Bunker

Scénario et dessin : Camille POULIE
Editeur : DUPUIS
Collection : « Les Ondes Marcinelle »
144 pages – cartonné
Parution : 7 octobre 2022
Tranche de vie

En un an, Jessica a changé. Garçon manqué aux cheveux hérissés et courts, aux épaules carrées et à l’énorme poitrine aplatie sous un survet de caillera, elle retrouve Antoine et Bozo, ses camarades de vacances qu’elle n’a pas vus depuis l’été précédent. Ensemble, ils élisent quartier général dans un bunker abandonné. À l’intérieur de cet espace clos, le petit groupe traîne, fume, se bat, s’invente des histoires, se disloque et se ressoude. Les rapports de hiérarchie et de genres se cristallisent, le monde extérieur s’impose par ses normes. Leur sexualité en ébullition complique leurs relations. L’été fini, ils auront changé et repartiront en laissant derrière eux une campagne en pleine mutation.

Entre survêtements satinés, Livres dont vous êtes le héros, années Chirac, premières clopes et éveils sensuels, une chronique d’adolescence à l’os, mais où affleure à chaque instant la justesse d’une stupéfiante émotion.

Une nouvelle collection de « BD sociale », « Les ondes Marcinelle », prend forme chez Dupuis avec ce deuxième titre. Camille Poulie nous emmène sur la côte picarde pour suivre un groupe d’ados. Oisiveté, foot, mode capillaire déliquescente, concours de longueurs de bites, bagarres : leur vie quotidienne semble bien enfoncée dans une médiocrité culturelle sidérale qui manque cruellement de saveur. Pour ce petit groupe de jeunes déjà socialement déclassés, la découverte et l’exploration d’un bunker allemand de la seconde guerre devient le terrain de jeux de tous leurs fantasmes.

S’il n’y a pas vraiment de récit construit autour d’une intrigue, on plonge pourtant dans un univers tout en nuances , en suggéré, en non-dit. Le dessin est brut, avec quelques collages, proche parfois d’une esthétique punk. Cette esthétique formelle est bien dans le ton de l’ensemble, proche du reportage en immersion dans un monde d’introspection qui semble sans lumière ni espoir.

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