Scénario : Xavier Bétaucourt – Laurent Binet
Dessin : Olivier Perret
Éditeur :Steinkis
Date de sortie : 17 novembre 2022
144 pages
Genre : polar sémiologique
« Celui qui maîtrise le discours, par sa capacité à susciter la crainte et l’amour, est virtuellement le maître du monde. »
Présentation de l’éditeur
25 février 1980. Roland Barthes est renversé par une camionnette. Et s’il s’agissait d’un assassinat ?
Jacques Bayard, commissaire de son état, et Simon Herzog, jeune sémiologue, mènent l’enquête. Une enquête de routine qui se transforme rapidement en polar saisissant.
Roland Barthes possédait en effet la septième fonction du langage, capable de convaincre n’importe qui de faire n’importe quoi dans n’importe quelle situation.
Attisant la convoitise des plus grands intellectuels et hommes politiques, la septième fonction sème les cadavres sur son chemin. Tout le monde est suspect…

Mon avis
La septième fonction du langage est une jouissive plongée dans les débuts des années 80. Cette BD est tirée du roman éponyme de Laurent Binet, et croyez-moi que je ne manquerai pas de le lire tant le sujet de la sémiologie ( la science qui étudie les systèmes de signes (langage et autres systèmes)) m’a semblé passionnant. Et, dans une douce ironie, me revient à l’esprit ma récente lecture de l’Odyssée Évolutive qui fut pour moi des plus indigestes. Certain(-e)s auront probablement le même ressenti en lisant l’ouvrage de Xavier Bétaucourt et Olivier Perret et s’écrieront, comme Jacques Bayard : « Enculés d’intellos » !
J’ai trouvé que ce roman graphique était une réussite absolue tant sur la forme que sur le fond. La couverture fait penser à une affiche de film d’action, la lecture confirmant cette impression. On ne s’ennuie jamais, c’est dynamique et captivant, les auteurs usant des ressorts narratifs grossiers (le flic bourru qui doit bosser avec le petit intello, les japonais qui font du karaté, les scènes de sexe qui n’apportent rien à l’intrigue, pour n’en citer que quelques-uns) d’une façon volontaire, maîtrisée, assumée et même déclamée.
Car c’est là que La septième fonction du langage est brillante : c’est un mille-feuilles (quoi de plus logique s’agissant d’une BD ?) où la réalité se mêle à la fiction dans des multiples strates qui se superposent. Xavier Betaucourt et Olivier Perret prennent vie dans l’histoire comme personnages à la fois témoins, commentateurs et acteurs de ce qui se passe, influant parfois sur le déroulement de l’intrigue, soulignant avec beaucoup d’humour auto-dérisoire, les « faiblesses » de celle-ci. Les personnages eux-mêmes sont entrainés dans ce méta-récit et doutent de la réalité qu’ils croient vivre. L’effet fonctionne à merveille dans ce polar où le verbe, le sens des mots et le pouvoir du discours sont au centre de tout.
Je pourrai vous en parler des heures, mais je me limiterai à vous avertir que c’est parfois un peu trash, et qu’Olivier Perret a donné vie à deux héros qui ont une « gueule », à une galerie de personnages secondaires d’une grande richesse qu’ils soient anonymes ou presque (j’adore les Dupont et Dupond version Tarantino), voire connus de tous ( même si je ne les ai pas tous identifiés, merci d’ailleurs d’avoir collé un trombinoscope en fin de volume).
Je ne peux que vous conseiller ce moment de lecture jubilatoire.
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Petitgolem13
Mais vas-tu avoir autant de visites que sur ta chronique sur l’odyssée évolutive ? Un coup de cœur ?
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Oui certainement. Il est d’ailleurs temps que je mette mes coups de coeur à jour.
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En tout cas, tu m’as donné envie de m’intéresser à cette BD !🥰
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