Vermines T1

Scénariste : Mathieu Salvia
Dessinateur : Johann Corgié
Editeur : Dupuis
Genre : Drame
Sortie : le 21 avril 2023

Avis de l’éditeur :

À sa mort, un membre du gang du 3rd Ward de la Nouvelle-Orléans se réveille au sein des « Coulisses de la Réalité », un monde caché parmi le nôtre dans lequel évoluent monstres, sorcières et gardiens chargés de « veiller » sur nous depuis la nuit des temps.

Mon avis :

Avec un taux de criminalité supérieur à 80%, la Nouvelle Orléans est un concentré de gangs rivaux se disputant au final un maigre territoire, tous adeptes de la gâchette facile, de tatouages tribaux et de rap. Jusqu’ici rien d’innovant d’un point de vue scénaristique, affichant des protagonistes classiques évoluant en milieu urbain, prêts à en découdre avec quiconque.

Le héros de ce récit, un nommé Marcus Garner, décède lors d’une fusillade. Il est criblé de balles, mais se réveille quelques instants plus tard dans une pièce vétuste et défraichie. Par quel miracle est-il toujours en vie ? Si toutefois, on peut parler de phénomène positif ? Car à peine réveillé, le voici traqué par un homme lézard, avec pour particularité des hiéroglyphes inscrits sur son visage, capable de fendre les airs, et de propulser en mode lévitation tout ce qui se trouve à portée de main …

Dans la lignée, une forme d’Hermite à la barbe hirsute fait sa glorieuse entrée dans la danse, de très courte durée,  car l’instant d’après, revoici ce cher Marcus téléporté à un autre endroit, dans un bus, vêtu en robe de chambre ensanglantée, paniqué à l’idée de voir surgir des monstres à tout-va et qu’aucun de ses fidèles comparses ne le reconnaisse. Dés lors, on apprend avec stupéfaction, suite aux décodages de l’Hermite, que Marcus est bel et bien décédé lors de la fusillade, mais que son identité coulisse entre deux mondes.

De charybde en scylla, nous découvrons, pour notre plus grand bonheur, un complot mettant en scène six femmes qui ont enseigné à leurs disciples la modification des clés capables d’ouvrir des « portes » d’accès, qui ont d’ailleurs la forme de créatures roses lignée d’aspect insecte géant.

Pour faire simple dans ce melting-pot de grande envergure : l’Hermite est en quête de dénicher où se localise l’administratrice qui pourrait, et en contre partie et selon son bon vouloir, restituer la vie d’antan de Marcus. Un donné pour un rendu, on ne peut plus simple.

Honnêtement, et avec un très large recul :  estimez-vous heureux et courageux si vous avez tenu jusqu’à ce passage de Vermines ou qu’importe le nom auquel on aurait pu décrire ce phénomène. A n’en pas douter, de la simple consommation de narcotiques traditionnels ou de psychotropes classiques ne suffiraient point à décortiquer, voire à chercher un quelconque sens, à cette trame peu convaincante. Mathieu Salvia tente l’effet de surprise et c’est plutôt réussi, mais de là à ce que cela fonctionne … Finalement, on préférait de loin les 20 premières pages, on ne peut plus classiques certes, avec des gros castagneurs qui veulent en découdre, mais comparativement avec ce qui nous est ensuite proposé … Difficile de faire pire.

La qualité graphique quant à elle, redresse tout de même la barre de l’indigestion, proposant quelques planches alléchantes particulièrement expressives (notamment la première partie de l’ouvrage) misant sur une colorisation plutôt correcte.

Mais bon, la fin d’album converge dans le même sens : autant la narration que le trait de Johann Corgié en prennent dans les gencives. Mention spéciale toutefois pour les animaux tels que le chien et la mouche en gros plan, réellement accrocheurs. Oublié cependant les créatures fantasmagoriques autant ridicules que banales.

Bon bref, pas sûr que Vermines soit du goût de tous … Bon courage en tout cas.
Coq de Combat