Les Filles de Salem (réédition)

Auteur : Thomas Gilbert
Éditeur : Dargaud
200 pages
Date de sortie : 21 septembre 2018 (réédité en juin 2022)
Genre : historique

« Quel enfer ? Celui de ne pouvoir marcher la tête haute ? L’enfer d’être jugée pour ce que je ne suis pas ? L’enfer d’être née femme à Salem ? Mais j’y suis déjà en enfer ! L’enfer c’est ce village hypocrite ! »

Présentation de l’éditeur :

Une plongée passionnante et terrifiante dans l’univers étriqué et oppressant de la colonie de Salem, en Nouvelle-Angleterre, au 17e siècle. Un village dont le nom restera tristement célèbre pour l’affaire dite des « Sorcières » qu’Abigail nous raconte, elle qui, à 17 ans, fut une des victimes de l’obscurantisme et du fanatisme religieux à l’œuvre. Tout commence quand un jeune garçon lui offre un joli petit âne en bois sculpté…

Mon avis :

Loin d’être fidèle aux faits avérés de cette triste affaire, Thomas Gilbert plante, néanmoins, les différentes raisons qui ont poussé un pasteur à prêcher contre ses fidèles. En effet, d’entrée de jeu : il y a un problème de protagonistes. La jeune Abigail jouant régulièrement avec la fille du pasteur, Betty Parris, n’est pas miss Hobbs mais mademoiselle Williams. Ensemble, elles folâtrent dans les bois, s’essaient à la divination avec un blanc d’œuf, apprennent au côté de Tituba, la servante des Parris… Mais, sans doute pour maintenir Abigail Hobbs au cœur du récit, était-il préférable de la faire amie avec Betty jusqu’au moment où elle retrouvera sa place d’accusée !

L’important dans « Les Filles de Salem » est de mieux comprendre le contexte dans lequel elles vivaient, sans s’attarder sur le fait que des hommes ont également été arrêtés et pendus pour sorcellerie parmi les 19 condamnés mentionnés ici. Cette œuvre se veut donc contextuelle et féministe. Des couleurs glauques, des visages grossiers, à la limite de la carricature et des représentations sataniques : voilà comment l’auteur emballe le lecteur. Avec une jeune femme en tête de proue, Abigail Hobbs, pour dépeindre la vie à Salem Village.

En cette année 1692, les récoltes sont mauvaises. Plusieurs fermiers se plaignent que le seigle est rempli d’ergots (substance pouvant être hallucinogène en trop grande consommation). Sans compter que ce village isolé est souvent assailli par les autochtones des environs – des tribus indiennes. Il n’en faut pas beaucoup plus pour chercher le réconfort quelque-part : soit dans la prière, sous le joug du charismatique pasteur Parris, soit dans la beuverie dans la seule taverne du village.

Il n’en faut pas beaucoup plus pour lancer les discordes, attiser les rumeurs et atteindre le point de non-retour ! Des centaines de femmes accusées de sorcellerie, un procès interminable, des secrets honteux, des actes inavouables… et des innocentes martyrisées, torturées, violées et finalement assassinées. Alors certes, les faits dépeints par Thomas Gilbert ne sont pas tous exacts, mais l’idée générale y est bien présentée et amène une meilleure compréhension sur cette tragédie humaine.

ShayHlyn.

PS : Et voilà qu’en faisant cette chronique pour la réédition de cette œuvre, je découvre qu’elle fut chroniquée en son temps par JR, ici 😉