Intraitable T5

Scénario : Choi Kyu-Sok
Dessin : Choi Kyu-Sok
Éditeur : Rue de l’échiquier BD
Date de sortie : 7 juin 2022
224 pages
Genre : Chronique sociale

« Vous n’aimez pas vous battre, mais vous détestez encore plus fuir. Fuir c’est reconnaître qu’on a tort. Ou plutôt que les autres ont raison. »

Présentation de l’éditeur

Au début des années 2000, la crise financière et économique marque profondément la société coréenne. Dans ce contexte douloureux, un militant syndical à la fois idéaliste et pragmatique, le charismatique Gu Go-shin, mène des combats difficiles mais nécessaires à la tête d’une petite agence-conseil de défense des travailleurs. Son chemin croise celui d’un jeune cadre d’une grande rectitude morale, Lee Soo-in, récemment entré dans la grande distribution après un passage dans l’armée. Révolté par les pratiques détestables de son nouvel employeur, un puissant groupe français récemment implanté en Corée, Lee va choisir de s’y opposer, avec le concours du providentiel Gu…

Mon avis

Cher lecteur(-rice) Sambadesque, toi qui as lu ou suivi les quatre premières chroniques ou les deux (dans tous les cas tu es indéniablement une personne de goût), sache que la fin approche. Mais quel suspense ! Quelle tension ! Quelle dramaturgie !

Les dirigeants des Fourmis jouent la carte du pourrissement du conflit qui les oppose aux salariés du rayon alimentation du magasin. La pression monte petit à petit, la grève qui apparait comme l’ultime solution pointe doucement le bout de son nez, avec ses enjeux, les craintes et les tensions qu’elle apporte.

Avec le recul, je trouve que le scénario de Choi Kyu-Sok, au-delà du contenu de l’intrigue, vaut par le rythme qu’il impose. Il n’y a (presque) jamais de moment de détente, tout tourne autour du professionnel. On en apprend d’ailleurs plus sur la vie personnelle de M. Lee, vie personnelle qui a été mise de côté car apparaissant comme un frein à l’évolution professionnelle de ce dernier. Mais ce rythme, où tout est à la limite, apparait comme figé par la venue inexorable et irréversible d’un drame, d’un accès de violence. Donc, tout comme les personnages, le lecteur subit littéralement cette tension permanente et ces rebonds.

De nouveaux personnages apparaissent, d’autres disparaissent ou sont mis de côté, comme en réserve. Que tu te sentes concerné(-e) ou non par le quotidien des luttes syndicales, l’amoureux(-se) de bande-dessinée que tu es ne peut qu’être captivé(e) par Intraitable. Difficile de rester insensible face aux injustices, à l’exploitation, les intimidations, les remarques sexistes et misogynes, la violence, LES violences exercées et/ou subies par ses personnages.

Et comme d’habitude le cliffhanger est un petit modèle du genre. Quel talent.

Petitgolem13