L’impudence des chiens

Scénariste : Aurélien Ducoudray
Dessinateur : Nicolas Dumontheuil
Editeur : Delcourt
Genre : Humour, Historique
Sortie : le 31 août 2022

« Le lit conjugal sera sans coup férir le champ de bataille du siècle à venir »

Avis de l’éditeur :

Le Comte de Dardille est dans un bel imbroglio judiciaire ! Sa femme, Amélie de Figule l’accuse de renâcler à la besogne. Elle réclame donc le divorce et la moitié de sa fortune.

Mon avis :

Tout démarre quand un moine catholique, de passage dans un petit village, fredonne le classique « Au clair de la lune, mon ami Pierrot ». Mais plutôt que d’y dénicher une plume ou une chandelle, le brave homme se retrouve dans une chaumière à califourchon  à s’occuper de la tenancière. La messe est dite et cela dés l’entame de ce titre. Nous voici plongé en période où les seigneurs et les gentes dames se font la cour, avec du verbe, du style, parfois de l’ironie, souvent grimaçant avec humour burlesque et fantaisiste.

L’impudence des chiens est narré durant le siècle des lumières, mettant en relief trois protagonistes distincts, à savoir : Le Comte François de Dardille, son épouse la belle Comtesse Amélie de Figute et, non des moindres, le Marquis. Marquis qui, d’ailleurs, se retrouve vivement convié chez le Comte de Dardille, lui apprenant que sa femme lui réclame 50% des Terres et des propriétés si et seulement si, ce dernier échoue au Congrès à l’épreuve éprouvante dans laquelle il doit prouver son ardeur sexuelle à la vue de Dieu…

Une épouse affriolante et désirable sauf aux yeux de ce cher Comte, incapable d’entrevoir le moindre désir à son égard. Que faire si ce n’est faire appel au Marquis… qui va le pousser (pour son bien) dans les plus grands bordels afin de soigner ses pannes et sauver tant bien que mal son couple.

Aurélien Ducoudray livre ici une belle salve, jonglant sur différents fronts. L’époque de Molière et ses rimes solennelles, les gens de la haute société et leurs blessures profondes. Telle une pièce de théâtre complexe mais enjolivée, nous parcourons un manuscrit littéraire où de grands auteurs emplissent encore des siècles plus tard nos bibliothèques de par leur saveur et leur style du détail. Le tout romancé, avec talent et ingéniosité pour permettre au Comte de Dardille de s’épanouir sexuellement.

Quoi de plus naturel dans ce cas, que de tester ses compétences avec des femmes frivoles, provenant des bordels les plus luxueux du Paris d’époque. Jupons, porte-jarretelles et bas de soie, mais pas seulement puisque la matrone des lieux implique et exhorte ses filles à se déguiser ou à ne porter que le strict minimum.

Mais à juste titre, comme chacun s’en doute, le Congrès aura bel et bien lieu ; dans un suspense à toute épreuve, livrant le couple aux amours, à la vue de tous, spectacle qui rameute les foules et permettra peut-être au Comte d’esquiver une honte mémorable.

La touche graphique signée Nicolas Dumontheuil sied au cadre dans une adéquation bilatérale. Jouant volontairement la carte de l’humour, les faciès grivois et déstructurés des protagonistes avancent au rythme de la partie. Les moustaches taillées, les perruques bouclées, et les costumes des courtisans de la haute sont reproduits comme on se l’imagine, avec style et faits sur mesure. Les dames de la cour, tout comme les prostituées de luxe, affichent certes des traits vulgaires mais témoignent de grâce sans complexe.

Un titre ovni qui permet de se détendre loin des terrains connus, sans relativement se prendre au sérieux, énonçant une période de l’histoire sous sa forme la plus câline et jouissive.
Coq de Combat