. Compagne de Marc, elle scénarise les peurs vécues par les deux frères.
A travers une histoire qui s’enrichit d’un peu de fantastique, ils tentent de retranscrire le questionnement des victimes d’attentat et leurs peurs post-traumatiques.


Ce n’est pas tout à fait leur histoire mais…

Celle-ci met en scène Louis, un artiste-peintre, et sa soeur Annelise, qui ont ensemble réchappé d’un attentat récent à Bordeaux. Ils sont idemnes… physiquement… Mais tous deux ébranlés, chacun réagit à sa manière face aux séquelles psychologiques de leur traumatisme : Annelise se tourne vers l’aide médicale alors que Louis se replie, totalement. Il vit reclus, mange sa viande crue comme une bête sauvage, déambule et peint nu dans son appart’. Il EST devenu bête sauvage, homme à tête de loup.

 

Etre un homme nous oblige-t-il à endosser la cruauté inhérente au genre humain?


Cette question, après l’horreur de l’attentat, semble obséder Louis qui exprime sa colère au travers d’une peinture effrayante. En cherchant à donner du sens à ce drame, à l’innacceptable, il tourne et retourne cette colère jusqu’à l’extrême violence, jusqu’au dégoût (le chapitre de Nadja est bouleversant). Il trouvera même ce qui lui semble être un frère en Seselj, lui aussi loup, et détenant les réponses dans ces abîmes…

C’est pas un brin ennuyeux tout ça?


Pas facile de parler d’un bouquin comme celui-ci basé sur l’état psychologique de ses personnages sans être chiante… Mais certainement encore moins facile de FAIRE ce bouquin sans qu’il le soit… (chiant). Mais non, vraiment, c’est passionnant! J’ai été immergée, secouée et effrayée par ce que nous racontent les auteurs : il s’agit aussi de NOS peurs, de NOS doutes.
Beaucoup de rythme dans le découpage et la façon dont est structurée l’histoire! Chaque personnage raconte un bout de l’histoire dans un chapitre, et le suivant va  montrer la perception d’un autre personnage. Il y a aussi des flashbacks qui nous permettent de comprendre les évènements et les protagonistes.

Graphiquement, c’est très réussi! On évolue en permanence dans une bichromie noir et rouge qui tombe bien à propos, forcément… J’ai aussi apprécié le trait parfois concis pour  les personnages, mais souvent très détaillé dans certaines scènes : certains décors comme les monuments sont magnifiques (d’ailleurs l’action se situant à Bordeaux, des connaisseurs devraient pouvoir juger par eux-mêmes! Clin d'oeil )

Pour moi, c’est un beau livre, riche en émotions, et dont la violence n’a absolument rien de gratuite.


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Note : 8/10

 

LOUP

Dessins et couleurs : Marc et Eric Moreno
Scénario : Amélie Sarn
Date de parution : 9 mai 2007
Editeur : Les Enfants Rouges
Nombre de pages : 272
Prix : 24.00 €



P.S. : Le nom d’Amélie Sarn vous dit peut-être quelque chose? Elle est l’auteur du roman Elle ne pleure pas, elle chante qui a été adapté en BD par Eric Corbeyran et Thierry Murat. (Une lecture très émouvante aussi)

P.S. #2 : On me souffle à l’oreillette que les frères Moreno sont aussi les auteurs de la série Le régulateur dont Samba vous a donné un avis par ici.

La memoire dans les poches, 2 ème partie.

memoireanslespochest2Auteurs : Le Roux et Brunschwig.
Editeur :Futuropolis.

Souvenirs.
Voilà plus de trois ans maintenant que Sidoine Letignal a disparu, emportant avec lui l’enfant abandonné par Malika, la jeune sans papier.
Malika, que la police française a expulsée, a dû repartir en Algérie.
Pourquoi Sidoine a-t-il agit ainsi ?
Pourquoi a t-il abandonné sa femme et son fils ?
Où est-il donc allé avec le nourrisson?
Autant de questions restées sans réponse durant toutes ces années.
De son côté, Laurent est retourné vivre chez sa mère, Rosalie. Celle-ci a sombré dans la dépression. Le jeune homme timide est devenu un jeune romancier en vue. Son dernier polar est salué par la critique. Il a même droit à sa première émission littéraire à la télévision. C’est pour lui une occasion inespérée de lancer un appel à d’éventuels témoins, afin de découvrir ce qu’est devenu son père.
Débute alors un voyage qui va conduire Laurent sur les traces du disparu et qui va lever le voile sur bien des mensonges et des oublis faits au sein de sa famille.

Mes notes.
Cet album a été élu meilleure BD du mois  de juin sur ce blog, ça devait suffire à vous convaincre non ? Vous vous attendez que Samba  aie à contre courant comme d’habitude? Et bien, c’est raté, j’ai comme souvent avec les albums de Brunschwig apprécié la justesse des émotions qui jaillissent de cette BD.C’est terriblement humain, touchant par moment, sans oublier la touche social  qui amplifie encore les propos. Dans le premier tome, on suivait Sidoine, on sortait des clichés des cités à problèmes avec une touche d’espoir. Pour le tome 2, on est maintenant dans les pas de Laurent, notre anti héros, plus mature et pragmatique. Pour le dernier tome, on suivra peut être la quête de Rosalie ? On verra, mais ce qui est sûr c’est qu’on retrouvera  les flashbacks qui sont la marque de fabrique de Brunschwig.
J’ai aussi apprécié la grande fluidité du récit aussi bien du point vue de la narration que pour la mise en page. De ce coté, Le Roux nous livre un dessin en harmonie avec l’histoire, tout en nuance et en subtilité. J’ai aussi apprécié de voir des personnages réels avec de vrais gueules. Et oui, le monde n’est pas peuplé que de bimbos blondes à fortes poitrines mes amis !
J’ai néanmoins noté une inflation incroyable en trois ans, le tome un 15.9 Euro pour 88 pages et ce tome deux, 16 Euro pour 71 pages. Par les temps actuels, ce n’est pas un détail.
surprises.smileysmiley.com.9
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BRITTEN & ASSOCIE, tome 1 de Hannah Berry

Découverte…

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« Comme chaque matin, selon une nécessité sournoise, le soleil s’est levé. Il s’est levé dans un ciel tuméfié et tendre, à peine visible à travers les nuages. La vue de la fenêtre change si rarement que je ne prends plus le temps de m’y attarder.

Il y a dix ans, j’ai ouvert une agence d’investigation privée et me suis fixé pour mission de servir l’humanité et de corriger les abus. Durant toutes ces années, les seuls abus qu’il m’a été donné de corriger se sont limités à ma déclaration de revenus.

Les gens qui font irruption dans mon bureau, sûrs de leur vertu, sont soit des amants jaloux en quête d’une justification à leur jalousie, soit des amants revanchards cherchant à ternir la réputation de leur amant jaloux. La plupart me paient pour que je leur dise ce qu’ils savent déjà, et ceux qui ne le savent pas finiront par le découvrir eux-mêmes.

Aucun n’aime ce que j’ai à lui annoncer. Je me suis plus ou moins fait un nom dans le milieu; on m’appelle le bourreau des coeurs« .

 

Dès les premières pages, le ton est ainsi donné par cette voix-off du personnage principal, Fernandez Britten, attachant malgré son teint blafard, son nez-chamallow et ses allures de crooner latino morose aux yeux gris, si tristes… C’est un enquêteur privé désabusé et dépressif, aimant converser avec son associé nommé Stewart Brülightly, un petit brin lubrique, et qui n’est autre que… hein?! Un sachet de thé!?! Eh oui! Voilà un des charmes de ce polar noir légèrement soupoudré de non-sens typiquement british!

L’ambiance obscure et oppressante est renforcée par les teintes du graphisme dans les gris délavés (comme détrempé par la pluie brittanique!). Le tout est sombre, parfois un peu trop dans certains passages où les cases manquent de lisibilité. Mais rien de grave. Le trait a une « patte » atypique qui rend ce dessin très personnel et propre à l’auteur.

Les cadrages et les plans sont très recherchés, plutôt singuliers, audacieux et parfois vertigineux! L’auteur joue beaucoup avec les points de vue, en plongée, contre-plongée, etc. ce qui donne un aspect très cinématographique à l’ensemble.

Et alors, le scénario?

Plutôt classique : dans l’Angleterre des années 40, notre privé Fern’, blasé à l’écoeurement des banales affaires de cocufiage, attend l’Enquête qui le sortira de sa torpeur. Il semble bien que le jour soit arrivé lorsqu’une cliente, Charlotte Maughton, vient le trouver pour élucider la mort de son fiancé : la police a conclu à un suicide mais sa cliente rejette en bloc cette version et croit à un meurtre…

L’intrigue devient vite complexe mais solidement ficelée, et s’oriente vers des secrets de famille soigneusement étouffés… Il y a un peu d’Agatha Christie comme le souligne l’éditeur mais en beaucoup moins « propre », moins « lisse », et ce n’est vraiment pas un mal!

L’histoire est bien rythmée mais elle permet aussi de laisser un temps de réflexion à celui qui veut observer les détails et en déduire les non-dits du récit. Pourtant un petit bémol sur les dernières pages : même si réellement prenantes et surprenantes (car le mystère reste entier jusqu’au dénouement final), elles m’ont paru d’abord confuses car beaucoup d’éléments se précipitent et il m’a fallu quelques fois revenir en arrière pour bien identifier les personnages en jeu et leur relation entre eux.

La fin  se déguste tout de même : non seulement elle nous éclaire sur l’intrigue mais elle s’attarde aussi sur les souffrances de Fern’ pour comprendre ses réactions.

Abrège!

Sur le fond, c’est un très bon polar noir, classique mais efficace, relevé par le personnage de Fern’ (doux-dingue à sérieuse tendance au dédoublement de personnalité?)
Sur la forme, c’est du bonheur (sombre quand même!) en 100 pages pleines d’originalité!

Un petit mot sur l’auteur: Hannah Berry est une jeune Anglaise qui signe ici son premier album. Eh ben!! Ca promet! Prochaines créations à surveiller de près!

Note : 8/10 (et encore, j’essaie d’être sévère…)Innocent

Britten & associé

 

Britten & associé
Auteur : Hannah Berry
Date de parution : 10 juin 2009
Editeur : Casterman
Nombre de pages : 104
Prix : 24.00 €

Les insurgés d’Edaleth, Cantiques T1.

insurgesdedaleth01INSURGES D'EDALETH (LES)Auteurs :Tackian,Miquel et Brion.
Editeur : Soleil (Mondes futurs).

Le futur.
Au cœur de la galaxie d’Irth, une nouvelle croisade vise à écraser définitivement toute rébellion. Seuls les Insurgés d’Edaleth s’élèvent encore contre la tyrannie.
Pour survivre, un seul moyen : choisir son camp.
Pour durer, un seul mot d’ordre : le trahir.

Mon anticipation (enfin ici je retarde vachement).
« Les insurgés d’Edaleth » sont tout d’abord un bon récit de science fiction ressemblant un peu à un mélange de Dune(le film) et du 7 ème élément (une comparaison assez hardie je le confesse).J’ai trouvé l’univers très bien représenté et imaginatif à souhait. Je ne suis pas un grand fan du style « photoshop » et du dessin informatisé mais je trouve que ça colle parfaitement avec le thème de cette série. J’ai aussi apprécié les scènes d’action qui se révèlent très fluides et dynamiques En plus, c’est parfois très très agréable à l’œil (hello  to you!).
Le scénario n’est pas révolutionnaire mais il arrive à attirer l’amateur de SF dans un combat dont il voudra en connaître la fin. C’est une sorte croisade futuriste dont on pourrait facilement faire un rapprochement  avec des  événements et des personnages actuels.
Bref, encore une BD à rajouter à ma liste d’achats de 2 ème main si je veux connaître le dénouement de cette saga planétaire.
surprises.smileysmiley.com.7

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