Scénario : Aurélien Ducoudray
Dessin : Mini Ludvin
Couleurs : Mini Ludvin
Éditeur : Dupuis
144 pages
Date de sortie : janvier 2023
Genre : docu-fiction
Alchimie parfaite entre la caresse du dessin de Mini Ludvin
et la claque du scénario d’Aurélien Ducoudray.
Présentation de l’éditeur
Nord de l’Irak. De nos jours. La jeune Zéré vit dans son petit village yézidi, minorité persécutée par Daech. Adorée par son père, très complice de sa cousine, elle mène une adolescence presque normale malgré la présence toute proche des djihadistes. Mais tout dérape lorsque ces derniers la kidnappent afin de la vendre comme esclave. Pendant ce temps, un mystérieux épicier, dans son arrière-boutique, semble se livrer à un bien étrange commerce…
Mon avis
Voilà une curieuse alchimie qui fonctionne drôlement bien ! La douceur du dessin de Mini Ludvin (Le Grimoire d’Elfie) et le réalisme dur de la fiction historique d’Aurélien Ducoudray (à coucher dehors ; camp poutine ; les chiens de Pripyat ; Maïdan Love…) pour évoquer un drame dont vous avez peut-être vaguement entendu parler il y a quelques années, à l’époque où Daesh faisait quotidiennement la une des journaux. les Yézidis, ça vous parle ? Une communauté Kurde vivant au nord de l’Irak persécutée, entre autres, par les fous islamistes de Daesh qui les considèrent comme des adorateurs du diable.
Zéré et sa famille mènent une vie normale dans leur petit village. Ils vivent leur religion dans la paix aux côtés de musulmans normaux qui eux aussi n’aspirent à rien d’autre qu’à la paix. L’arrivée de Daesh bouleverse tout et plonge le village dans le chaos. La jeune Zéré est enlevée et vendue comme esclave sexuelle à des dignitaires de Daesh. L’épreuve va renforcer le sentiment de rébellion de la jeune fille.
Ne vous fiez pas à ce dessin de style cartoon. Malgré un début d’histoire très paisible reflétant l’insouciance d’une vie normale et les préoccupations d’adolescentes amoureuses, ce que raconte Aurélien Ducoudray est grave et terrifiant. C’est la persécution organisée et systématique de toute une communauté par un groupe d’individus animés par une idéologie mortifère et meurtrière. L’immersion au sein de cette famille Yézidie du point de vue des adolescentes est totale et l’insouciance du début laisse vite la place à l’effroi et à la compassion. Finalement, la douceur proposée par le dessin de Mini Ludvin permet de raconter l’indicible sans trop choquer le lecteur et de le maintenir en éveil sur l’information principale, ici, la persécution d’un peuple.
Voilà un titre fort, documenté, qui aborde avec intelligence un sujet encore d’actualité.
Loubrun
C’est vrai que le dessin a l’air tout mignon et qu’on y parle d’une tragédie .
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