Scénario : Matthias Lehmann
Dessin : Matthias Lehmann
Éditeur : Steinkis
Date de sortie : 17 avril 2022
464 pages
Genre : Histoire Vraie
« J’avais renoncé. Mes désirs les plus intimes ne pouvaient être assouvis qu’à un prix bien trop élevé. Et même leur assouvissement me paraissait vain. »
Présentation de l’éditeur
Karl Kling adresse une lettre à sa fille, Hella, afin de lui présenter l’étranger qu’il fut pour elle. Ses mariages ratés, ses relations familiales difficiles… Et une révélation, celle de son amour pour les hommes. De l’après-guerre aux années 1980, Une vie en Parallèle suit les efforts déployés par Karl pour répondre aux normes bourgeoises et vivre son homosexualité en secret. Ce n’est pas seulement le portrait d’une vie tiraillée entre adaptation et rébellion, ce roman graphique dresse aussi le panorama d’une société allemande dans laquelle l’homosexualité est proscrite et punie jusqu’en 1994. Matthias Lehmann raconte avec force le prix d’une vie parallèle, payé par Karl Kling et par ses proches, et le courage de s’ouvrir enfin malgré toutes les résistances.

Mon avis
Reinhard Kleist, auteur de bande-dessinée allemand a, en plus d’avoir fait un album sur Nick Cave (petite digression), écrit une très belle préface que j’aurais pu vous recopier tant elle est bien écrite et reflète globalement ce que j’ai pensé de ce pavé de 464 pages. S’il n’est pas question de me laisser aller au plagiat, j’en reprendrai néanmoins quelques éléments.
Lire Une vie en parallèle c’est découvrir Karl Kling, homosexuel, et le voir exister et évoluer dans une société hétéronormée.
L’auteur, Mathias Lehmann dresse le portrait d’un homme torturé par ses doutes, ses désirs, ses sacrifices, ses remords, ses regrets, sa culpabilité. Le dessin est assez épuré, les contours sont parfois flous, presque inachevés, dans des tons de gris dominants. L’histoire est longue mais jamais ennuyeuse, son intérêt réside avant tout dans la complexité et les contradictions de son personnage principal qui ne semble jamais pouvoir trouver une paix intérieure. Les personnages secondaires ont eux aussi une place prédominante, ils sont à la fois acteurs ou victimes d’une société de rejet et intolérance. Karl est un homme plutôt taciturne, qui recherche souvent la solitude, qui fuit son quotidien familial. Si son éloignement avec sa fille Hella est mis au premier plan de l’intrigue, j’ai trouvé que sa seconde épouse, Lieslotte, était remarquable à bien des égards. Celle-ci souffrira, en victime collatérale, des luttes introspectives de Karl, et d’une condition féminine dans une société hautement patriarcale.
Une vie en Parallèle est un récit tiré d’une histoire vraie. La richesse de ses personnages et les drames qui vont naître de leurs rencontres sont d’une grande authenticité. Sa lecture témoigne d’une réalité passée mais malheureusement non révolue. Le fait qu’une ministre française parle, en juillet 2022, de « ces gens-là » montre que beaucoup de chemin reste encore à parcourir.
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Petitgolem13
Un titre à mettre en parallèle avec la chronique précédente de Jeanne sur le même thème visiblement. Une journée LGBT sur SambaBD !
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Je me suis fait la même réflexion (reste plus qu’à les associer à tes livreurs de BD !… pardon pour cette mauvaise blague !😔).
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