Au Crépuscule de la Beat Generation

Auteur : Etienne Appert
Introduction d’Alejandro Jodorowsky
Editeur : La Boite à Bulles
Genre : Psychédélique
Sortie : le 5 avril 2023

Il nécessite une foi inimaginable pour croire au sacré, comme il faut une foi inimaginable pour la réfuter. Dans ce pavé boulimique d’énergies tantra,

Avis de l’éditeur :

Au cours des années 1950, une nouvelle génération d´auteurs et d’artistes ébranle l´Amérique avec son style percutant et contestataire. Ils prennent le nom de Beat Generation, nom signifiant à la fois « génération battue », « génération de la pulsation» et « génération en quête de béatitude ». Parmi eux Jack Kerouac, William S. Burroughs, Neal Cassady…

Mon avis :

Chers lecteurs, sortez vos strates poétiques, l’heure est à l’essence même de la « Pop Culture », sous le regard de la « Beat Génération », ce mouvement qui s’est illustré durant les années 50, sous l’influence de ses 3 génies atypiques : Allen Ginsberg, Jack Kerouac et l’illustre William Burroughs, excusez du peu… Ces trois gaillards survoltés convergent vers un sentier commun, composé entre autres d’ouverture d’esprit, de l’exploration métaphysique lors de voyages intérieurs, procurés par l’avalanche de drogues leur permettant, d’après leurs dires d’atteindre le seuil de la compréhension.

Mais d’entrée de jeu, ce mouvement anticartésien, bien que consolidé par des membres toujours de plus en plus nombreux, et certains à la renommée internationale, est pointé du doigt par les autorités et les institutions mises en place donnant lieu au « Procès », qui révoquera la censure aux Etats Unis, propulsant du coup Ginsberg vers la célébrité. A contre-courant de l’empire maccarthyste, Ginsberg s’attèle sur tous les fronts, à permettre et soulever une autre vision qui s’avèrera devenir le point d’attache de toutes les contre-cultures occidentales du 20ème bon siècle passé.

Ces 240 pages purement psychédéliques se traduisent ainsi : Nous suivons le parcours du journaliste français Gilles Farcet, qui en 1988 rencontre à New York Allen Ginsberg. A son grand étonnement, l’un des poètes les plus médiatisés du siècle dernier apparaît sous la forme rocambolesque d’un authentique clochard céleste, jouant clairement la carte de la marginalité et de l’opulence verbale. Commence alors un périple avec cet adage connu des gens des seventies sous l’emprise de psychotropes : « « Pénétrez de l’autre côté », à l’instar d’un Jim Morrison, également connu pour sa poésie, tantôt révélatrice, tantôt provocatrice.

Au crepuscule de la beat generation_Etienne Appert_La boite a bulle_Psychedelique_extrait

Basé sur de solides témoignages de Gilles Farcet, Etienne Appert nous reconstitue en quelque sorte l’héritage des contre-cultures qui ont clairement modifié la face de l’Amérique. A la fois instructif et dérangé, dégageant une forte odeur de vitriol et d’ammoniaque, cette brique fonçant tel un bolide à 300 à l’heure se tortille et se déhanche à l’image d’un acrobate en plein saut. Le monde est sacré, l’âme l’est tout autant, à l’instar de la peau et des orifices sexuels comme l’illustre à merveille Ginsberg. Nous postillonnons le sacré à la face de Moloch (fait-il allusion au reptile saurien des déserts saoudiens ou de la divinité reprise à Canaan lors de l’Ancien Testament sous la colonie juive ?!)

Quoi qu’il en soit, la démesure est de rigueur, mais poussée dans sa splendeur et son homogénéité comme le soulignerait fort bien un certain Hunter S Thompson et son décor expressionniste sur la route de Las Vegas (Mais ceci est une autre histoire, évitons les mélanges).

L’œuvre d’Etienne Appert caresse autant les méninges décollées que les vices à profusion, pour ces artistes poètes prônant le goût amer, exacerbé et offrant louanges cérémoniales à la Beat, soit au mordant, à la pulsation qui pousse l’interpellé à pousser le bouchon hallucinatoire toujours plus loin.

Ce roman graphique perturbe autant qu’il fascine, si toutefois, vous vous sentez questionné et captivé par le sujet, d’autant qu’il s’agit peut-être d’une clientèle littéraire de niche, au vu du trait stylé, mais très nuancé, loin des codes traditionnels. Les faciès décrits en plans rapprochés démontrent les bobines déstructurées suite au trop plein de consommation d’acides (en même temps, une majorité de gens en consommaient aux States durant les 60-70) Les visions archaïques de l’esprit déployées, suite aux paroles de Hank (Ginsberg) fragilisent le Beat ou le mettent sur un piédestal. Les pleines pages de gens nus courant dans de vastes parcs colorés rempli de fruits exotiques ou encore les chimères artificielles de l’esprit décadent témoignent à merveille « Le dernier clochard céleste ».

Le Beat, c’est à la fois la force qui te pousse vers l’avant et la chute totale.

Quoi qu’il en soit, ce voyage spectral en saisira plus d’un, bien qu’objectivement, le commun des mortels, aura une certaine frustration à ne pas toujours savoir décoder ses rouages. On comprend dés lors la participation de Jodorowsky, fin limier des expériences sensorielles de l’esprit et de la chair, à décrire la rencontre entre Allen Ginsberg & Gilles Farcet de vérité miraculeuse.

Coq de Combat

2 commentaires sur “Au Crépuscule de la Beat Generation

Ajouter un commentaire

  1. Oui, et celle-là,, c’est de la bonne !
    Je n’ai pas de souvenir de cette époque (j’étais trop jeune), mais j’ai connu après la révolution culturelle de l’Europe à l’adolescence !

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑