Elliot au collège

Scénario : Théo Grosjean
Dessin: Théo Grosjean
Éditeur : Dupuis
Date de sortie : 13 janvier 2023
64 pages
Genre : humour

« – Toi aussi t’as mis une ceinture ?

– Bah oui, toujours le vendredi, le jour où Bastien baisse des frocs… »

Présentation de l’éditeur

À peine arrivé dans la cour de récréation pour sa première journée de collège, le jeune Elliot, légèrement stressé de nature, voit ses angoisses se matérialiser sous la forme d’une grosse mascotte orange qui se propose de le guider dans les méandres impitoyables de l’adolescence. Banc réservé aux populaires, difficulté de se faire des amis dans ce monde de requins quand on a encore une tête de bébé, cours de natation quand on est le seul à porter un slip de bain et quand le bonnet vous fait une tête d’œuf… les avertissements de cet étrange ange gardien complètement paranoïaque ont surtout un effet immédiat sur Elliot : le stresser encore bien davantage ! Et faire de ces passages obligés et délicats que sont le collège et l’adolescence un véritable enfer !

Mon avis

Cela faisait trèèèèèèès longtemps que je n’avais pas ri en lisant une bande-dessinée. Et j’insiste bien sur le terme « rire » et non sourire, ou même « souffler du nez » (je n’ai pas de description plus claire du phénomène). Elliot au collège est un album très drôle, intelligent et d’une grande sensibilité.

Alors oui, on est dans une énième description du quotidien d’un collégien. Le collège c’est une no-go zone, une jungle, le Mordor. Théo Grosjean apporte une dimension introspective des plus réalistes. L’omniprésence de son « ami imaginaire, créature ronde aux yeux globuleux, et les échanges entre cette dernière et Elliot constituent le principal ressort comique du récit. Et cette personnification des angoisses du jeune garçon fait admirablement, et avec un certain zèle, son boulot en lui mettant la pression, le faisant douter, bref, en lui pourrissant la vie.

Le dessin est coloré, quoiqu’un peu pâle. Les personnages, aux traits caricaturaux propres au genre, s’animent et donnent un rythme soutenu à la lecture avec une chute à chaque fin de planche comme le rappelle l’auteur en introduction. Mais en même temps le choix est de prendre le temps de tisser une trame principale qui tourne autour du quotidien d’Elliot et de ses angoisses. Le bouquin prend aussi une dimension plus subtile et finalement assez inattendue quand l’attention se décentre de son héros pour élargir la problématique du mal-être sur son entourage. L’humour cède ainsi parfois sa place, d’une façon subtile, à un réalisme plus sombre autour de problématiques familiales dramatiques.

Premier tome d’une série plus que prometteuse, à l’image de l’indéniable talent de son auteur, âgé de surcroît de 28 ans, et qui se livre au lecteur pour évoquer l’influence de ses propres angoisses sur son œuvre. Je suis admiratif du ton, de la maturité et de la maîtrise globale. C’est surprenant et fluide. Un vrai coup de cœur !

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