Monsieur Apothéoz

Scénario : Julien Frey
Dessin : Dawid
Éditeur : Vents d’Ouest
Date de sortie : 11 janvier 2023
120 pages
Genre : Roman graphique

« Réussir, réussir, ça veut dire quoi d’abord ? Réussir sa vie ? Réussir dans la vie ? »

Présentation de l’éditeur

Dans la famille Apothéoz, l’ambition conduit toujours à une mort d’exception. Convaincu que son nom porte malheur, Théo a décidé de ne jamais rien entreprendre. À 30 ans, il vit de petits boulots et habite chez son père. Il aime Camille depuis l’enfance, mais elle n’en sait rien. Quand Théo rencontre Antoine Pépin, un écrivain en panne d’inspiration, c’est le début d’une étonnante amitié. Ce dernier ne croit pas à la malédiction des Apothéoz et insiste pour l’aider à conquérir Camille…
Le duo Julien Frey et Dawid nous offre une comédie décalée et réjouissante qui nous amène à réfléchir sur nos plus beaux échecs, nos rêves de jeunesse et notre capacité à faire face. Une pépite qui nous redonne le sourire et nous rappelle les vertus des rencontres fortuites. À lire de toute urgence.

Mon avis

Très difficile de catégoriser, qualifier, définir le roman graphique de Julien Frey et Dawid. En même temps pourquoi s’imposer l’exercice ? Peut-être parce que je dois remplir, dans ma présentation du bouquin, la section « genre » et que j’ai passé beaucoup de temps à ne pas me décider et d’écrire lâchement « Roman graphique ».

Je m’explique :

A l’image de la couverture, Monsieur Apothéoz est une histoire assez énigmatique, une curiosité à part entière. Le personnage chevauchant un scooter regarde au loin l’horizon d’un paysage rural à l’aube (ou au crépuscule), le sol semble s’éroder, s’écouler, sous ses pieds, comme des traces de sang sur un mur immaculé.

Le mystère s’épaissit au fur et à mesure de la lecture. Dawid joue avec les couleurs sombres comme pour souligner le drame qui semble chevillé au corps de Théo: une malédiction familiale de malchance, scoumoune, guigne dont il essaie, avec un fatalisme marqué, de se dépêtrer.

Et qui va l’aider dans cette entreprise ? Je vous le donne en mille : M. Pépin. L’ironie du sort est décidément bien ironique.

Le scénario de Julien Frey joue avec le lecteur, multipliant les fausses pistes et les genres : Le feel-good se mêle au drame social, la romance au thriller, la réalité à la fiction, le cynique à l’absurde. La lecture n’est pas dépourvue de surprises et de sourires parfois inattendus. Les personnages ont l’air tout remué, à l’image de leurs vêtements qui apparaissent comme froissés, de leurs jambes et de leurs corps tordus, comme malmenés par leurs existences.

Monsieur Apothéoz est avant tout une histoire de rencontres. On assiste à l’influence de celles-ci sur le déroulement de la vie, avec son lot de routines et de coups de théâtre, de fausses routines et de fausses surprises. On vogue entre une histoire d’amour à la Quand Harry rencontre Sally tout en se croyant dans un Tarantino.

Cette richesse et cette originalité stylistique est en même temps la limite de cette BD. Je ne sais pas vraiment ce que j’ai lu, tout comme je suis bien incapable de vous dire quelle émotion prédomine à la fin de sa lecture. C’est un peu dubitatif que j’ai fermé l’album, il y a comme un faux rythme, une impression de mystère qui persiste, alors même que tout semble se résoudre. L’ensemble est d’une noirceur prédominante, donnant finalement le ton d’un ouvrage hétéroclite.


Petitgolem13

ScénarioDessinico_Album
coeur_troiscoeur_trois_et_demitrois

4 commentaires sur “Monsieur Apothéoz

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  1. J’avais lu cette BD à sa sortie, intrigué par la couv et son côté thriller.
    J’en garde un souvenir bizarre qui rejoint le ressenti de ton excellente chronique (j’avais attribué 3/5 sur BulleDair.com où je note mes BD lues afin de me souvenir de mon avis !).
    En tout cas, elle m’avait marqué par son côté poétique, humoristique et dramatique… je comprends que tu aies eu du mal à la classer, mais Roman graphique est le bon genre !

    Aimé par 1 personne

    1. Tu ne te souvenais même pas du congélateur et de la queue de billard ?… moi, non plus mais je l’ai (re)feuilletée ce matin pour m’en souvenir !😅… et j’avais bien aimé ce côté grandguignolesque.

      J’aime

  2. Bien vu Petitgolem ! meme sensation qu’a la lecture de ta chronique : un flottement, une sensation de douce amer; en tout cas indéfinissable … Je retiens le village qui se vide par exode rural et ou les derniers habitants tirent leur ennui. Ensuite une absence d’empathie pour les protagonistes : il ne sont pas spécialement charismatiques, sympathiques. C’est a l’avenant on ne sait que penser de ce scénario.
    La seule chose qui m’a fait sourire est la claque monumentale délivrer par l’épicière !

    Aimé par 1 personne

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