PLAGIAT!

Quand la ligne claire rencontre le monde de l’art…
Scénario : François SCHUITEN et Benoit PEETERS
Dessin : Alain GOFFIN
Editeur : ANSPACH
64 pages – cartonné
Parution le 7 avril 2023
Vintage relooké

Chris Van Meer est le peintre le plus en vogue de la nouvelle vague. Son excentricité subjugue autant que ses toiles, et ses expositions attirent des amateurs de plus en plus nombreux. Les critiques ne jurent que par lui, les femmes se jettent à ses pieds, mais lui ne se passionne que pour son oeuvre. Avec sa nouvelle série de tableaux, il pense avoir atteint le sommet de son art.

Mais tout s’effondre lorsque deux étranges cambrioleurs s’introduisent dans sa somptueuse villa ! Quelques semaines plus tard, juste avant que Chris Van Meer ne dévoile ses peintures, un nouvel artiste, aussi brillant que mystérieux, présente d’éblouissantes compositions. Pour Chris, cela ne fait aucun doute : il est la victime d’un plagiat ! Terrassé par la colère, il détruit ses propres toiles, avant de se décider à porter plainte. mais comment combattre un artiste inconnu qui vit sur un autre continent? Comment prouver le plagiat ? Obsédé par l’idée de trouver le coupable, Chris entame une descente aux enfers, rejeté par ceux qui l’adulaient, engloutissant sa fortune dans un combat qui semble perdu d’avance…

L’album a d’abord été publié chez les Humanoïdes associés, il y a 32 ans, en janvier 1989 et a été nominé pour l’Alph Art du meilleur album à Angoulème. Il a reçu le prix RTL 1990 de la bande dessinée. C’est un parfait modèle du genre ligne claire, tendance « nouvelle vague ».

Le scénario colle parfaitement au milieu de l’art contemporain, qui a d’ailleurs connu, depuis l’époque, des scandales en cascade. Il y a un côté férocement jubilatoire dans le description des extravagances de ce petit monde, ce qui montre de la part des auteurs, une parfaite connaissance du sujet. Sujet qui reste bien sûr d’actualité : la banane de Maurizio Cattelan à 120 000 dollars vient encore d’être mangée!

L’univers artistique du Bruxelles des années 80-90 et sa versatilité assumée est décrit avec justesse. Le lecteur-connaisseur appréciera particulièrement les petits clins d’œil à Geluck, Rietveld, Warhol, Liechtenstein, Hergé, Jacobs, Haring, et d’autres encore.

Un dossier inédit en fin d’album, soigneusement documenté, signé par Charles-Louis Detournay (ActuaBD), vient très judicieusement le recontextualiser. Avec une mention spéciale pour cette extraordinaire villa Paquebot de Dirickz, lieu principal de l’intrigue, qui a été restaurée en 2009.

Et enfin, je vous recommande, en complément, la lecture de Pierre Bayard et de son essai, « Le Plagiat par anticipation » (interro la semaine prochaine!).

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